Bilan 2024 : Maude Charron demeure « notre » championne
Médaille d'argent aux Jeux olympiques de ParisLe Soir.ca poursuit sa rétrospective des nouvelles marquantes de 2024. À ses deuxièmes Jeux olympiques, en août, Maude Charron a remporté une médaille, cette fois en décrochant l’argent en haltérophilie féminine dans la catégorie des 59 kg à Paris.
Porte-drapeau du Canada à la cérémonie d’ouverture, Charron remontait ainsi sur le podium olympique avec son triomphe les 64 kg, en 2021, à Tokyo.
Elle a d’abord soulevé 106 kg à l’arraché, égalant son meilleur résultat personnel, avant de réussir 130 kg à l’épaulé-jeté pour un combiné de 236 kg, cinq de moins que la médaillée d’or, la Chinoise et favorite Shifang Luo.
Championne à Tokyo chez les 59 kg en 2021, Hsing-Chun Kuo, de Taipei, a terminé au troisième rang.
Maude Charron rejoint ainsi l’haltérophile Christine Girard pour le plus grand nombre de médailles olympiques dans l’histoire canadienne.
Il s’agissait de la sixième de l’unifolié dans cette discipline, incluant les deux de la Bas-Laurentienne.
« Je voulais vivre une cérémonie d’ouverture, entendre ma famille et voir des drapeaux canadiens dans les estrades. Alors aussitôt que j’ai eu fait un arraché, mon objectif était déjà rempli. J’ai fait de mon mieux. La médaille est un très gros bonus, Je savais que l’on avait des chances. La première place était un peu un long shot. La Chinoise avait beaucoup de kilos d’avance, mais on a mis de la pression à l’arraché. À l’épaulé-jeté, c’était juste une question de rester dans la course. La médaille, c’est la cerise sur le gâteau. J’ai eu le résultat parfait à Tokyo, maintenant je voulais l’expérience olympique », a mentionné Charron à l’issue de l’épreuve.
Au bout de ses ambitions
À Sainte-Luce, environ 250 personnes ont applaudi ses exploits au Centre communautaire Gabriel-Nadeau.
De nombreux citoyens et des jeunes du camp de jour ont célébré ses exploits en visionnant, sur écran géant, à l’épreuve chez les 59 kg.
Les applaudissements s’entendaient jusqu’à Paris au moment où la médaille d’argent de Maude a été confirmée.
« C’était super important de créer un événement où nos citoyens pouvaient vivre cette expérience-là, tous ensemble. Pour nos jeunes, Maude est très accessible dans notre communauté. C’est un exemple de persévérance. Même si tu restes en région, tu peux vivre tes rêves et aller au bout de nos ambitions. Maude, c’est notre chouchou à Sainte-Luce. On lui a envoyé toute l’énergie nécessaire », indique la mairesse, Micheline Barriault.
De coeur et d’esprit
Parents d’une amie de Maude Charron présente avec sa famille à Paris, Véronique Lapointe et Luc Bourassa ont vécu de grandes émotions durant la compétition.
De la petite gymnaste jusqu’à l’haltérophile en passant par l’artiste de cirque, ils ont toujours vu un être humain extraordinaire repousser ses limites pour atteindre ses ambitions.
« Depuis l’âge de 4 ans, elle veut participer aux Olympiques. C’était son rêve. Elle pensait lui toucher lorsqu’elle avait porté la flamme olympique lors de son passage à Rimouski pour les Jeux de Vancouver en 2010, mais elle a poursuivi son cheminement avec brio. On l’a suit de coeur et d’esprit avec fierté », indiquent-ils.
Sainte-Luce a célébré sa plus importance citoyenne après ses exploits, le 7 septembre, lors d’un événement public au Marché public.
Los Angeles en 2028 : Maude doit réfléchir
Avant d’entamer un nouveau cycle olympique en vue des Jeux de Los Angeles en 2028, Maude Charron doit réfléchir.
Depuis son retour des Jeux de Paris, l’enfant chérie de Sainte-Luce s’interroge sur ses désirs, ses objectifs et sur ce qu’elle veut faire de sa vie.
Lors d’une activité publique chez Alimentation Coop IGA à la fin d’août, elle affirmait ne pas être pressée à prendre une décision sur sa carrière sportive, puisque les qualifications pour Los Angeles ne s’entameront pas avant 2026. Rien ne presse pour pousser de la fonte.
« Je me suis entraînée tellement longtemps. Je réfléchis à ce que je veux faire en tant qu’être humain, parce que je ne suis pas juste une athlète. C’est dur après un événement si important de trouver un défi aussi gratifiant. Juste savoir ce que je vais manger pour déjeuner, parce je suivais un régime strict. J’ai des blessures à guérir. Une pression à faire redescendre. J’ai besoin de temps avec moi-même », explique la diplômée en techniques policières.
Retrouver son anonymat
Si elle a vécu sa deuxième expérience olympique à fond, Maude Charron avoue être heureuse de revenir à la maison. Discrète et réservée, elle apprécie le confort et l’anonymat que lui procure Sainte-Luce.
« C’est positif de rencontrer les gens, mais je ne fais pas du sport pour être connue ou pour être une vedette. Je suis juste heureuse d’avoir parlé à mes voisins et aux enfants dans ma rue à mon arrivée. Ils viennent parfois me voir à l’entraînement (dans son garage). J’ai eu beaucoup de soutien, mais c’est une petite fenêtre d’opportunités », estime l’athlète de 31 ans.
Au-delà des hommages à venir, Charron espère que ses exploits permettront de promouvoir et développer son sport dans l’Est-du-Québec.
À Rimouski, outre les clubs d’entraînements traditionnels, il n’existe pas de centre d’haltérophilie à proprement dit.
Parc Maude-Charron
Pour souligner sa deuxième médaille olympique, Sainte-Luce a nommé le parc du secteur Sainte-Luce-sur-Mer au nom de Maude Charron.
Après sa conquête de l’argent chez les 59 kilos, le 8 août dernier, la mairesse Micheline Barriault avait confirmé au Soir.ca que Sainte-Luce honorerait sa citoyenne la plus célèbre de façon permanente.
« Ton parcours est un témoignage inspirant de dévouement, de détermination et d’excellence. Tu représentes notre communauté avec fierté et distinction sur la scène internationale et nous sommes immensément fiers de toi. En reconnaissance de tes accomplissements extraordinaires et de l’exemple que tu représentes pour nos jeunes et les générations futures, tu as fait la démonstration que lorsqu’on habite en région, tout est possible et on peut aussi réaliser nos rêves », a mentionné madame Barriault en s’adressant à Maude Charron.
S’il détient déjà un terrain de jeux pour enfants, un terrain de soccer, une patinoire avec anneaux de glace,un skateparc, des modules de jeux pour enfants et des balançoires, le parc Maude-Charron comprendra aussi un air d’entraînement extérieur inspiré de sa discipline.
Honorée à Québec et à Ottawa
En octobre, le premier ministre François Legault et des membres des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale ont rendu hommage à Maude Charron et à tous les athlètes, entraîneurs et officiels québécois qui ont pris part aux Jeux olympiques et paralympiques d’été de Paris lors d’une cérémonie spéciale tenue à Québec.
« Tous les amateurs de sports et de sensations fortes ont suivi les compétitions des athlètes québécois à Paris avec beaucoup de fébrilité et de fierté. Je tiens à rendre hommage à tous ces modèles inspirants pour leur parcours remarquable, qu’ils aient été médaillés ou pas, pour la force de caractère qu’ils ont démontrée et pour leur talent indéniable. Le Québec en entier est très fier de vous », indique monsieur Legault.
Après avoir remporté le Maurice de l’athlète féminine de l’année au niveau international dans le cadre du Gala Sports Québec, soulignant l’excellence du milieu sportif québécois, en novembre, Maude Charron a aussi reçu les félicitations des parlementaires canadiens, en décembre.