Hausse de taxes de 32% à Saint-Narcisse

Environ 200 personnes ont fait entendre leur mécontentement mercredi soir lors d’une soirée d’information convoquée par la Municipalité de Saint-Narcisse-de-Rimouski afin de faire le point sur le budget 2024 qui prévoit une hausse du compte de taxes des contribuables de 32%.

La soirée a débuté par une présentation d’une trentaine de minutes du maire Mario Guertin qui a expliqué les raisons ayant incité le conseil municipal a opté pour une hausse aussi drastique de la taxe foncière.

« Nos dépenses courantes ont augmenté de 400 000$. On parle notamment d’une hausse de 80% pour le ramassage des déchets et des matières recyclables, d’une hausse de 100% du prix du sel utilisé pour le système de filtration de l’eau potable et d’une hausse importante de notre quote-part pour le service incendie de la MRC de Rimouski-Neigette. La hausse des taux d’intérêts sur nos emprunts représente 155 827$ », mentionne le maire.

Situation financière précaire

Le maire a admis que la situation financière de la municipalité est précaire. « Nous avons dû payer nos employés avec notre marge de crédit en décembre dernier. Nous avons eu des dépenses imprévues et le gouvernement a retenu un transfert parce les audits (vérification comptable) n’avaient pas été faits depuis 2020. Nous sommes en train de régulariser le tout. Les audits de 2020 et de 2021 sont faits et les comptables achèvent 2022. La direction du temps disait qu’il n’y avait pas d’urgence pour faire les audits », a poursuivi le maire Guertin.

Rôle d’évaluation

Un autre élément évoqué par le conseil, c’est le rôle d’évaluation qui sera revu l’an prochain après six ans et qui devrait faire grimper la valeur des propriétés de 49% en moyenne. « Normalement, les rôles sont refaits aux trois ans. En 2020, le conseil municipal de l’époque a décidé de reporter la réalisation du nouveau rôle parce que c’était facultatif et que ça coûtait 55 000 $. Nous devrons le faire cette année et ça va coûter 60 000 $. Nous avons décidé d’atténuer la hausse prévue l’an prochain en en prélevant une partie cette année », a expliqué monsieur Guertin.

Réviser le budget

C’est sur ce point que la plupart des critiques ont porté. « Vous nous dites qu’avec un taux de 1,15$ du 100$ d’évaluation vous seriez capable d’absorber la hausse de vos dépenses. Pourquoi demander 1,39$? Le contexte économique est difficile. Je vous demande de réévaluer votre décision et on verra l’an prochain la hausse qu’il faudra absorber », a demandé Valérie Brisson.

« C’est toute une communauté qui est sortie ce soir pour vous demander de ne pas nous égorger avec ça » a-t-elle poursuivi.

Ce qui déplait le plus aux gens présents, c’est que l’augmentation repose en partie sur une estimation de la hausse du rôle d’évaluation. « On verra rendu là et de toute façon, normalement le taux de la taxe foncière baisse lorsque l’évaluation augmente », ajoute un autre citoyen.

Le maire a répondu que le conseil allait se repencher sur la question. Il était accompagné des six conseillers municipaux lors de la soirée d’information.

Fusion avec Rimouski?

Une citoyenne a demandé au maire si le conseil avait envisagé une fusion avec Rimouski, avec cette hausse du compte de taxes. « Ça n’a jamais été envisagé. Ce qu’on essaie de faire, c’est de partager des services et des ressources avec les municipalités voisines », a répondu le maire.

Faire du développement

Le maire a expliqué que les municipalités n’ont pas beaucoup de sources de revenus à part du financement gouvernemental et les taxes foncières. « Nous avons vendu 24 terrains au Fonds d’ormes le même prix que nous les avons payés. L’objectif étant d’avoir de nouvelles constructions qui vont payer des taxes. C’est la même chose avec les deux terrains que nous avons donné pour la constriction de deux immeubles de six logements. Ça va permettre de créer de la richesse foncière ».

Certains citoyens estiment qu’avec le contexte économique actuel, il serait mieux de limiter les investissements au minimum. Le conseil considère qu’il faut commencer à mettre des sous de côté pour remplacer certains équipements qui arrivent en fin de vie pour ne pas être mal pris dans quelques années. Là aussi, deux visions s’affrontent.

De l’impolitesse

Si la plupart des interventions se sont faites de manière courtoise, quelques-unes ont nettement manqué de respect avec les élus. Le maire Guertin était émotif en fin de soirée et on peut le comprendre.

« S’il y en a qui veulent ma place, je peux leur laisser. À 1 600 $ par mois pour travailler 35 à 40 heures par semaine. Nous avons fait cette soirée parce que comprenons que ce soit difficile pour les gens. Nous sommes prêts à vous écouter, mais pas à se faire crier après et insulter. Tout le monde est de bonne foi autour de la table du conseil ».

Par ailleurs, le maire s’est dit conscient que certains citoyens pourraient avoir de la difficulté à payer leur compte de taxes.

L’assemblée a duré plus de trois heures.