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Il y a 25 ans, Michel Germain perdait les trois femmes de sa vie

Résilient, le descripteur de l'Océanic a décidé de continuer de vivre
Michel Germain racontera comment il a surmonté les obstacles à la suite des décès de sa fille, sa conjointe et sa mère, en décembre 1998. (Photo journallesoir.ca- Alain Tremblay)

Le 15 décembre 1998, la vie de Michel Germain basculait à jamais. Un accident de la route lui arrachait sa mère Georgette Marin, sa femme Martine Fraser et sa fille de 9 ans, Jennely.

Cette terrible tragédie, survenue un mardi après-midi à Mont-Joli, demeure vive en mémoire. Les trois femmes revenaient de l’hôpital où Jennely avait séjourné pour des problèmes à l’intestin.

Puisque le descripteur de l’Océanic se trouvait à Québec pour décrire un match contre les Remparts, madame Marin se chargeait de raccompagner sa bru et sa petite-fille.

La distraction d’un conducteur a poussé leur voiture vers un camion semi-remorque. Elles n’ont eu aucune chance.

Depuis 25 ans, Michel rentre « dans ses terres » lors du dernier mois de l’année. Résilient, il a décidé de continuer de vivre.

« Dans mon cas, le mois de décembre, c’est récurrent. Si je pouvais prendre une pilule pour me transporter dans le temps, la prendre le 1er novembre et me réveiller le 1er janvier, ce serait bienvenu. C’est comme les dates d’anniversaire. Par contre, les deuils de ma mère, de ma femme et de ma fille, ce sont des deuils différents », racontait-il dans une entrevue accordée à Pierre Michaud du Journal Le Soir, en février dernier.

Toujours « bien vivante »

Si son parcours demeure inspirant et porteur d’espoir, Michel Germain dit puiser sa force dans sa fille, Jennely, toujours « bien vivante » à ses côtés.

La fille de Michel Germain, Jennely, est décédée dans un accident de la route survenu le 15 décembre 1998, en compagnie de sa mère Martine et de sa grand-mère, Georgette. (Photo courtoisie)

« Quand j’ai une décision à prendre pour quelque chose qui se veut porteur d’humanité, je prends cette décision avec Jennely. Je ne crois pas qu’il y ait une pire expérience humaine que de survivre à la chair de sa chair et au sang de son sang. Il faut devenir un alcoolique anonyme de la vie : c’est un jour à la fois. Il faut accepter qu’on n’en sera jamais complètement remis. On tombe, on se relève et on retombe », confie Michel.

Jennely continue de faire du bien autour d’elle grâce à la fondation qui porte son nom. Crée en 2019, elle lutte contre la malnutrition des enfants dans Rimouski-Neigette et la Vallée de La Matapédia.

Dès le départ, Michel a pu compter sur Sidney Crosby, Vincent Lecavalier, Brad Richards et la famille Tanguay pour soutenir ses premières actions, tout comme le conseiller financier Robert Gagnon.

« La mise sur pied de la Fondation s’est concrétisée au fil d’un long processus. L’idée d’en faire une fondation dédiée à lutter contre la malnutrition infantile m’est venue au bout d’une réflexion qui m’apparaissait importante; je voulais cerner ce qui caractérisait vraiment Jennely. Un jour, ça m’a frappé. Elle avait une empathie incroyable pour une enfant de son âge. Elle nous faisait toujours des réflexions sur ce que contenaient les boîtes à lunch de ses petits amis. Jennely déplorait qu’il arrive du mal aux autres », se souvient-il.

Survivre à ses enfants

« Dans le cas de mon deuil pour Jennely, c’est que la pire chose, c’est de survivre à ses enfants. Il y a quelque chose d’inconscient dans l’esprit de tout le monde. L’ordre naturel des choses veut que nos parents meurent avant nous et que nous mourions avant nos enfants. Mais pourtant, aux funérailles de Jennely, il y avait deux de ses arrière-grands-mères. Ça, ça ne marche pas. Il n’y a aucune mesure. Ma mère est partie à 60 ans. Elle est partie jeune, mais elle est décédée avant moi. Il y a là un certain sens. Pour Martine et Jennely, c’est différent », exprime Michel Germain.

Après la douleur, il a pu reconstruire sa vie et accomplir des défis constructifs en pensant aux trois femmes de sa vie disparues.

Michel Germain, à droite, sera toujours reconnaissant envers Maurice Tanguay. (Photos courtoisie)

« J’ai souvent dit que mon père, Maurice Tanguay et madame Castonguay, ma « psy », sont les trois personnes qui m’ont sauvé la vie. Madame Castonguay, je l’ai consultée pendant un an et elle m’en a dit des choses, des choses souvent extraordinaires, mais la plus belle chose qu’elle m’ait dite c’est : « Michel, la vie sera toujours plus forte que la mort ». La première fois qu’elle m’a dit ça, je ne sais plus si j’ai pensé à lui dire : va donc… Elle a vu dans mon visage que je n’étais pas d’accord, parce qu’à ce moment-là, dans mon esprit, la mort était la plus forte. Elle avait « gagné », elle avait emporté ma famille ».

Finir par comprendre

« J’ai fini par comprendre. Quand elle me disait que la vie est toujours plus forte que la mort, je me suis rendu compte que pendant une demi-heure, en conférence, je parlais du 15 décembre, de ce qui était arrivé lors de l’accident, de l’identification des corps à la morgue, du service funéraire. Pendant une autre heure et demie, je parlais de ma mère qui était comme ci et comme ça. De Jennely qui m’a fait regarder à peu près 80 fois le film « Rock ‘n nonne » avec Whoopi Goldberg. Et que Martine, elle, faisait ci ou ça. »

« J’ai fini par avoir un flash et je me suis dit : « voilà ce qu’elle voulait dire. » Le temps passe et quand je parle des filles, je vais parler bien plus des filles. Leur vie prend le dessus sur leur mort, parce que quand je parle d’elles, elles sont en vie ».

Francis Belzile, Michel Francoeur, Michel Germain et Martin Brassard ont pris la pose lors des retrouvailles des ex-employés de CFLP, le 21 mai dernier. (Photo Facebook)

La fameuse madame Castonguay a pris sa retraite et appelé Michel pour lui annoncer. « J’ai eu des frissons quand elle m’a dit que j’étais parmi les quatre personnes qui pourraient toujours l’appeler en cas de besoin, malgré la retraite », témoigne Michel Germain.

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