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Lettre ouverte

TVA : 547 emplois « perdus », c’est normal?

Lettre d'opinion de Monique Côté de Rimouski
Le Groupe TVA a annoncé la suppression de 547 emplois partout au Québec. (Photo Getty Image)

L’annonce du Groupe TVA est tombée le jeudi 2 novembre. Il n’y a aucune surprise, le couperet était prévisible. Ce n’est ni une exception ni une anomalie dans une économie comme la nôtre. C’est son juste fonctionnement.

547 emplois coupés sauvagement, c’est simplement le capitalisme néolibéral, c’est le « lean management » par la robotisation, c’est le profit des actionnaires avant le bien commun, c’est le modèle d’affaire du corporatisme managérial, c’est la conséquence attendue de la marchandisation de l’information.

Bref, c’est sur ce modèle que sont bâtis nos «fleurons» québécois. Les emplois ne sont donc pas « perdus », c’est une conséquence prévisible du modèle d’affaire d’un conglomérat coté en bourse.

547 emplois supprimés pour favoriser les profits de l’entreprise. Il est important de rappeler que Québecor et Vidéotron figurent sur une liste d’entreprises enregistrées dans un paradis fiscal dans le but de réduire leur fardeau fiscal et de ne pas payer leur juste part d’impôt.

Ces magouilles comptables de l’empire à PKP affectent la société entière. Ces impôts détournés pourraient permettre la création de médias alternatifs, publics et décentralisés.

Les médias de masse et ses journalistes encouragent et encensent les « fleurons » et leur modèle économique qui mènent à des coupures et des restructurations managériales. Blâmer uniquement les GAFAM qui pompent les revenus publicitaires n’est pas honnête.

Avant les GAFAM, il y avait déjà des cancers qui rongeaient nos médias québécois comme leurs concentrations aux mains d’un petit groupe d’individus riches, leurs convergences dans les contenus, leurs subordinations aux annonceurs publicitaires.

L’édifice de TVA Est-du-Québec sur le boulevard Sainte-Anne à Rimouski (Photo Google Street)

Bref, cela fait des années que nous avons collectivement abandonné l’information à des intérêts privés.

Les journalistes et les personnalités médiatiques qui se désolent en ce moment, interrogeront-ils PKP à savoir pourquoi son empire est enregistré dans l’État du Delaware, aux États-Unis, qui est un paradis fiscal? Combien d’emplois en payent le prix?

Allons-nous légiférer contre le pouvoir démesuré de ce baron? Est-il possible de vivre en démocratie lorsque les citoyens-employés sont confrontés à des Goliaths?

Dans un modèle économique néolibéral comme le nôtre, oui, malheureusement, c’est normal 547 emplois charcutés.

Ce n’est pas gratuit

L’information gratuite n’existe pas, quelqu’un quelque part finit toujours par payer la facture. Le plus bel hommage que les journalistes pourraient offrir à leurs 547 collègues serait de dénoncer ce système néolibéral et les empires qu’il crée.

Ce modèle d’affaires qui privilégie les actionnaires n’est que trop rarement dénoncé par nos médias, en particulier TVA, qui affiche clairement ses couleurs néolibérales.

Alors, la complaisance des journalistes envers notre système économique est-elle l’artisane de 547 malheurs?

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