Rimouski veut-elle contrer l’arrivée de Starbucks au centre-ville?
Adoption prochaine d'un règlement pour interdire les services au volantLe conseil municipal de Rimouski souhaiterait contrer l’arrivée de Starbucks au centre-ville, alors que la chaîne travaillerait bel et bien à s’établir dans l’ancien restaurant Poulet Frit Kentucky (PFK), a appris Le Soir.ca
Depuis plus d’un an, Starbucks réfute toutes les allégations sur sa venue dans l’est du Bas-Saint-Laurent, que ce soit à Rimouski ou à Matane.
Selon nos informations, la vente dans les dernières semaines du bâtiment qui abritait PFK, à l’intersection de l’avenue Rouleau et du boulevard René-Lepage, ne serait pas étrangère à ce souhait de Starbucks de trouver un endroit achalandé où offrir ses produits au comptoir et dans un service au volant.
Or, la Ville de Rimouski ne verrait pas la situation du même oeil.
Pour lutter contre l’accroissement de la congestion routière et améliorer la sécurité des piétons, les élus ont fait part de leur intention, lundi soir, d’adopter un règlement pour interdire les services au volant dans les zones commerciales du centre-ville situées entre l’avenue Belzile et la rue Lavoie, au nord de la rue de l’Évêché.
Le seul établissement possédant actuellement un service au volant dans cette zone, A&W, profiterait d’une « clause grand-père » afin de pouvoir le conserver.
Quelle est l’urgence ?
Ce qui surprend dans ce changement de règlement, souhaité par la Ville, est qu’il a été ajouté dans « les affaires nouvelles ». Il s’agit en quelque sorte d’un varia à la fin d’une séance d’un conseil municipal.
Ce changement n’était pas prévu, lundi soir, à l’ordre du jour.
Pourquoi est-il si urgent d’entamer le processus pour modifier le règlement actuel et mieux encadrer les services au volant au centre-ville de Rimouski? Pourquoi ne pas débattre de la question lors d’une séance régulière? Pourquoi cette information a-t-elle été cachée aux citoyens?
À ce sujet, le directeur général de la Ville de Rimouski, Marco Desbiens, a expliqué que la modification du règlement est nécessaire dans l’éventualité où une demande était soumise au service d’urbanisme et inspection qui serait « substantiellement » conforme.
Elle devrait ainsi être approuvée avec le règlement actuel.
« « Les affaires nouvelles » sont toujours discutées par le conseil municipal en comité plénier, à 17 h, avant la séance régulière. Quelle est l’urgence ? Est-ce que Starbucks souhaite rapidement déposer sa demande de permis de construction ? La Ville ne veut pas d’un service à l’auto supplémentaire avec la configuration actuelle du secteur du boulevard René-Lepage et de la rue Saint-Germain Ouest ? », se questionne une source près du dossier consultée par Le Soir.ca.
Le DG de la Chambre réagit
Présent au conseil municipal de lundi soir, le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Jean-Nicolas Marchand, s’est présenté au micro lors de la période des questions destinée aux élus afin de savoir s’il y avait un lien entre ce projet de règlement et le commerce qui doit occuper le bâtiment où se trouvait le PFK.
Guy Caron lui a alors répondu qu’un tel projet, à sa connaissance, n’avait pas encore été présenté à la Ville.
Si un tel projet n’a pas été présenté à la Ville, rien n’indique que les élus ou la direction générale n’en ont pas entendu parler.
« De ce que je sais, l’ex-restaurant PFK a été vendu, mais aucun document notarié n’a été envoyé. Si la modification du règlement passe, tu viens de tuer la valeur du terrain. Si aucun service à l’auto ne peut être construit, aucun restaurant ne va accepter de s’y installer. Difficile de penser à un autre projet commercial. Pour un enjeu aussi important (services à l’auto au centre-ville), le processus devrait être plus transparent et les citoyens devraient être bien informés », stipule la source du Soir.ca, qui souhaite converser son anonymat.
Starbucks est déjà présent à Rivière-du-Loup. La chaîne a déjà opéré dans le restaurant du défunt magasin Target, au Carrefour Rimouski, qui a fermé ses portes en 2015.