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« Un geste de mépris envers la région »

Pas moyen de déposer son rapport et ses documents d’impôt
Le député Maxime Blanchette Joncas lors d’une conférence de presse devant l’édifice du 180, de la Cathédrale, l’an dernier. (Photo: courtoisie)

Les citoyens de Rimouski et de tout le Bas-Saint-Laurent sont privés d’un service jugé minimal par le député fédéral Maxime Blanchette Joncas depuis maintenant trois ans.

Le représentant de la circonscription de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques a carrément l’impression de se faire « niaiser » par sa collègue ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier. Depuis un an, il en est à cinq démarches officielles pour tenter de récupérer le site de dépôt de documents d’impôt qui était auparavant accessible au grand public et gratuitement. Cette boîte de dépôt était située à l’édifice du 180 avenue de la Cathédrale.

Cet édifice qui abritait auparavant des bureaux du gouvernement fédéral a été acheté par l’homme d’affaires Olivier Berthiaume en septembre dernier. Mais avant le déclenchement de l’alerte sanitaire, c’était un édifice fédéral où on pouvait aller déposer ses documents d’impôt. Le service a été interrompu par la crise sanitaire. Monsieur Blanchette Joncas intervient sur ce sujet depuis un an. Il n’a obtenu que des réponses évasives.

Le député bloquiste Maxime Blanchette-Joncas (Photo courtoisie Chambre des communes)

51 sites de dépôt

« Rimouski faisait partie des 51 sites de dépôt de documents au pays. Ces 51 sites ont été fermés en raison des contraintes hygiéniques de la crise sanitaire. Curieusement, 34 ont repris du service. Sur les 17 sites qui demeurent fermés, on en retrouve cinq au Québec : Rimouski, Québec, Trois-Rivières, Rouyn-Noranda et Brossard. Après avoir fait valoir il y a un an que la crise sanitaire était bien terminée, je dois toujours revenir à la charge. J’en suis à cinq interventions en un an auprès du bureau de la ministre et on me dit à peu près n’importe quoi, mais toujours pas de réouverture. Le fédéral est mêlé comme une boîte de clous », déplore monsieur Blanchette Joncas.

Sur le site Internet de l’Agence de Revenu du Canada, les mots « en attente » sont inscrits à côté des adresses des sites de dépôt de document qui sont toujours fermés, les autres sont affichés « ouvert ».

Pour le principe

« Des fonctionnaires se rendaient au 180 de la Cathédrale récupérer les documents déposés par des citoyens pour ce service gratuit. Ils les transmettaient au centre de traitement fiscal le plus près. Je ne sais pas si cela représente des dizaines, des centaines ou des milliers d’utilisateurs, mais pour moi, c’est une question de principe. »

« Que ce soit pour un ou pour 10 000 utilisateurs, c’est un service gratuit auquel tous les citoyens sont censés avoir droit. Les services à la population fédéraux sont importants pour les gens en région. Il n’y a aucun autre site de dépôt de ce genre dans toute la région », signale monsieur Blanchette Joncas.

Pourtant, au Québec…

« Depuis plus d’un an, j’ai fait plein de démarches. Au début, au bureau de notre ministre qui n’est pas tellement loin, en Gaspésie, on m’avait mentionné n’avoir aucun plan pour la réouverture du site de dépôt de Rimouski. Je veux bien comprendre qu’on avait pris des précautions légitimes à l’époque, mais là, encore une fois, le gouvernement fédéral coupe des services sur le dos de la pandémie. C’est assez particulier, car j’ai pris soin de comparer ce qui se fait par le gouvernement du Québec et Revenu Québec a maintenu ses bureaux en fonction pendant toute la crise sanitaire. »

Plus contagieux au fédéral?

« Alors, j’ai questionné le gouvernement avec humour en avril 2022: « Est-ce que le virus se propagerait davantage sur les documents fédéraux? » Je n’ai pas eu de réponse. J’ai vu et je vois encore constamment des gens qui cherchent l’endroit pour déposer leurs documents. Tout le monde n’est pas à l’aise avec l’idée de faire et de transmettre son rapport d’impôt et ses documents par Internet. Des gens m’ont contacté pour m’en parler, au bureau. Ce sont des clientèles vulnérables, dont des aînés, qui sont pénalisées. J’ai même entendu parler de dirigeants de PME pour qui c’était un service essentiel », rappelle le député.

Réouverture possible?

« J’ai parlé à des gens du ministère. On m’a dit qu’il n’y avait aucun plan de réouverture. J’ai demandé un plan d’action par la suite. En début d’année, j’ai relancé l’équipe de madame la ministre. Je leur ai rappelé que la période des impôts s’en venait. Le 30 janvier, j’ai reçu un message du conseiller régional de madame la ministre qui m’a mentionné qu’elle avait ordonné la réouverture des sites de dépôt. « Dans quelques semaines si tout se déroule conformément au plan. » Or, rien n’est encore fait et on approche de la date limite pour faire ses impôts », poursuit-il.

Relance

« Je viens, le 6 mars dernier, d’aviser la ministre, son chef de cabinet, le secrétaire parlementaire que je relance le dossier. Je leur demande encore une fois de nous fournir une date de réouverture du site de dépôt de Rimouski. Je n’ai plus aucun son, aucune image de leur par, malgré cinq interventions depuis un an. Mon constat en est un d’incompétence. »

« Comment expliquer que les citoyens canadiens peuvent voyager aux quatre coins de la planète de nos jours, que le gouvernement a été capable de rétablir les voyages après la pandémie, mais qu’on est impossible de prendre une boîte et de l’installer en façade d’un bâtiment fédéral et de desservir correctement les contribuables? Je comprends mal comment c’est impossible dans un ministre de poser une directive aussi simple. On ne demande pas de réinventer le système! », tranche Maxime Blanchette Joncas.

Diane Lebouthillier (Photo: courtoisie, Chambre des communes)

La ministre devrait comprendre

« Il y a des limites à ne pas considérer un élu qui fait son travail, qui essaie de préserver des services pour ses concitoyens. S’il y a une personne qui est bien placée pour comprendre l’importance des services fédéraux en région, il me semble que ce devrait être la ministre LeBouthillier, qui représente la Gaspésie. La seule réponse dont on peut présumer, c’est que les services fédéraux en région ne sont pas une priorité pour la ministre. On l’a vu avec le transport régional; on n’a aucune réponse, aucune action, aucune considération. C’est ni plus ni moins que du mépris envers notre région. »

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