Diocèse de Gaspé : action collective autorisée
Présumées agressions sexuelles commises par des membres sous l’autorité de l’Église catholique
L’action collective contre le diocèse de Gaspé a été autorisée par le juge Damien St-Onge, de la Cour supérieure du Québec, ce jeudi 6 août.
En juin l’an dernier, les cabinets Bellemare avocats et Lambert avocats avaient déposé trois demandes d’autorisation d’action collective contre les diocèses de Gaspé, de Rimouski et de Rouyn-Noranda. La Cour n’a pas encore statué pour les deux autres.
En Gaspésie, la demande vise à obtenir réparation pour des agressions sexuelles. Celles-ci auraient été commises par des membres du clergé ou d’autres personnes sous l’autorité de l’Église catholique depuis la création du diocèse de Gaspé, le 5 mai 1922.
Les défendeurs sont précisément la Corporation épiscopale Catholique Romaine de Gaspé et l’Évêque catholique romain de Gaspé. En réponse aux allégations, le diocèse de Gaspé avait indiqué l’an dernier reconnaître leur gravité et prendre la situation très au sérieux.
« Le diocèse de Gaspé entend coopérer pleinement avec les autorités civiles et ecclésiastiques et prendre les mesures appropriées, sachant que la protection des victimes est une priorité pour nous. »
À Radio-Canada, l’avocat Marc Bellemare avait estimé que les montants des réclamations pourraient tourner autour de 150 000 $ par victime, pouvant même aller jusqu’à 250 000 $ selon la gravité du traumatisme.
Des centaines de personnes pourraient être touchées. Le diocèse de Gaspé comprend l’ensemble de la péninsule gaspésienne, incluant les Îles-de-la-Madeleine. Une trentaine de présumées victimes ont rejoint l’action collective jusqu’à maintenant, rapportent le Journal de Québec et Radio-Canada.
D’autres pourraient s’ajouter. Des avis publics seront publiés dans différents quotidiens nationaux et des hebdomadaires régionaux.
Plaintes et rumeurs
Deux demandeurs figurent au dossier. Le premier n’avait que cinq ans lors des faits allégués. Ceux-ci remontent à 1953 environ.
L’abbé Alphonse Anctil aurait tiré avantage de son statut pour isoler le jeune garçon. Il aurait commis des abus sexuels à son endroit, sous prétexte de le confesser en privé. Les abus auraient perduré pendant 5 ans, environ une fois par semaine.
« Les plaintes et rumeurs concernant l’abbé Anctil n’ont pu faire autrement que d’en venir aux oreilles des défenderesses », soutiennent les avocats dans leur demande d’action collective. Le tout serait survenu dans la localité de Saint-Maurice-de-l’Échouerie, faisant maintenant partie de Gaspé.

Le second demandeur, lui, était enfant de chœur et âgé de 8 ans au moment des faits reprochés, vers 1966. Il servait la messe à tous les jours.
L’abbé Wilfrid Provencher aurait tiré avantage de son statut d’abbé pour isoler le demandeur, commettre des agressions sexuelles à son égard. Les événements se seraient produits à Cloridorme.
Les abus auraient perduré pendant environ trois ans et presque à tous les jours. Ils n’auraient cessé que lorsque le demandeur aurait décidé d’arrêter de servir la messe en raison des agissements de l’abbé Provencher, lit-on dans la demande d’action collective.
Les abus auraient d’ailleurs déjà été soulevés en 1995, mais sans avoir de suite. Selon les cabinets d’avocat, « d’autres jeunes ont indéniablement été abusés », d’où la démarche entamée l’an dernier.