L’iniquité salariale des préposés aux bénéficiaires en ressources intermédiaires est injustifiable
Travail équivalent, salaire inéquitable. Un rapport dévoilé par l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ) confirme que les tâches et exigences qui incombent aux employés oeuvrant en ressources intermédiaires (RI) sont équivalentes, voire plus exigeantes qu’en CHSLD.
L’ARIHQ demande donc au gouvernement du Québec de résoudre, dans les plus brefs délais, l’importante iniquité salariale qui subsiste entre les deux réseaux.
Le rapport préparé par Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval et chercheur à l’Unité de recherche du Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec, est le résultat d’une revue de la documentation et de la consultation de préposés travaillant dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée, les ressources intermédiaires, les résidences privées pour aînés (RPA) ainsi que le domicile.
Injustice
« Le rapport vient confirmer ce que nous savons et dénonçons depuis des années. Sur le terrain, il existe bel et bien qu’une seule classe de préposés aux bénéficiaires. L’iniquité salariale est injuste, alors que les RI sont financées à 100% par le gouvernement. Ainsi il doit prendre acte de ce rapport et enfin rétablir l’équité des conditions de travail cruciale pour la qualité des soins offerts aux Québécois » explique Johanne Pratte, directrice générale de L’ARIHQ
Conditions de travail plus difficiles en RI
Concrètement, le rapport décrit et compare les fonctions du préposé aux bénéficiaires dans quatre lieux de soins de longue durée. Plusieurs constats sont particulièrement significatifs pour l’ARIHQ, notamment : le travail du préposé est équivalent dans tous les milieux de soins et nécessite des compétences et des connaissances semblables. Pourtant, les exigences en termes de formation diffèrent d’un milieu à l’autre. Le préposé en RI n’est pas toujours entouré d’une équipe soignante et interprofessionnelle dans son travail. Il doit donc faire preuve d’une grande autonomie dans l’exercice de ses fonctions. Le préposé en RI a plus de responsabilités que celui en CHSLD, notamment la délégation des actes professionnels.
Une iniquité salariale aux conséquences graves
Même si le réseau des RI est financé à 100% par le gouvernement, le financement que reçoivent les RI permet d’offrir des salaires de 14$/h (18$/h, après les primes temporaires) aux préposés, alors qu’en CHSLD par exemple, les salaires sont aujourd’hui à 26$/h.
En plus d’être inéquitable, cette rémunération engendre une concurrence contreproductive entre les deux branches du continuum de soins pour l’accès à la main-d’oeuvre et contribue à augmenter la pénurie criante de main d’oeuvre dans les ressources intermédiaires. Cette situation met à risque la qualité des services offerts à la population hébergée dans les RI par le gouvernement.
« Il est inadmissible que le réseau des RI ait été maintenu dans une situation de pénurie de main-d’oeuvre depuis des années. Il faut absolument que ça cesse, d’autant plus que nous sommes dans la deuxième vague de la pandémie. À travail égal, salaire égal », soutient Mme Pratte.
Désertion vers le public
« Nous avons eu des désertions vers le système public et on ne peut pas leur en vouloir. Tout le monde a le droit d’avoir sa place au soleil. Nos ressources sont victimes d’une injustice importante. Les conditions de nos préposés sont moins intéressantes et le travail est colossal. Les ratios devraient être changés et le gouvernement l’admet », commente la propriétaire de la Maison Saint-Germain à Rimouski et du Pavillon Thérèse Lepage à Sainte-Luce et porte-parole régionale de l’Association des propriétaires de ressources intermédiaires.
Pour Kina Dionne, le recrutement des préposés était déjà difficile et le problème s’est accentué avec la pandémie. Outre les conditions salariales, Mme Dionne estime que le travail des préposés doit être mieux reconnu et plus apprécié. C’est inacceptable qu’ils reçoivent 14-15 $ de l’heure pour ce qu’ils font », clame-t-elle.