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Finance, économie et investissement

L’inflation au Canada en perte de vitesse

Le gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine chez Valeurs mobilières Desjardins, René Gagnon, discute de l’inflation au Canada.

L’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada, servant de mesure pour l’inflation, a été de 2,9 % pour janvier 2024 sur une base annualisée. Les prévisionnistes, qui s’attendaient à ce que l’inflation de janvier soit de 3,3 %, ont été grandement surpris. Explications.

Après avoir atteint 3,4 % en décembre 2023, l’IPC de 2,9 % pour janvier 2024 se retrouve maintenant dans la fourchette cible de 1 à 3 % de la Banque du Canada (BdC). L’essence a été un facteur important dans cette désinflation (réduction de l’inflation). Cette composante des prix est en baisse pour un cinquième mois consécutif avec une diminution marquée de 4 % en janvier.

Ce n’est que la deuxième fois depuis avril 2021 que l’IPC se trouve dans la fourchette cible. C’est une nouvelle encourageante pour les grands décideurs, qui sont en mesure de constater que l’inflation est en perte de vitesse, notamment en raison des nombreuses hausses de taux d’intérêt des dernières années. Quant à l’IPC total excluant les aliments et l’énergie, cette mesure a fortement ralenti pour s’établir à 2,4 %. 

Selon Jimmy Jean, économiste chez Desjardins, l’inflation des prix des produits alimentaires a chuté à 3,4 % alors qu’il y a seulement un an, elle était de 11,4 %. Fait cocasse à souligner, Statistique Canada a révélé que certains aliments sont en déflation (baisse des prix), comme le bacon (-8,4 %) et les crevettes (-3,4 %). L’inflation excluant la composante du logement est pour sa part en baisse à 1,5 %, soit au plus bas depuis près de 3 ans.

Les prix du logement ont cependant repris leur accélération en janvier, présentant une hausse de 6,2 % contre 6 % en décembre. Cela dit, la croissance des coûts du logement est le principal moteur de l’inflation à l’heure actuelle. Étant donné qu’une composante du coût hypothécaire est intégrée dans le calcul et que les taux d’intérêt sont en hausse, les hausses de taux visant à contrer l’inflation ont un effet non désiré sur la composante des prix de l’habitation.

Les hausses de taux augmentent l’inflation de la composante des prix de l’habitation, d’autant plus que les prix restent robustes étant donné que la demande surpasse nettement l’offre disponible. Plusieurs économistes sont d’ailleurs d’avis que les coûts du logement pourraient continuer d’augmenter.

Trois provinces canadiennes ont une inflation inférieure à 2 %, huit provinces ont une inflation égale ou inférieure à 3 % et la plus grande province, l’Ontario, a une inflation de 2,7 % (graphique).

Répercussions sur les taux d’intérêt

Il est logique de croire que l’inflation de janvier est un signe encourageant pour ceux qui espèrent une baisse des taux d’intérêt. En effet, les données sur l’inflation influencent les décisions de la BdC à l’égard des taux d’intérêt.

Il y a quelques semaines, le gouverneur Macklem de la BdC a déclaré que la politique monétaire avait besoin de plus de temps pour faire son travail. Selon Jimmy Jean, il y aura toujours une excuse pratique pour ne pas réduire les taux. Cependant, il mentionne que la BdC devrait avoir confiance dans l’efficacité de ses politiques. Ainsi, la conclusion logique serait qu’il est temps de cesser de causer davantage de dommages à l’économie.

Pedro Antunes, économiste en chef au Conference Board du Canada, est d’avis que la BdC attendra que la Réserve fédérale américaine réduise ses taux avant d’envisager une décision similaire au Canada.

Pour notre part, nous sommes d’avis que l’économie canadienne est beaucoup plus sensible aux variations de taux d’intérêt que l’économie américaine, notamment en raison du renouvellement des hypothèques beaucoup plus rapide au Canada qu’aux États-Unis et du niveau d’endettement des ménages canadiens. Malgré les nombreuses hausses de taux, l’économie américaine est somme toute encore robuste et les baisses de taux aux États-Unis pourraient se faire attendre davantage que prévu. Ainsi, nous croyons que le Canada baissera ses taux avant les États-Unis, mais que le nombre de baisses de taux d’intérêt au Canada pourrait être limité pour ne pas trop s’éloigner de la politique américaine. 

En effet, les taux d’intérêt exercent une influence sur le taux de change. Si les taux d’intérêt au Canada baissent drastiquement et que les taux restent stables aux États-Unis, le dollar canadien pourrait se déprécier. Bien que ce soit positif pour les exportations, qui deviennent moins dispendieuses, les importations deviennent quant à elles plus dispendieuses. Comme le compte courant (current account) du Canada est négatif actuellement, les importations au Canada sont plus importantes que les exportations. Ainsi, le Canada pourrait chercher à limiter la dépréciation de sa devise, donc vouloir éviter que ses taux d’intérêt se distancient trop de ceux des États-Unis.

Qui plus est, selon Veronica Clark, économiste chez Citi Financial, les baisses de taux ne sont pas attendues avant l’été afin d’éviter qu’elles relancent la demande pour les propriétés avant la saison des achats du printemps. En effet, une baisse des taux pourrait stimuler le marché de l’habitation et nous sommes donc en accord avec les propos de madame Clark.

En définitive, il est clair que des coûts d’emprunt plus élevés incitent à la fois les consommateurs et les entreprises à réduire leurs dépenses. Ainsi, l’inflation est en baisse. Pour les emprunteurs, les signaux d’une lumière au bout du tunnel sont bien présents, bien que cela n’arrivera pas nécessairement dès demain. Avec des baisses de taux potentielles, les entreprises pourront éventuellement reprendre les projets de grande envergure, qui nécessitent généralement du financement.

René Gagnon, FCSI, CIM, Pl. Fin.

Gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine

Valeurs mobilières Desjardins, Équipe René Gagnon

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