Fruits de mer de l’Est : les élus blâment le fédéral
Approche en vase clos d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté CanadaLes membres de la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent ont décrié l’approche en vase clos d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui a causé la fermeture, selon eux, de l’usine de transformation Les Fruits de mer de l’Est et la mise à pied de 55 travailleurs.
La décision d’Immigration Canada d’imposer sur le champ une demande de visa de travail aux employés temporaires mexicains est venue poser une contrainte insurmontable pour l’entreprise, qui avait pourtant déployé depuis 2019 des investissements de 5,5 M$ dans la diversification de ses activités pour pallier la baisse de crevettes dans l’estuaire du Golfe Saint-Laurent.
En raison de cette décision, l’usine de Matane s’est vue privée de 150 travailleurs mexicains qui devaient arriver dans la région pour le début de la saison des pêches.
Comme c’est le cas depuis plusieurs années, le recours à plus d’une centaine de travailleurs étrangers temporaires était une ressource fondamentale pour la viabilité de cette entreprise.
« Nous sommes sidérés par l’absence d’écoute et de considération de nos réalités économiques territoriales de la part du gouvernement fédéral et du ministre de l’Immigration Marc Miller. La saison des pêches était sur le point de commencer, Immigration Canada n’a pas consulté les autres ministères concernés par l’activité économique des régions afin de mesurer l’impact économique et social de cette décision », estime Bruno Paradis, président de la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent.
Construction de logements
Cette décision, unilatérale et sans appel, est venue mettre fin aux espoirs de relance pour cette industrie de grande importance pour la communauté de la Matanie.
En plus des sommes consacrées à la diversification de ses activités vers le crabe et le homard, l’usine avait tout récemment investi 4 M $ dans la construction de logements pour héberger ses travailleurs temporaires : 70 unités qui avaient la capacité d’héberger plus de 250 employés.
« C’est révoltant de voir que malgré les efforts déployés pour faire face aux grands enjeux de notre société, comme la crise de la main-d’œuvre et la crise du logement, notre communauté a été pénalisée par une décision administrative, une décision sur laquelle nos gouvernements ont un plein pouvoir », déplore le maire de Matane, Eddy Métivier.
Le préfet consterné
Gérald Beaulieu, préfet de la MRC de la Matanie et maire de Baie-des-Sables, est lui aussi consterné.
« Les échos que nous recevons du terrain est que cette crise aurait pu être évitée, à tout le moins anticipée. Nous avons écrit au ministre Miller pour lui expliquer que la concertation préalable avec l’industrie des pêches et la mise en place de mesures transitoires temporaires pour la présente saison auraient pu maintenir cette usine en activité et éviter la mise à pied de 55 travailleurs matanais ».
Détruite par un incendie survenue vendredi dernier, le réveil a été difficile à Matane puisque les autorités locales espéraient toujours trouver un repreneur pour l’usine située stratégiquement dans la zone industrialo-portuaire de Matane, où d’importants investissements sont prévus.
La Sûreté du Québec enquêtera sur l’incident.