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Alexandre Gagné : la défense plaide pour une absolution

Policier de la Sûreté du Québec à Rimouski et membre des Forces armées canadiennes
Photo : Le policier et militaire Alexandre Gagné a sa sortie de la salle d’audience ce vendredi midi. (Photo journallesoir.ca- Alexandre D’Astous)

Me Ariane Gagnon-Rock, l’avocate du policier et militaire Alexandre Gagné, reconnu coupable d’agression sexuelle, a plaidé pour une absolution conditionnelle de son client assortie d’une probation de deux ans, de l’exécution de 240 heures de travaux communautaires et du versement d’un don de 1 000 $ à La Débrouille, ce vendredi, au palais de justice de Rimouski.

De son côté, le ministère public requiert une peine de 30 à 60 jours de prison ou de quatre mois de détention à domicile, suivie d’une probation de deux ans.

Même si une absolution ne garantit pas à l’accusé qu’il pourra retrouver ses emplois de policiers et de militaire, elle laisse une possibilité.

« Avec une sentence de détention, c’est impossible. Une absolution peut permettre une analyse de circonstances particulières. Monsieur Gagné était promu à un bel avenir autant comme policier que comme militaire. Ses évaluations sont excellentes. Il a même reçu une mention honorifique pour avoir permis de sauver une dame qui venait de se pendre dans son domicile ». a mentionné Me Gagnon-Rock.

Témoignage de l’accusé

Les représentations sur la peine ont duré presque toute la journée ce vendredi. Me Gagnon-Rock a fait témoigner l’accusé pendant 90 minutes en guise de preuve sur sentence.

Alexandre Gagné a expliqué avoir perdu ses emplois au sein des Forces armées canadiennes et comme policier au sein de la Sûreté du Québec. Il a aussi vécu la séparation de son couple, en plus de sa dépression majeure ayant menée à des idéations suicidaires.

Gagné est suivi par une travailleuse sociale, une psychiatre et une sexologue. Il est traité pour une dépression majeure et de l’insomnie.

(Photo courtoisie Sûreté du Québec)

Alexandre Gagné a mentionné avoir été humilié par le processus judiciaire et la médiatisation de l’affaire.

« La médiatisation a été difficile et douloureuse. Quand on entend agression sexuelle, on pense à un viol. Cela a amplifié ma dépression », a-t-il dit.

« J’ai beaucoup de remords envers la victime, mon ex-conjointe et mes parents. Je m’en veux énormément et je reconnais avoir manqué de jugement. Je ne me rendais pas compte du mal que je pouvais lui faire », a-t-il ajouté.

Absolution possible pour des agressions sexuelles

Dans sa plaidoirie de deux heures, Me Gagnon-Rock a souligné, avec de nombreux cas de jurisprudence à l’appui, qu’une absolution est possible dans des cas d’agressions sexuelles.

L’avocate a rappelé que son client avait traversé des épreuves et qu’un public bien informé ne serait pas choqué par une absolution.

« Le rapport présententiel est favorable. Mon client a des suivis. Le risque de récidive est faible. Il est sans antécédent judiciaire et les gestes commis sont au bas de l’échelle de gravité pour les agressions sexuelles (des attouchements aux fesses lors d’un exercice au combat militaire) », a-t-elle plaidé.

Facteurs aggravants

Pour sa part, Me Breton a insisté sur le fait que l’accusé soit un policier comme facteur aggravant ainsi que sur le lien hiérarchique entre l’accusé et la victime.

« L’accusé a raconté comment le processus judiciaire avait changé sa vie, mais cela a également eu des conséquences pour la victime qui, elle, n’a rien à voir avec la situation. Elle doit vivre avec une étiquette de femme qui a dénoncé un policier, un militaire et un supérieur. La cour doit donner un message clair qu’il y a des conséquences aux gestes que l’on pose. La dénonciation doit primer et une absolution ne répond pas à cette dénonciation ».

Alexandre Gagné travaille actuellement comme couvreur dans l’industrie de la construction à Québec, mais il ne souhaite pas faire carrière dans ce domaine.

Des attouchements aux fesses

Les gestes reprochés au policier consistent en des attouchements aux fesses de la plaignante lors d’une fouille préalable à un entraînement aux combats rapprochés le 13 avril 2021 au manège militaire de Rimouski.

La preuve démontre que l’accusé et la plaignante ont discuté à plusieurs reprises sur Snapchat entre 2019 et 2021.

« Au début, les discussions sont professionnelles, mais à un certain moment, l’accusé tient des propos à connotation sexuelle émettant notamment le désir de la menotter. La plaignante s’est dite incommodée par ce genre de commentaires », a rappelé la juge Hélène Bouillon dans son verdict de culpabilité.

La juge a pris la cause en délibéré. Elle rendra sa décision sur la sentence le 30 octobre.

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