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Protection de l’orignal : Québec ignore la légitimité des zecs

Ernie Wells s'entretient avec le porte-paroles des zecs du Bas-Saint-Laurent, Guillaume Ouellet
« La chasse permissive de l’orignal en 2025 ajouterait une pression majeure sur la femelle et un retour au déclin de l’espèce dans la zone 2 », estime le porte-parole du Regroupement régional des gestionnaires de zecs du Bas-Saint-Laurent, Guillaume Ouellet. (Photo courtoisie ZEC-BSL)

Le 31 mars, Québec a dit « non » aux zecs Chapais, Owen et Bas-Saint-Laurent, situées dans la zone 2, qui réclament la protection de la femelle orignal en 2025 et l’affaire n’a pas tardé à prendre une tournure provinciale, suscitant l’appui de politiciens et d’associations fauniques et le silence du ministre responsable de la Faune.

Le meilleur allié du politicien, c’est le temps. Laisser filer le temps sans réagir, dans l’espoir que l’oubli s’installe et qu’on passe à autre chose. C’est ce que semble appliquer Québec.

Le députe de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, lui, a dénoncé la décision le premier, rappelant qu’une opération de braconnage d’orignaux a duré trois dans les réserves Rimouski et Matane.

Il invite le ministre responsable de la Faune, Benoît Charrette à réévaluer sa décision concernant la protection de l’orignal sans bois, pour une année supplémentaire, dans la zone 2 du Bas-Saint-Laurent.

Le représentant péquiste appuie les zecs Owen, Chapais et Bas-Saint-Laurent, qui ont demandé une chasse sélective et non permissive de l’orignal en 2025 afin de protéger les orignaux sans bois (femelles et veaux) et assurer un avenir durable de la chasse dans notre région.

En entrevue cette semaine à « Rendez-Vous Nature », le porte-parole des trois zecs et président de la ZEC-BSL, Guillaume Ouellet, confirme l’appui de la préfète de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau, Chantal Lamarche, qui réclame que la zone 10 de Outaouais profite de la Restriction de la taille légale des bois (RTLB).

Leur dossier respectif se ressemble, le ministre les ignore.

Écouter les acteurs locaux

Le groupe Unis pour la faune (UPF) représente 400 municipalités et 25 000 membres.

« Les trois zecs et le député démontrent leur engagement de protéger, mettre en valeur la gestion durable de la faune. Leur dossier est soutenu par des études rigoureuses et des recommandations favorables des bureaux régionaux du ministère. Le Plan de gestion de l’orignal est échu depuis 2019. Il est nécessaire que les gestionnaires proposent des ajustements en fonction des enjeux observés sur le terrain », estime le président d’UPF, Luc Brodeur.

Le producteur de l’émission « Rendez-Vous Nature », Olivier Therriault, Jean Légaré, François Pelletier et Luc Brodeur d’Unis pour la Faune ainsi que Guillaume Ouellet, président du Réseau Zec. (Photo courtoisie Myriam Quenneville / Audet Photo)

Il ajoute : « Les autorités doivent reconnaître l’expertise des acteurs locaux ».

L’Association des conducteurs de chiens de sang du Bas-Saint-Laurent (ACCSBSL) affirme que la protection de la femelle orignal en 2025, est essentielle.

« Une année permissive compromettrait les efforts de conservation de l’espèce », assure Sébastien Deschênes.

Sacrifice à court terme

Aussi président provincial de l’ACCS, il s’engage à sensibiliser ses membres et les chasseurs à l’importance d’une restriction temporaire, et faire preuve de retenue et de solidarité pour permettre à la population d’orignaux de se rétablir durablement.

« Ce qui demande un certain sacrifice à court terme », reconnaît Sébastien Deschênes.

À droite, le conducteur de chien de sang Sébastien Deschênes et son fidèle Ario, ont prêté assistance à ce chasseur. (Photo courtoisie Sébastien Deschênes)

« C’est la dernière année du Plan de gestion. Depuis trois ans, on a remonté le troupeau à une densité de 8 à10 orignaux aux 10 km2. La dernière année du plan prévoit une année permissive en 2025. Alors que toutes les études et les trois zecs recommandent une saison restrictive zecs. Parce qu’en 2026, on pourrait récolter des orignaux sans bois, avec permis dans chaque zec, selon la densité du troupeau. Or, avec une année permissive, on n’a aucun contrôle sur le prélèvement du capital orignal, intérêts compris », craint Guillaume Ouellet.

Rien dire et oublier!

Ce n’est pas d’hier que les gestionnaires de territoires fauniques comme les zecs, réclament plus d’autonomie et que leur expertise soit reconnue par Québec.

Aussi, un Plan de gestion, peu importe l’espèce, ne doit être appliqué mur-à-mur, mais tenir compte des particularités. Le Plan de gestion du cerf en est l’exemple.

Les chasseurs peuvent récolter deux bêtes par année, autant dans des zones de haute, comme de faible densité.

Le différend qui oppose les trois zecs au ministre de la Faune, les appuis politiques, municipales et des gens d’affaires qui ajoutent plus de poids aux revendications, tout cela face à une centralisation des décisions à Québec qui ne tient pas compte des réalités régionales, et un ministre de la faune qui les ignore totalement, c’est assez.

De renchérir UPF qui se tient aux côtés des trois zecs.

« Nous demandons que les autorités compétentes entendent cet appel et reconnaissent l’expertise des acteurs locaux afin de permettre une gestion plus fluide, transparente et efficace de notre patrimoine faunique commun ».

On verra si cet appel est entendu!

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