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Le député fédéral inquiet pour des amis en Ukraine

Maxime Blanchette-Joncas se souvient de la place de l’indépendance située à Kiyv, communément appelée place Maïdan. C’était le lieu de rassemblement des manifestants lors de la « Révolution orange » (2004) et de l’Euromaïdan (2013). (Photo: courtoisie)

Le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas, est particulièrement touché par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, survenue le 24 février dernier.

Monsieur Blanchette-Joncas a été très ému par le discours prononcé par le président ukrainien Volodymir Zelensky devant la Chambre des communes en visioconférence, mardi.

Alors qu’il était étudiant, en 2018, Maxime Blanchette-Joncas s’est rendu en Ukraine pour y rencontrer un ami effectuant un stage diplomatique de l’Organisation des nations unies (ONU). Il y a séjourné pendant deux semaines. Il y a alors appris les rudiments des langues ukrainienne et russe et s’est fait quelques amis avec lesquels il est toujours en contact. Ses amis son à Kyiv, la capitale du pays.

Dans une entrevue exclusive avec le Journal Le Soir, le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques exprime sa sympathie envers les Ukrainiens.

Maxime Blanchette-Joncas (© HOC-CDC, 2020 Credit: Bernard Thibodeau, House of Commons Photo Services / Service de photographie de la Chambre des Communes)

De tout cœur

« La position du Bloc Québécois est cohérente depuis le début du conflit. Nous sommes de tout cœur avec le peuple ukrainien. Notre soutien se veut indéfectible. Le discours du président Zelensky a été un moment émouvant et inspirant. Je pense qu’on peut se dire honoré d’avoir pu l’entendre hier. On salue le courage des Ukrainiens et des Ukrainiennes. Le discours de notre chef, Yves-François Blanchet, s’est voulu un appui du Québec au peuple ukrainien. »

Marque l’histoire

« Ce qui est impressionnant et ce qu’on en retient surtout, c’est le courage du président ukrainien, de cette personne. C’est un homme extrêmement inspirant. Il est en train de marquer l’histoire à sa façon. Dans son discours, il a pris soin de donner des exemples concrets. Par exemple que l’Ukraine est touchée par les bombes dans des villes importantes, mais est aussi fortement touchée sur le plan de ses infrastructures névralgiques. Il nous demande comment on réagirait si la ville de Vancouver était prise par la Russie, par exemple, parce que c’est un port important. Il a aussi donné d’autres exemples, comme si la tour du CN était bombardée et qu’Ottawa était assiégée. Ça m’a marqué particulièrement qu’il prenne le temps d’imager ses propos pour nous faire ressentir ce qui se vit dans son pays », commente monsieur Blanchette-Joncas.

Après le parlement canadien, le président Zelensky a demandé au congrès américain de défendre l’espace aérien ukrainien. La réponse américaine a plutôt été une aide de 800 M$. (Photo: YouTube)

Des tensions

« J’ai eu le privilège de visiter l’Ukraine. Je suis allé directement à Kiyv, sur la Place de l’Indépendance. Ça m’a donné des frissons. J’ai pris le pouls, là-bas, des gens qui venaient de retrouver l’indépendance de leur pays. L’indépendance, c’est ce qui me motive en politique, c’est ce que je veux pour le Québec. Je voulais comprendre comment eux avaient vécu et vivent leur indépendance. Évidemment, lors de ma visite, il y avait déjà des tensions; il y a toujours eu des tensions. La Crimée avait déjà été prise par la Russie; quatre ans auparavant. Quand j’ai écouté le président Zelensky, ça m’a fait penser aux gens que j’ai rencontrés là-bas en Ukraine. Je suis encore en contact avec certains d’entre eux par l’entremise des médias sociaux. Ils se battent pour leur liberté », affirme-t-il.

On peut voir la ville de Kiyv en direct, par l’entremise d’Internet. (Photo: capture d’écran)

« Il souhaitaient avoir le plein contrôle de leur destin. Il y a des similarités avec le peuple québécois. La nation ukrainienne a décidé de s’affirmer en étant indépendante, entre autres par la révolution Orange, mais la liberté, ce n’est jamais acquis. On doit toujours se battre pour sa liberté. Chez nous, on n’a pas vécu la guerre comme eux l’ont vécu dans leur histoire, cependant, ce qui fait qu’il faut être prudent avec les parallèles. L’Ukraine a fait partie de l’empire de l’Union soviétique (URSS). Il y avait encore des relents de la domination soviétique quand j’y suis allé. Les gens de la génération précédente parlent souvent encore davantage russe qu’ukrainien. C’est qu’à l’école, on les obligeait à apprendre le russe. La Russie a contrôlé l’Ukraine pendant longtemps et ça ne fait pas 100 ans de cela. L’indépendance de l’Ukraine remonte à 30 ans (1991) », observe le député fédéral.

Flamme

« Quand je vois le courage dont font preuve les Ukrainiens après avoir gagné leur indépendance, je sens ma flamme indépendantiste se raviver. Ceux avec qui je suis encore en contact là-bas sont inquiets pour leur vie. Ils vont se coucher sans savoir s’ils verront le lever du jour. L’étau se resserre sur Kiyv. C’est beau la solidarité, mais leur souhait, c’est que la guerre arrête le plus vite possible. Le Canada n’est pas un pays européen et ce serait plus difficile pour lui d’intervenir. Je pense que le Canada doit demeurer en recul pour l’instant », indique Maxime Blanchette-Joncas.

Espace aérien

Quant à la question à savoir si l’OTAN doit ou ne doit pas protéger l’espace militaire ukrainien, le gouvernement canadien, comme d’autres, refuse d’envisager cette option. La raison est simple : si un accrochage avec un avion russe survenait et qu’il devait être abattu, cela entraînerait une réaction en chaîne et vraisemblablement la troisième guerre mondiale.

« Ce qu’on doit faire selon nous, c’est d’établir une passerelle humanitaire le plus rapidement possible. On pourrait aller négocier des ententes avec des transporteurs aériens pour aller chercher des gens là-bas qui sont en train de se battre pour leur survie et les ramener le plus rapidement possible au Canada. On a réalisé un exercice du genre pendant la COVID quand on a récupéré des Canadiens qui étaient coincés aux quatre coins de la planète. On pourrait se rendre en Pologne, en Slovaquie et en Moldavie, des pays limitrophes de l’Ukraine, pour aller chercher des ressortissants. Il faut arrêter de niaiser avec de la paperasserie. On veut leur aider, mais il paraît que c’est compliqué avec des tests biométriques et autres formalités. Ces gens-là fuient la guerre. Me semble que ce n’est pas le moment pour ça. Si on veut sauver des vies, il faut réagir », lance monsieur Blanchette-Joncas.

Parrainage

Ce dernier signale enfin qu’il serait prêt à parrainer privément un ou plusieurs de ses amis en Ukraine pour qu’ils viennent s’installer au Québec, à Rimouski, mais que ce n’est pas ce qu’ils souhaitent.

« Il y a parmi eux des gens qui travaillent au gouvernement. Il y a aussi une personne qui travaille dans le domaine des ressources humaines. Mais pour le moment, aucun d’entre eux n’est ressortissant. Je suis en contact constant avec ces connaissances. Je leur ai déjà exprimé la solidarité du Canada et la mienne, mais le scénario idéal, c’est qu’on arrête la guerre et on reconstruit. Les prochains jours seront décisifs. »

Tentative d’intimidation

Par ailleurs, Maxime Blanchette-Joncas fait aussi partie de la liste établie par la Russie des personnes qui ne sont plus les bienvenues chez elle. Il prend la chose avec un grain de sel, comme sa collègue d’Avignon-Matane-Matapédia, Kristina Michaud, et son chef, Yves-François Blanchet. « Oui, je fais partie de la fameuse liste. Je crois que c’est simplement une tentative d’intimidation de la Russie envers les députés canadiens. Elle a été rendue publique tout juste après le message du président Zelensky à la Chambre des Communes. Ce n’est pas une interdiction de séjour en Russie qui va nous faire reculer. On demande des sanctions économiques fortes. »

« Hostilité scandaleuse »

Voici une bonne idée de ce que donne la propagande russe dans le document accompagnant la fameuse liste.

« Cette mesure est forcée et prise en réponse à l’hostilité scandaleuse du régime canadien actuel, qui a mis notre patience à l’épreuve pendant si longtemps. Chaque attaque russophobe, qu’il s’agisse d’attaques contre des missions diplomatiques russes, de fermetures d’espaces aériens ou de la rupture réelle par Ottawa des liens économiques bilatéraux au détriment des intérêts canadiens, recevra inévitablement une rebuffade décisive et pas nécessairement symétrique », indique un document du ministère des Affaires étrangères de Russier.

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