Culture : des travailleurs dépendants d’un écosystème fragile
Lettre ouverte de Caroline Jacques et Gervais BergeronCette lettre fait suite à l’entrevue avec Dominique Lapointe, directrice générale de Culture Bas-Saint-Laurent, réalisée mardi matin à Info-Réveil sur ICI Bas-Saint-Laurent. L’entrevue portait entre autres sur la fermeture du Musée régional de Rimouski, de la faillite du Carrousel du film et de la période d’austérité en culture qui semble poindre à l’horizon.
Nous désirons, Gervais Bergeron et moi-même Caroline Jacques, deux artistes très impliqués dans divers projets dans la région, nous adresser aux médias locaux.
Vous n’êtes pas sans savoir que nous, les artistes, sommes des travailleurs autonomes dépendants de la bonne santé d’un écosystème qui a toujours été très précaire et fragile.
Nos revenus proviennent de l’accumulation de divers contrats de service ainsi que de la vente de nos œuvres. De plus, la culture ne fait pas partie des roues principales d’un carrosse, nous le savons, la culture est un luxe qu’on se paye quand tout va bien.
De fait, on assume et on comprend qu’on vend moins de toiles et moins d’objets artisanaux. Cependant, la situation est bien plus grave…
Nos finances ont été fragilisées par la pandémie, on arrive à peine à se remettre des retards de paiements accumulés pendant cette période.
En ce moment, la somme de notre salaire dépend de plusieurs facteurs, les organismes culturels avec qui ont fait affaire, nos clients, doivent eux-mêmes avoir du financement pour pouvoir nous payer.
En ce moment, le gouvernement coupe ici et là en culture ce qui a un impact direct sur la somme totale de nos revenus. Je ne peux divulguer les liens que j’ai avec mes clients dans le quotidien, la baisse est drastique.
Des projets perdus dans les écoles
À titre d’exemple, depuis plus de 10 ans, je réserve une partie de mon calendrier pour des projets « Culture à l’école » et « l’École accueille un artiste ».
Habituellement, les réponses pour ces projets arrivent vers la mi-décembre.
Si l’on est chanceux, on arrive à avoir un paiement fin décembre ou début janvier pour le travail que l’on a fait pour la préparation du dossier en vue d’avoir une subvention pour les écoles et pour la préparation du volet didactique du projet et l’achat de matériel.
Le 14 janvier dernier, n’ayant pas eu de réponse du ministère de la Culture concernant un gros projet de 12 semaines dans une école, un projet qui nous rapporterait environ 12 000$ brut, j’ai relancé le ministère.
Aujourd’hui, le 28 janvier, nous avons reçu 3 réponses de trois paliers différents :
Je me permets de dire que je connais mesdames Nicole et Leblond, les côtoyant de façon professionnelle depuis plusieurs années et que dans leur message, je sens une certaine réserve.
Engagés pour la culture régionale
Gervais et moi trouvons cette situation très stressante, nous œuvrons de façon assidue et engagée depuis plusieurs années pour culture dans notre région.
Nous faisons de la place dans notre horaire pour planifier ces projets, monter des dossiers, nous ne sommes pas rémunérés pour cette phase du projet se déroulant de septembre et octobre, pourtant ce travail est essentiel si on veut que pour que les projets puissent se faire entre janvier et juin.
Pour nous, c’est un immense manque de respect de la part du Ministère de tenir les artistes, les centres de services scolaires et les organismes dans l’ignorance dans cette période creuse d’après les fêtes.
Nous travaillons tous fort pour développer des projets et maintenir vivante la culture de notre région, mais en ce moment nous remettons en question la possibilité d’être des artistes au Québec.
Deux artistes concernés et inquiets
Caroline Jacques et Gervais Bergeron
- Site internet : https://carolinejacques0.wixsite.com/art-portfolio
- Projets scolaires : https://carolinejacques0.wixsite.com/art-portfolio/artiste-a-l-ecole