Rituels pour la Terre
La chronique de Laetitia Toanen dans le cadre de la journée de la TerreJe viens de lire un texte qui m’a fort émue. On y parlait du culte de la grande Déesse, du pouvoir des femmes, du soutien des hommes, de cette danse de la complémentarité, des célébrations honorant le vivant, du lien qui nous unit à la Terre, du cercle de vie.
De nombreux frissons se sont emparés de moi, comme si quelque chose m’était rendu, comme si quelque chose me chuchotait que cette grande Déesse nous parlait encore, vivait encore en nous et que quelque chose continuait d’infuser.
Le samedi 22 avril, est le jour de la Terre
Partout dans le monde auront lieu des discours, des rassemblements, des célébrations, des rituels, des offrandes … ou pas.
Des gens de différentes cultures enfileront leurs habits traditionnaux, feront teinter leurs instruments, se déplaceront en procession dans les forêts, le long des cours d’eau ou au sommet des montagnes… ou pas.
Certains chanteront, danseront, prierons, revendiqueront … ou pas.
D’autres iront accueillir le Soleil à son levé, dresser un autel aux abords d’une rivière, déposer une offrande au pied d’un arbre… ou pas.
Certaines femmes offriront leur sang menstruel à la Terre, d’autres creuseront d’immenses trou dans lequel elles déposeront de nombreuses victuailles afin de la nourrir, alors que d’autres retirerons leur chaussures pour simplement marcher pieds nus … ou pas.
Des enfants auront préparé un spectacle, une petite pièce de théâtre, se déplaceront en farandole, ou réciteront un poème… ou pas.
Des municipalité offriront des arbres, des graines, des cabanes à oiseaux ou chauve-souris… ou pas.
Ou pas … parce que le temps presse, parce que l’on oublie.
Parce que l’on oublie que Grande Déesse ou non la Terre est notre Mère.
Parce que l’on oublie le lien qui nous unit à elle.
Parce que l’on oublie de prendre soin de la relation entre elle et nous.
Parce que l’on oublie que sans la Terre nous ne sommes rien.
Parce que l’on oublie que tout le mal que nous lui faisons c’est du mal que nous nous faisons à nous aussi.
Parce que l’on oublie de s’arrêter.
Parce que l’on oublie de s’arrêter pour regarder, observer, tendre l’oreille, respirer, goûter, sentir.
Parce que l’on oublie la Beauté de la vie.
Le miracle de mettre une graine en terre qui deviendra arbre et donnera des fruits.
Le miracle d’incroyables éco systèmes nous rappelant la finesse des relations.
Le miracle de tous ces remèdes, plantes médicinales et autres possibilités d’accompagnements et de guérisons
Le miracle de la cyclicité, du renouvellement, de la complémentarité, de la régénération
Parce que l’on oublie de s’arrêter pour dire Merci.
Merci d’être en vie.
Merci d’être nourris.
Merci d‘être supportés, d’avoir tout à portée de main
Parce que l’on oublie la Beauté de la vie et qu’on la prend pour acquis.
Parce que l’on oublie que d’abord et avant tout nous sommes des enfants de la Terre.
Alors samedi si le cœur vous en dit, je vous invite à vous arrêter.
Vous arrêter un court instant ou un plus long moment.
Et vous relier à la Terre, comme bon vous semble, sans protocole, sans chichi ni fla fla, simplement avec votre cœur, avec votre corps, avec votre âme.
Vous pourriez y aller d’un chapelet de gratitude, d’un grand feu de joie sur lequel faire cuire le repas, de quelques graines enfouies dans le sol, d’une offrande aux oiseaux, d’un chant transporté par le vent, d’une prière à la rivière.
Vous pourriez inviter vos proches à une marche en forêt, au bord du fleuve ou dans un par cet en profiter pour créer un mandala de feuilles et de branches, de bois flottés et de coquillages, en guise d’offrande.
Vous pourriez confectionner un gâteau à partager dans la conscience de chacun des ingrédients; imaginer la petite graine de blé en terre et tout son cheminement jusqu’à devenir farine, la vie de la vache qui a donné le lait pour le beurre, la beauté des plumes des poules qui offrent leurs œufs, la verticalité et la souplesse incroyable de la canne à sucre, et la cabosse si belle et si onctueuse en son intérieure qu’est celle du chocolat.
Vous pourriez faire ce voyage qu’au creux de la terre, jusqu’au creux de vous afin de voir et dire merci à tout ce qui d’ordinaire est pris pour acquis.
Vous pourriez danser sous la pluie ou écrire au soleil, caresser votre chat ou aller marcher avec votre chien dans la gratitude et la reconnaissance de pouvoir partager de telles relations.
Vous pourriez dédier cette journée ou un petit moment de celle-ci à vivre de façon connectée. Connecté à la Terre. Vos pieds sur le sol, vos poumons remplis d’air, vos yeux pleins de Beauté, votre tête au ciel, votre cœur battant ressentant la vibration du lien au vivant.