Logement : le maire « pas convaincu »
Nouveau programme d’aide financière de QuébecLe maire de Rimouski, Guy Caron, s’interroge sur les qualités d’un nouveau programme d’aide financière au logement du gouvernement du Québec qui aurait des lacunes importantes par rapport au précédent.
Dans le cadre de notre série de reportages sur la situation des personnes en recherche de logement et sur le marché locatif et immobilier des derniers jours, le maire, Guy Caron, a abordé cette question avec le Journal Le Soir.
« Le Programme Accès logis est en train d’être écarté au profit d’un nouveau programme. Le gouvernement le nie, mais il s’éloigne du financement d’Accès logis. Il semble vouloir mettre de l’avant un programme d’habitation abordable qu’on évalue présentement, mais qui nous semble problématique à bien des égards. Il demande notamment une plus grande contribution de la Ville, beaucoup plus qu’auparavant, en espérant avoir des investissements privés. On parle dorénavant d’habitation abordable, pas de logement social. La différence est importante. Le logement social est lié à la capacité de payer du locataire; le logement abordable est lié aux prix du marché. Il y a des gens qui auraient droit au logement social qui ne pourraient pas se payer le logement abordable », révèle monsieur Caron.
Pas convaincu
Le maire avoue ouvertement qu’il est loin d’être certain que ce programme viendra contribuer à combattre la crise du logement.
« Présentement, on regarde ce programme, mais honnêtement, pour l’instant, je ne suis pas convaincu que c’est la bonne façon de faire. Maintenant, si la Ville a créé un fonds (de 1 M$) pour le logement social, pour faire sa part, elle peut s’attendre à ce que le gouvernement du Québec fasse aussi sa part. Tout seul, avec un million $, on ne peut pas aller bien loin. On aurait trois unités de logement à peu près! On peut vouloir le faire, mais encore faut-il qu’il y ait des programmes, d’un gouvernement qui soit aussi intéressé à le faire », estime le maire Caron.
Tempête parfaite
Le maire rimouskoise remarque que les citoyens sont très préoccupés par la crise du logement en général.
« Les gens ont beaucoup réagi à vos reportages en rapport avec le logement privé. La manière de régler le problème est en accroissant la construction de logements et en ayant de la disponibilité. On peut faire des choses de notre côté, mais on n’a aucun contrôle sur les prix des matériaux de construction. Les prix de la construction augmentent au point où les entrepreneurs ne peuvent pas rentabiliser leurs investissements. On n’a pas le contrôle là-dessus non plus. On est comme dans une tempête parfaite, où on essaie d’agir le plus vite possible, mais de manière harmonieuse. De l’autre côté, il y a tout ce qu’on ne contrôle pas. On essaie de faire pour le mieux, présentement. On comprend l’urgence, mais on agit selon les moyens et les compétences dont on dispose », soutient-il.
Critique
Le maire est d’accord pour dire que la situation est critique et que la crise à des impacts à plusieurs égards. « Quand on a un taux d’occupation de 99,8%, ça ne peut être que ça. Mais ce n’est pas une situation unique à Rimouski. On n’a qu’à naviguer un peu sur le Web pour le comprendre. À Drummondville, un peu partout, la situation est pratiquement la même partout au Québec, à quelques points de pourcentage près. Il y a des endroits où il y a plus de logements, mais où il y a aussi un problème de prix. C’est un problème à l’échelle du Québec qu’on vit fortement à Rimouski. On essaie de vivre avec à l’intérieur de nos moyens. »
Reconnaissance
Comme d’autres politiciens régionaux, monsieur Caron se demande si le gouvernement sortant reconnaît vraiment qu’il y a une crise du logement au Québec. Le dossier du logement sera un enjeu majeur de la prochaine campagne électorale. D’ailleurs, Québec Solidaire a sauté sur l’occasion de l’élection partielle de Marie-Victorin. Ce comté a été enlevé par la CAQ de manière serrée, tout juste devant le PQ.