Catherine Fournier partage son expérience
La victime d'Harold LeBel était l'invitée de Guy A. Lepage à Tout le monde en parleLa mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, était à Tout le monde en parle, dimanche soir, pour discuter du processus judiciaire qu’elle a vécu en dénonçant son agresseur, l’ex-député de Rimouski, Harold LeBel.
Beaucoup d’encre a coulé au sujet de ce dossier depuis la levée de l’ordonnance de non-publication qui était en vigueur jusqu’au 18 avril.
Le passage de la jeune politicienne à l’émission de Guy A. Lepage lui aura permis de partager comment elle a vécu le procès à Rimouski et comment elle réagit face aux propos tenus sur les ondes de deux radios, dont CFYX FM 93, la semaine dernière.
La présence médiatique de son agresseur
Catherine Fournier parle entre autres de la façon dont Harold LeBel est demeuré très présent dans la sphère médiatique régionale, malgré les accusations portées contre lui. La mairesse y voit une occasion pour l’Assemblée nationale de revoir sa façon de faire.
« Un député, c’est quand même une fonction très significative dans notre société, qui doit être exempte de tout soupçon. Et c’est important de le dire, des accusations criminelles sont portées au terme d’un long processus d’enquête qui peut s’étirer sur plusieurs mois. Par la suite, il y a des avocats du DPCP qui jugent s’il y a une perspective raisonnable de condamnation. C’est-à-dire qu’ils croient être capable de convaincre de la culpabilité d’un accusé. Donc, ce sont des accusations quand même sérieuses. »
« Dans certains corps professionnels, notamment les policiers, lorsqu’il y a des accusations criminelles, on suspend avec salaire, alors je crois que c’est une belle occasion pour l’Assemblée nationale de se pencher sur la question – et évidemment je ne leur souhaite pas que d’autres députés fassent l’objet d’accusations criminelles dans le futur, mais il semble qu’il devrait y avoir un protocole, parce que dans ce cas-ci, il n’y en a pas eu. Il y a même des spécialistes en éthique qui avaient soumis le fait qu’il faudrait que monsieur LeBel demeure très discret, mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Il a continué d’intervenir régulièrement, surtout dans les médias locaux et régionaux, en tant qu’élu, alors même qu’on préparait un procès devant jury dans sa région. »
Faire face au fan-club de son agresseur
Madame Fournier aborde également au cours de l’entrevue le fait qu’elle a du non seulement affronter son agresseur en cour, mais aussi son fan-club, tout en devant livrer un témoignage loin d’être évident.
« C’est une expérience que je ne souhaite à personne. Je me dis, même moi qui a la capacité de m’exprimer, qui est même habituée de parler en public et qui est habituée de répondre à des questions difficiles, je me disais que je partais avec une grosse avance en comparaison à d’autres victimes. »
« J’essayais toujours d’avoir ça en tête et malgré tout, c’est tellement stressant de le faire. Les enquêteurs et les gens qui t’accompagnent te disent que tu dois aller dans les détails et là tu dois regarder tout le monde. Parce que les 14 jurys, il faut un peu les convaincre de notre crédibilité et de notre sincérité. C’est vraiment spécial et c’est fait dans une salle qui au final, est bondée de gens qui soutiennent l’accusé parce que ça se déroule dans son milieu. C’est un choix que j’ai fait, j’ai préféré y aller seule, mais c’est une expérience qui est particulière. »
L’importance de s’informer
Finalement, la controverse entourant les propos tenus sur deux stations de radio, notamment CFYX FM 93 de Rimouski, a été soulevée durant l’entrevue.
« Ça me dit que nous avons encore du chemin à faire, malgré que sur les réseaux sociaux, j’ai reçu tellement une grosse vague de soutien et je tiens à le souligner, mais manifestement, il y a encore de l’éducation à faire. Le seul responsable d’une agression sexuelle, c’est celui qui agresse. »
« Il y a une responsabilité, quand on a un micro entre les mains. J’ai parlé avec Simon Tremblay [de l’autre radio au Saguenay] et je lui ai expliqué les conséquences que ça peut avoir de banaliser autant. Pas juste sur moi, sur toutes les personnes victimes d’agressions sexuelles. Il m’a répondu et il avait l’air sincère, mais je trouvais ça quand même parlant. Il m’a dit : ah, mais je n’avais pas toutes les informations, par la suite j’ai écouté le documentaire et après je suis allé lire sur ce qui t’était arrivé. Parce que je n’ai pas dit oui, mon refus était très clair. »
Madame Fournier poursuit. « C’est un peu le constat que j’ai fait, même pendant le procès, parce que ça dure des heures, des jours. Il y a de petits articles qui sont publiés. On ne peut pas tout savoir en lisant l’article et il faudrait encore au moins les lire avant d’aller commenter une situation. Ce sont des propos qui ont été rapportés dans les derniers jours, mais même pendant le procès et après le verdict, il y en a qui le faisaient. »