Le manque de logements favoriserait l’abus et la discrimination des locataires
Le milieu communautaire se mobilise de nouveau pour obtenir des réponses du gouvernement du Québec quant à la pénurie de logements.
« Au moment où la pandémie affecte cruellement les quartiers défavorisés, ceux où le mal-logement est le plus répandu, plus de 25 organisations sociales, syndicales, féministes et communautaires joignent leur voixau Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) pour réclamer que l’énoncé économique du gouvernement caquiste de François Legault prévu autour du 24 juin s’attaque résolument aux problèmes de logement, en finançant un développement massif de logements sociaux et communautaires », explique un communiqué émis par le Comité logement Rimouski-Neigette.
Selon ces organisations, cette nécessité est d’autant plus grande que la crise sanitaire et la crise économique, qui s’amorce, viennent dangereusement aggraver une crise du logement qui, elle, est déjà présente depuis plusieurs mois.
Santé
Les membres de ce regroupement rappellent que le logement est un déterminant de la santé et que la pandémie a mis en évidence les limites du marché locatif privé pour répondre au besoin fondamental de se loger :
« Quand on perd la moitié de son revenu ou que nos dépenses d’épicerie augmentent drastiquement, le prix élevé du loyer devient un problème encore plus criant. La maladie a aussi tendance à se répandre plus facilement dans des milieux surpeuplés où l’équilibre sanitaire est déjà fragile ».
Abus et discrimination
De plus, les membres du Front constatent que la pénurie actuelle de logements locatifs complique la recherche de logement et laisse plus de place aux abus et à la discrimination. À leur avis, une telle situation peut tourner au drame pour de trop nombreuses personnes et familles, particulièrement à l’approche du 1er juillet.
Les organismes estiment que les effets combinés de la Covid-19 et de la crise économique qui en découle se répercuteront inévitablement sur la capacité de payer des ménages locataires.
Lors du dernier recensement, près de 200 000 ménages locataires du Québec consacraient plus de la moitié de leur revenu pour se loger.
Cas appelés à se multiplier
« Les cas de non-paiement de paiement de loyer risquent donc de se multiplier, ce qui se soldera par un accroissement du nombre d’évictions, lorsque le moratoire instauré le temps de l’urgence sanitaire prendra fin », craignent le FRAPRU et ses partisans.
Dans ce contexte, le FRAPRU s’explique mal que le logement social soit exclu des investissements supplémentaires dans les infrastructures publiques visant à accélérer la relance économique annoncés jeudi dernier.
Le regroupement rappelle que la construction de logements sociaux et communautaires a de nombreuses retombées sociales et économiques positives comme l’a démontré une étude réalisée par la Société d’habitation du Québec elle-même qui affirme que chaque dollar investi par le gouvernement génère des investissements d’au moins 2,31 $ dans l’économie et que les sommes, que les locataires de logements sociaux et communautaires économisent sur le prix de leur loyer, sont dirigées vers d’autres dépenses locales.
Le FRAPRU et les organisations qui l’appuient réclament donc des investissements majeurs, notamment dans un grand chantier de logements sociaux, prenant autant la forme de coopératives et d’organismes sans but lucratif d’habitation que de logements publics.
Besoin d’au moins 10 000 logements
Les 25 organisations demandent plus précisent au gouvernement Legault de prévoir les investissements nécessaires au développement d’au moins 10 000 nouveaux logements sociaux et communautaires pour la prochaine année et de planifier dès maintenant des investissements pour les 5 années à venir.
« Le gouvernement a le devoir de mettre en place des mesures permettant d’éviter qu’encore plus de personnes soient mal-logées, exclues de leurs milieux de vie, ou ne se retrouvent à la rue. Comme le Canada, le Québec s’est engagé à respecter, à protéger et à mettre en œuvre le droit à la santé, à un logement convenable et à une nourriture suffisante. Malheureusement, il fait trop peu en ce sens et les conséquences n’en sont que plus graves durant la pandémie. Il a maintenant la responsabilité d’y remédier », insiste Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU.