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Chasse et pêche

Perdrix : début de saison plus difficile pour la récolte

La végétation encore abondante ne facilite pas le repérage des oiseaux
Des chasseurs observent que les perdrix récoltées depuis le début de la présente saison sont petites. Le ministère de la faune ne peut confirmer que les oiseaux juvéniles vus et/ou récoltés seraient peut-être issus d’une deuxième couvée. (Photo journallesoir.ca- Ernie Wells)

La saison de la chasse de la perdrix semble avoir débuté en mouton cette saison, avec peu d’observations, sinon de rares couvées et de petits oiseaux récoltés qui selon leur grosseur, semblent issus d’une seconde couvée plutôt que d’une première nidification de début juin.

Sur le territoire de la Zec Bas-Saint-Laurent, comme chez sa voisine la réserve faunique de Rimouski, on observe beaucoup moins de Gélinottes à tête huppée que l’an dernier. Il est vrai que la végétation encore abondante ne facilite pas le repérage des oiseaux gibiers.

Devant ce constat, et des appels de chasseurs inquiets, j’ai demandé aux spécialistes du ministère québécois responsable de la petite faune, soit le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la faune et des Parcs, (MELCCFP), d’apporter un éclairage scientifique sur la situation.

Voici leurs réflexions sous forme de questions-réponses.

E.W – Cette année la récolte de la perdrix s’avère très difficile. Est-ce possible d’expliquer ce qui est passé ?

MELCCFP – Impossible, après une seule fin de semaine, et sur la base des observations des chasseurs, de poser un diagnostic sur l’état des populations de gélinottes huppées et le potentiel de récolte pour la saison à venir. Il faudrait non seulement disposer de données de suivi standardisées et avoir une série de données de quelques semaines.

Les populations de galliformes; gélinottes et tétras de Canada, fluctuent annuellement. Pour une même année donnée, l’abondance des populations, et donc le succès de chasse, est très variable dans l’espace. Peu d’études ont permis d’identifier avec précision les facteurs en cause, c’est une combinaison de plusieurs facteurs.

Passionné de petit gibier, le collègue et chroniqueur à « Rendez-Vous Nature », Jean Larivière, du quotidien Le Droit et expert conseil en chasse & pêche, conserve le sourire en quête de la « poule des bois ». (Photo courtoisie Jean Larivière)

Plusieurs études précisent que les effets de différentes variables peuvent influencer le succès de chasse annuel.

E.W – Est-ce que récolter les oiseaux de la seconde couvée, si tel est le cas, risque de miner les populations pour la saison 2024 ?

MELCCFP – Les conditions météorologiques locales peuvent agir sur la survie de certaines espèces de petit gibier et influencent le succès de chasse. Une corrélation positive entre le succès de chasse à la gélinotte huppée, et la température moyenne du mois de juin, précédent la saison de chasse, peut résulter à un succès de reproduction plus élevé lorsque la température en juin est plus élevée.

Aussi, le succès de chasse semble surtout conditionné par l’effort de chasse, que par des variables météorologiques. La qualité des habitats et la production annuelle de nourriture préférentielle, sont des variables importantes pour expliquer la production des juvéniles chez la gélinotte huppée et donc la densité de la population automnale.

Pour ces mêmes raisons, nous ne sommes pas en mesure de nous avancer sur la proportion des juvéniles qui sont issus d’une première ou d’une deuxième couvée.

Les connaissances acquises par le Ministère, notamment selon des observations de chasseurs en Gaspésie, indiquent que les couvées sont affranchies à partir de la troisième fin semaine de septembre. Des juvéniles issus d’une deuxième couvée pourrait s’affranchir plus tardivement.

Toutefois, à moins d’une situation catastrophique au moment de la nidification, ces juvéniles ne constituent qu’une faible proportion de la population automnale.

La chasse du petit gibier, dont la Gélinotte ou perdrix, demeure la porte d’entrée de la relève à la chasse sportive. (Photo journallesoir.ca- Ernie Wells)

À l’instar d’autres espèces animales, la récolte des femelles est susceptible d’avoir plus d’impacts sur la dynamique des populations, que la récolte des juvéniles, dont le taux de mortalité au premier hiver est élevé.

E.W – Assistons-nous a un cycle naturel, les changements climatiques y sont-ils pour quelque chose ?

MELCCFP – Les changements climatiques ne peuvent expliquer les variations annuelles dans les populations de perdrix. Leurs effets, s’il y en a, s’observent plutôt sur des tendances à long terme et ne peuvent donc pas expliquer les résultats de chasse obtenus au cours de la première fin de semaine de chasse.

Les amateurs de petit gibier noteront que la chasse est interdite lors des trois périodes de chasse de l’orignal arc-arbalète, arme à feu et arme à chargement par la bouche sur le territoire de la Zec Bas-Saint-Laurent.

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