« Ne laissez pas votre zec devenir un parc motorisé »
Guillaume Ouellet, président ZEC-BSLTensions et inquiétudes montent chez les membres de la Zec Bas-Saint-Laurent, qui craignent l’invasion de motomarines sur leurs plans d’eau, en été et de motoneiges hors-pistes en hiver.
La pression vient de municipalités et d’associations diverses qui convoiteraient les territoires des zecs, afin de les convertir en parcs de sports motorisés.
Un usager de la ZEC-BSL dénonce d’ailleurs la présence incessante de motomarines sur un lac de pêche peu profond. Selon le pêcheur, la turbine de l’engin lancée à grande vitesse provoque de fortes vagues et la remontée de sédiments, brouillant l’eau et rendant la pêche impossible.
Des motomarines, interdites à l’intérieur de plusieurs municipalités, gagnent des lacs de zecs. On craint que ces engins soient des vecteurs de la moule zébrée qui colonise des plans d’eau partout au Québec.
Il n’y a pas de station de lavage des embarcations dans la Zec Bas-Saint-Laurent, avant leurs mises à l’eau dans un lac de pêche.
Les motoneiges hors-pistes sont décriées pour circuler partout à l’intérieur des zecs, pénètrent des ravages de la grande faune; une loi interdit quiconque de déranger le grand gibier dans ses quartiers d’hiver, et écrasent des aires de plantations d’arbres destinés au reboisement de la forêt.
« C » pour contrôle !
« Nous sommes à un tournant de notre histoire. Je n’ai rien contre ces sports. Je ne suis pas un golfeur et je n’irai pas m’imposer sur un terrain de golf. Les zecs ne sont pas des endroits pour les motomarines et les motoneiges hors-pistes. Elles favorisent la conservation de la faune et son habitat », lance le bouillant président de la ZEC-BSL, Guillaume Ouellet, lors de l’assemblée générale des membres, le 28 mars, à Rimouski.
Par définition, une zec est une Zone d’Exploitation Contrôlée. « Alors, contrôlez-le votre territoire, mon coeur est comme le vôtre, il bat pour la faune. Ayez votre zec à cœur », de marteler celui qui est aussi président du Réseau Zec et de ses 63 territoires sous gestion au Québec.
Une lutte que Guillaume Ouellet n’entend pas mener seul pour contrer ce « virage mécanique », comme l’exploitation forestière après coupes. Mais en partenariat avec des organisations régionales de même nature. Les sept zecs du Bas-Saint-Laurent de la Gaspésie forment d’ailleurs un front commun.
« Nous faisons face aux mêmes réalités », tranche Guillaume Ouellet. Ce dernier a prévenu les membres des impacts majeurs des 3 300 hectares de chablis d’étendues de forêt à récupérer cet été et en 2025, soit l’équivalent des 3 300 hectares qu’occupent tous les plans d’eau de la ZEC-BSL. « Il va y avoir beaucoup de forestiers sur la zec, et on va les subir en temps de chasse », prévient le président réélu sans opposition, comme les autres administrateurs en fin de mandat, Julianne Dugas, Lucien Morneau, vice-président, Denis Pineau, secrétaire.
L’orignal ne baisse plus
Lors de cette même assemblée générale, les gestionnaires de la ZEC-BSL ont affirmé qu’à la suite de deux années de protection de la femelle, que le troupeau d’orignal s’est stabilisé et qu’il n’est plus à la baisse.
Pour réduire la forte pression sur le mâle; ciblé depuis trois ans, les zecs Bas-Saint-Laurent, Chapais et Owen réclament pour 2024 la chasse de l’orignal sans bois, avec permis spécial.
Comme la réponse se fait attendre à la demande adressée au ministre de la Faune, Benoît Charette. Les membres ont signé une pétition pour accélérer la décision ministérielle, que portera Guillaume Ouellet directement au Cabinet du ministre.
La même chasse restrictive doit se poursuivre en 2025 jusqu’au nouveau Plan de gestion de l’orignal en 2026. « Ce sera un maudit beau plan », estime le président.
L’enregistrement électronique des prises a été décrié pour la confusion créé dans la gestion de la récolte des orignaux.
Le programme Chasseur Responsable Reconnu (CRR), qui sensibiliser les chasseurs à mieux utiliser leurs engins de chasse, et s’assurer d’un tir précis, est modifié avec un retour de 20 000$ en prix aux participants, revient pour une troisième année.
« Les orignaux, cerfs et ours ont aussi droit au respect des chasseurs. On ne peut pas lâcher le programme CRR », affirme le président Ouellet. Une révision ministérielle du droit de circulation, visant à rendre les zecs plus accessibles, vient réduire la tarification de 163$ à 70$ par année. Le tarif quotidien de circuler passe 13$ à 14$, mais peu importe la durée du séjour sur la même zec, tant que l’usager demeure sur le territoire.