Industrie du taxi : encore faut-il répondre aux 50 millions de courses
En 2019, le gouvernement et le ministre des Transports déposaient le projet de loi 17, Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile (Loi).
La ligne directrice était qu’il y a 50 millions de courses à effectuer au Québec par année et que l’avenir était au taxi. Cette destinée s’incarnait dans une même loi à la fois pour le taxi et pour UBER, soit le transport rémunéré de personnes par automobile.
Or, depuis ce temps, plusieurs facteurs, dont la majeure partie était prévisible, font que l’industrie du taxi n’arrive pas à répondre à la demande, particulièrement en région.
Plusieurs facteurs ont mené à un exode des chauffeurs de taxi. Le premier coup de barre est arrivé lors de l’octroi de la compensation offerte aux propriétaires de permis de taxi. En effet, plusieurs chauffeurs ont décidé de prendre leur retraite bien méritée à la suite de la compensation offerte par le gouvernement.
Dans un deuxième temps, la rigidité administrative, la réglementation serrée, l’arrivée de système d’enregistrement des ventes et la perte de rentabilité due au retard de la modulation de la tarification du taximètre ont poussé plusieurs chauffeurs à quitter les rangs pour se tourner vers d’autres domaines ou se tourner vers les Uber de ce monde en quête d’un gazon plus vert. Cette quête chez Uber n’a pas duré pour la grande majorité, car les salaires ne sont guère mieux de l’autre côté de la clôture.
Finalement, comble du malheur, la pandémie de la COVID-19 pousse plusieurs chauffeurs à la retraite ou à se réorienter vers d’autres secteurs moins à risque.
En conséquence, la flotte de taxi a rétréci de 40%, tout comme le nombre de courses, dont le nombre totalise maintenant 30 millions. Or, les taxis restants ne sont pas suffisamment nombreux pour couvrir les heures non payantes, ce qui occasionne un nombre important de ruptures de service dans plusieurs régions du Québec.
Tout d’abord, dans plusieurs régions du Québec, il existe des enjeux d’offres de service dans le transport adapté qui se traduisent en conséquences directes sur l’offre de service pourtant déjà précaire en transport alternatif et en soins préhospitaliers d’urgence (ambulance).
Ajoutons à cela la prise de risque par les citoyens qui décident de prendre leur voiture au lieu d’attendre des heures à la sortie des bars ou à la fin d’une soirée bien arrosée. Il y a aussi les personnes âgées et les personnes seules qui se fient sur le taxi pour faire leurs courses.
Dans tous les cas, nous nous retrouvons avec 30 millions de courses pour lesquelles il est difficile d’offrir un service, voire impossible dans bien des cas.
Devant ce constat, le ministre croit-il toujours que le gouvernement nous donne les outils appropriés pour assurer la vitalité et la pérennité de l’industrie? Est-ce qu’il est convaincu que le client et le patient sortent gagnants de cette situation et figure au centre des priorités.
Georges Tannous, président de l’Association des taxis des régions du Québec (ATRQ)
Mohamed Dardari, vice-président de l’ATRQ
Serge Lebreux, vice-président et porte-parole de l’ATRQ