Gestion de la COVID-19 : Sylvain Leduc assume ses décisions
Le directeur régional de la santé publique n'a pas toujours fait l'unanimité
Cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, le Dr Sylvain Leduc, se remémore la mobilisation et l’intensité de cette période. Il assume les décisions prises à l’époque.
Lorsqu’il revient cinq ans en arrière, le Dr Leduc pense spontanément à l’anxiété liée à la situation, mais aussi à la collaboration des employés du domaine de la santé, de la population et des collaborateurs du milieu municipal.
« On savait qu’on embarquait dans quelque chose de totalement inusité et d’inédit, mais on ne savait pas que ça allait durer aussi longtemps. Chaque phase a apporté des événements différents, dont de belles mobilisations, mais aussi des événements plus tristes. Nous devions prendre une multitude de décisions chaque jour alors que le manuel n’était pas écrit, il fallait développer une expertise », dit-il.
Des couleurs qui ont dérangé
L’instauration d’un système d’alertes régionales en vue de la seconde vague de la pandémie avait grandement fait réagir la population. Les activités étaient restreintes selon des régions.
Le Dr Sylvain Leduc soutient que la capacité du réseau de la santé était en cause.
« La décision nationale de déterminer les zones avec des couleurs, c’est un débat qui n’a pas été refait. Ça avait des avantages et des inconvénients. Si le système de santé avait été en mesure de prendre tous les cas que ça nécessite quand il y a des hospitalisations et des éclosions, nous aurions pu être plus permissifs », souligne-t-il.

Le Dr Leduc est conscient que ses décisions concernant les changements de couleur n’ont pas toujours fait l’unanimité. Certains disaient être restreints à des consignes qu’ils jugeaient non pertinentes.
« C’était un volet pour lequel j’avais très peu de flexibilité. La consigne que nous avions nationalement était : une région, une couleur. Chaque fois, les gens me disaient que ce qui se passait à un endroit n’était pas ce qui se passait un peu plus loin. Nous devions appliquer la couleur pour la zone la plus touchée pour protéger notre population », indique-t-il.
Les lacunes du réseau
Avec le recul, le directeur de la santé publique régionale reprendrait les mêmes décisions. Il admet toutefois que le réseau de la santé n’était pas suffisamment préparé.

« Quand nous avons eu des rapports qui ont analysé les pires moments de la pandémie, nous avons bien mis en évidence que la préparation de l’ensemble du réseau de la santé avait eu des lacunes principalement dans les CHSLD et dans sa préparation à stocker du matériel de protection individuel. Ces deux aspects seraient beaucoup améliorés si nous avions une autre pandémie », mentionne-t-il.
Au-delà de la formation
Bien que les spécialistes en santé publique soient formés pour affronter ce type de situation, le vivre est une tout autre chose.
« Il y a des cours qui nous sont donnés, mais en utilisant l’exemple de la pandémie de 1918. Ça remonte à loin. Nous avons un plan théorique pour savoir à peu près comment réagir, mais d’un point de vue pratique on s’aperçoit que les choses ont bien changé et que la réalité est complexe », exprime le Dr Sylvain Leduc.

Selon lui, les apprentissages sont nombreux à la suite de cette pandémie, autant pour le réseau de la santé que pour la population.
« Pendant les années intenses de pandémie, à peu près personne n’était malade. Nous avons appris qu’avec des mesures d’hygiène rehaussées et une diminution de contacts, nous sommes capables de nous débarrasser des virus », conclut-il.