Un autre virus donne du fil à retordre aux médecins
Le virus respiratoire syncytial s’attaque aux deux ans et moinsUn autre virus en plus du coronavirus donne du fil à retordre aux médecins, à Rimouski, alors que l’on constate que le virus respiratoire syncytial (VRS) apparaît plus tôt et plus souvent qu’à l’habitude.
C’est ce que constate le Dre Caroline Boutin, pédiatre et chef du département de pédiatrie de l’Hôpital régional de Rimouski, en entrevue exclusive avec le journal le soir à ce sujet.
Le virus contribue cette année à engorger les urgences et les cabinets des pédiatres de manière plus importante que d’habitude, mais selon Dre Boutin, il ne faut pas paniquer, car les spécialistes en pédiatrie de Rimouski peuvent répondre à la demande croissante.
Beaucoup d’hospitalisations
« Le virus respiratoire syncytial est arrivé plus tôt qu’à l’habitude, cette année. On est habitué de le voir davantage apparaître en décembre ou en janvier et on le connaît, ce virus. Cependant, l’année dernière, il n’y en a pratiquement pas eu en raison du confinement. Là, il est revenu et il est très présent. Il peut être intense. Il l’est une saison sur deux. La majorité des enfants vont être atteints du virus à moins de deux ans ou trois ans. Là, on a beaucoup d’enfants qui ne l’ont pas eu encore. On voit beaucoup d’hospitalisations d’enfants ces temps-ci, surtout des petits bébés en bas de trois mois ou même d’un an. Des enfants plus âgés peuvent être atteints de pneumonie », explique-t-elle.
Prudence
« C’est souvent transmis par un adulte ou par un enfant plus âgé. Ceux-ci peuvent ne pas présenter de symptômes ou juste un petit rhume. Même si on va se faire tester et qu’on n’a pas la COVID, il faut rester prudent envers les enfants, car ce peut être le VRS. Il affecte vraiment davantage les petits bébés, surtout. Ça peut entraîner une congestion nasale et en bas de trois mois, les bébés ont besoin de respirer davantage par le nez. Tout devient plus difficile, même les boires. Le problème, c’est la quantité des enfants malades. À Montréal, en août, ça commençait. C’est un peu notre petite pandémie de COVID. Il y a beaucoup plus d’enfants malades hospitalisés et on se demande s’il y aura un autre pic bientôt. Ça se produit parfois quand le virus arrive tôt », s’interroge Dre Boutin.
Immunité
L’aspect immunité communautaire n’entre pas, ici, en ligne de compte, comme c’est le cas pour le coronavirus.
« On ne garde pas l’immunité contre le VRS. C’est un peu comme la grippe. On doit se faire vacciner annuellement. Ce n’est pas comme la COVID. Ça fait 18 ans que je travaille en pédiatrie. Il y a des cas de VRS chaque année, mais c’est vraiment plus cette année. On peut dire qu’on est dans une grosse année. On a deux ou trois fois plus de cas qu’une année standard à ce chapitre. C’est la même chose partout au Québec. À Sainte-Justine, ça a débordé. Il y a une petite accalmie cette semaine, mais les semaines précédentes ont été très occupées. On a eu des petits bébés aux soins intensifs. Un cas a dû être transféré par ambulance. Il avait besoin d’intubation. On l’a fait transporter à Québec », signale Dre Boutin.
Urgences
Pour essayer d’éviter de bonder les salles d’urgence et de transmettre le virus, les parents sont invités à maintenir les normes sanitaires du coronavirus : port du masque, respect de la distanciation, lavage des mains.
« Le virus peut demeurer sur une même surface pendant quelques heures. Il faut donc faire aussi attention de désinfecter les lieux fréquemment et de se laver les mains régulièrement. Le conseil que je donne depuis toujours quand des parents sortent avec un nouveau-né, c’est d’éviter les lieux publics comme les centres commerciaux et de limiter les visites familiales. Si des gens ont un rhume, même une fin de rhume, on essaie de ne pas les voir avec l’enfant. Et ce sont souvent les enfants les plus âgés de la famille qui transmettent le virus. Il faut donc inciter toute la famille à suivre les mesures sanitaires de base. Il faut éviter les baisers des adultes sur les bébés », affirme le médecin.
Attention à la période des Fêtes
Après presque deux ans de crise sanitaire, de nombreuses familles se promettent de reprendre le temps perdu dans un peu plus d’un mois. Feu jaune!
« Avec le temps des Fêtes, c’est souvent là que le virus arrive. Et les hôpitaux sont souvent débordés. Effectivement, ce n’est pas indiqué cette année de présenter bébé au reste de la famille. Il vaudrait mieux choisir les membres de la famille que l’on souhaite voir. Si les gens sont malades, on ne les voit pas. Il faut expliquer la situation. Vaut mieux rester chez soi et se protéger de tout ça », estime Dre Boutin.
Répondre aux besoins
« C’est un virus qui provoque de la détresse respiratoire. Les bébés peuvent faire des apnées. Ça a été décrit comme une des causes de mort subite du nourrisson dans des cas extrêmes. Il y a assez de services de pédiatrie à Rimouski pour répondre aux besoins. Je dis aux parents souvent de ne pas paniquer. Il faut bien dégager le nez et la bouche du bébé et s’assurer qu’il s’hydrate bien. En bas de trois mois, on recommande de consulter s’il y a de la fièvre à plus de 38 degrés Celsius. Si les enfants sont plus somnolents ou présentent des signes que la respiration est plus difficile, il ne faut pas se gêner et les parents sont invités à consulter un médecin. On a toutes les ressources qu’il faut en termes de pédiatres, de lits aussi. L’administration est prévenue depuis septembre qu’on risque d’avoir un plus haut niveau de VRS. On a des lits aux soins intensifs. C’est notre priorité de s’occuper des enfants les plus malades. Pour un enfant ou un bébé qui présente des symptômes de détresse respiratoire, de la température et-ou de la somnolence, on va à l’urgence », conclut-elle.