Vandalisme à la cathédrale : le point de départ d’une vraie mobilisation générale?
Les récents actes de vandalisme sur la cathédrale, qui révoltent énormément les citoyens, pourraient entraîner une vague de sympathie suffisante afin qu’une vraie mobilisation générale s’installe pour sauver l’église-mère de Rimouski.
C’est le souhait émis par le président de la Fabrique Saint-Germain, Jean-Charles Lechasseur, dans une entrevue exclusive au journal le soir réalisée plus tôt aujourd’hui, à la suite des méfaits sur la cathédrale rapportés par la Sûreté du Québec, hier. Dans une première partie de l’entrevue, ce midi, le soir rapportait que monsieur Lechasseur lançait un appel au public pour d’éventuels dons par chèque afin de contribuer à réparer les dommages, dont on ignore encore la valeur.
L’auteur de ces lignes en a profité pour faire le point avec monsieur Lechasseur sur la situation de la Fabrique et de la cathédrale en général, sur la possibilité d’y présenter une messe de Pâques, sur le litige avec l’Archevêché et sur cet élan de solidarité tant souhaité. Il lance un cri du cœur afin que les énergies soient canalisées vers le rôle de la Fabrique.
La cathédrale est fermée depuis novembre 2014, alors qu’on jugeait que son état représentait un danger pour la sécurité publique. Un différend entre l’Archevêché et la Fabrique Saint-Germain a mené à un remaniement des paroisses en 2016, laissant cette dernière seule dans son coin. Les choses ont dégénéré et l’archevêque Denis Grondin a entrepris des démarches juridiques pour démettre les marguilliers de leurs fonctions.
« On ne peut pas abdiquer, avec la cathédrale, c’est trop important, mais nous ne sommes pas des faiseurs de miracles. Malheur est de constater que les biens concernés seraient une perte inestimable. Je ne suis pas un spécialiste de l’orgue, mais je sais qu’il vaut 3,5 M$. Chacun des quatre tuyaux de l’orgue qui a été arraché représente une note de musique faite sur mesure. C’est une œuvre d’art. Chaque note devra être validée pour être recomposée et ajustée. Il y a donc du travail de haute précision à effectuer sur l’orgue », constate Jean-Charles Lechasseur.
Au moment où on préparait quelque chose d’important!
« Quand nous avons vu et pris acte du vandalisme, on était avec le cérémoniaire de l’évêque; on était en train de préparer une célébration pour Pâques. La police nous a indiqué que c’était une scène de crime et ne voulait pas nous laisser entrer la cathèdre dans la cathédrale. Je leur ai expliqué que la cathèdre était ailleurs (à l’église Saint-Pie-X) depuis 2017 et que sa place est dans la cathédrale. Nous ne voulons pas la perdre de nouveau! Alors, on nous a laissés la déposer à l’entrée, mais en faisant bien attention de ne pas contaminer la scène de crime. On dit bien « une cathédrale », parce que le siège de l’évêque, la cathèdre y est bien présente. Sinon, cette église, ce serait l’église Saint-Germain », explique monsieur Lechasseur.
« Mais on vient d’apprendre que l’évêque ne répondrait pas à notre invitation alors qu’elle avait été acceptée au départ », déplore-t-il.
Pas de messe
On pourrait interpréter la collaboration de l’Archevêché dans la démarche de rapatriement de la cathèdre comme une volonté de l’archevêque de se rapprocher de la cathédrale. Par contre, monsieur Lechasseur est déçu de la réponse négative reçue par personne interposée, pas la voie des procureurs des deux parties.
La Fabrique aurait souhaité tenir une messe avec une centaine de personnes à l’intérieur de la cathédrale. Elle a consulté la Ville et d’autres autorités compétentes et les contraintes sanitaires sont trop importantes pour réunir autant de gens. Tant qu’à faire une captation comme à Noël et à faire ce qui avait déjà été fait, on a renoncé.
Monseigneur, vous êtes bienvenu!
« Nous avons effectué de nombreuses démarches pour tenir cette messe de Pâques et on aurait été heureux d’accueillir notre évêque pour sa première visite dans sa cathédrale. On avait organisé une belle célébration. Je répète que nous n’avons jamais dit non à l’évêque; nous avons tout fait pour l’organisation de cette célébration et on continue de dire : « monseigneur, vous êtes bienvenu. » Dans un temps de résurrection, le geste aurait eu une forte résonnance symbolique », insiste monsieur Lechasseur.
Au ralenti sur le plan juridique
Puisqu’il est question des avocats des deux parties, le président de la Fabrique croit que les étapes à venir sur le plan juridique du litige entre les marguilliers et l’Archevêché pourraient être ralenties par un élément nouveau. Le procureur de l’Archevêché, Philippe Thibault, se serait retiré du dossier pour des raisons personnelles. Nous avons effectué un appel téléphonique à celui-ci, mais nous n’avions pas reçu de réponse au moment d’écrire ces lignes.
Le témoignage des marguilliers était la principale étape à venir, à la suite d’une requête de l’Archevêché endossée par un juge.
« Au moment où on se parle, je crois que Me Thibault est absent pour des raisons personnelles. Nous nous sommes préparés à nos interrogatoires, comme prévu, de notre côté, mais il semble que de leur côté, le travail est en attente. Le temps file et il y a un étirement des procédures. C’est lourd à porter », souligne monsieur Lechasseur.
« Le seul rempart valable »
Enfin, celui-ci lance un message directement aux éventuels donateurs, afin qu’ils ne s’écartent pas en destinant leur don à des causes qui seraient plus ou moins identifiées à la cathédrale.
« Il faut avoir une vague de sympathie, mais il faut aussi que les gens comprennent bien : il ne faut pas adhérer à n’importe quoi. Il ne faut pas dévier, sinon on va jouer le jeu de ceux qui veulent détruire la Fabrique Saint-Germain. Je ne veux pas m’étendre sur le sujet, mais dire aux gens que s’ils veulent faire quelque chose pour préserver la cathédrale, ça passe directement par la Fabrique. Nous sommes le seul rempart valable. J’invite d’ailleurs aussi les sympathisants à devenir également membres de la Fabrique, à s’inscrire au registre. »