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Nouvelle de 17 h

« Doit accepter les enfants »

Les appels à l’aide se multiplient
(Phot courtoisie Ville de Rimouski)

Les témoignages et réactions sont toujours multiples, aujourd’hui, au sujet de notre série de reportages en lien avec la crise du logement, notamment sur les personnes qui sont à la recherche d’une habitation.

On remarque notamment de plus en plus d’appels à l’aide lancés par des individus sur les forums Facebook, mais aussi sur les pages d’organismes comme Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent.

Hier, notre manchette « Il n’y a pas d’avenir à Rimouski », destinée à présenter notre second reportage et à secouer les puces de nos concitoyens et dirigeants, a fait le travail.

Le témoin à l’origine de notre série de reportages est Luc, un père à temps partagé dans la quarantaine dont la condition physique demande la recherche assidue d’un logement adéquat, sinon adapté. Luc décrivait, lundi, tout ce qu’il lisait et apprenait de choquant sur les forums de discussions concernant la recherche d’un logement. Par exemple, ce qu’exigent maintenant les propriétaires et la façon dont réagissent les locataires.

 Il nous rapporte aujourd’hui ce qui suit.

Familles et hamsters

« Dans « Logements à louer Rimouski », une femme écrit : « Urgent! Pour une amie. Recherche quatre et demi ou cinq et demi à louer, Rimouski, Mont-Joli ou les alentours. Doit accepter les enfants. C’est con à dire, mais « asteure », plusieurs propriétaires refusent les enfants. Ça n’a pas de bon sens. » J’ai vu plusieurs témoignages du genre. J’en ai trouvé une autre qui démontre, au contraire, que des propriétaires profitent de la situation pour se faire exigeants : « Animaux interdits (chiens, chats, oiseau, hamster, etc.) ». Je me demande en quoi un hamster peut causer des dommages. Je me demande comment un étudiant peut arriver avec une bourse, à 700 $ par mois pour un studio. J’ai vu des étudiants reporter leur session faute d’endroit où se loger. Je me demande, enfin, jusqu’où ça va aller », explique-t-il.

L’auto moins chère que la chambre à louer

Comme nous l’avons indiqué hier, la plupart des témoins qui nous ont joints ou que nous avons contactés ne sont pas à l’aise de parler à visage découvert, mais nous connaissons leur identité et n’avons aucune raison de mettre en doute leur bonne foi.

Ici, donc, c’est une mère de famille qui nous explique que résidant à 37 km de Rimouski, il a été plus avantageux d’acquérir et d’entretenir une voiture usagée pour sa fille que de louer une chambre dans la ville étudiante. Et c’était il y a deux ans!

« À Rimouski, pour une chambre de six pieds sur six pieds avec lit et salle de bain et cuisine communautaire au rez-de-chaussée, c’était près de 500 $ il y a deux ans. Je trouvais déjà ça cher et ça a empiré. Ça lui a coûté moins cher d’avoir sa voiture, finalement. »

1 000 $ pour un studio

On a souvent fait la comparaison entre Rimouski et Québec sur la rareté et le prix des logements par les années passées. Il semble que Québec soit maintenant mieux placée.

« Aujourd’hui, ma fille a été acceptée au Cégep de Sainte-Foy (Québec) et lui trouver un logement a été relativement facile. Il n’y a pas de résidences pour ce cégep, mais il y a beaucoup d’édifices à logements dans le secteur du cégep et de l’université. Pour un deux pièces et demi, semi-sous-sol, c’est 660 $ chauffé et 55 $ de plus pour semi meublé + 55 $/mois pour un stationnement. En contrepartie, pour son « chum » qui ira à l’université à Sherbrooke, c’est 1000 $ par mois pour un logement d’une pièce et demie. Le monde est rendu fou », exprime aussi la dame.

Appel lancé par Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent. (Photo: capture d’écran Facebook)

États généraux proposés

Le journaliste et auteur Harold Michaud y va d’une suggestion que des lecteurs estiment pertinente, relayant notre reportage sur sa propre page Facebook. On devrait tenir des états généraux sur la crise du logement.

« Des entreprises privées, des coopératives d’habitations, des gestionnaires d’habitations à loyer modique, des élus, des associations de propriétaires et de locataires, l’Institut maritime, le Cégep, l’UQAR, le temps est venu de prendre le taureau par les cornes et de mettre en branle des états généraux sur cette crise qui affecte la qualité de vie de nombreux citoyens et qui de surcroît freine le développement. Ce diagnostic est partagé par plusieurs depuis trop longtemps et il faut maintenant agir. Faut-il penser le logement autrement ? Y-a-t’il un rassembleur dans la salle ? », commente monsieur Michaud.

Sur un pied d’alerte pour les réfugiés

Le conseiller municipal rimouskois Jocelyn Pelletier indique que les tables régionales de concertation sur l’attractivité et sur l’immigration travaillent en concertation sur le dossier du logement et sont sur un pied d’alerte, présentement. Ils ont justement tenu une réunion aujourd’hui.

« Je suis porte-parole de la Table sur l’immigration qui réunit 12 instances régionales. Nous échangeons avec la Table d’attractivité du Bas-Saint-Laurent et nous avons fait un remue-méninges pour favoriser des solutions pour accélérer la réalisation de logements sociaux, pour les nouveaux arrivants que nous souhaitons loger. Nous évaluons toutes les possibilités. Toutes les idées sont bonnes. On veut faire en sorte que les réfugiés qui arrivent à Rimouski par l’entremise de notre programme de ville d’accueil soient bien accueillis. »

À long terme

« Jusqu’à maintenant, on a été capable de se débrouiller. Par exemple, Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent a un logement de transition qui est utilisé efficacement. Nous avons cherché des places dans des édifices qui ont des espaces disponibles, qui regroupent habituellement des communautés, comme la résidence des Sœurs du Saint-Rosaire. Mais on recherche des logements à plus long terme. On se dit qu’il y a des projets de construction en marche qui vont nous aider. Au moins, il y a une lueur d’espoir à moyen et long terme. On pousse tous dans le même sens pour trouver des solutions », fait remarquer monsieur Pelletier.

Jocelyn Pelletier (Photo: courtoisie)

Déjà regroupés

Quand on lui demande ce qu’il pense de l’idée de regrouper des organisations socioéconomiques et des établissements scolaires, entre autres, dans de grands états généraux, monsieur Pelletier estime que ce n’est pas nécessaire.

« La Table de concertation en immigration réunit déjà tous ces gens-là autour d’une même cause. Il y a l’UQAR, la Ville, la MRC, le Centre intégré de santé et de services sociaux, la Chambre de commerce, etc. »

À six ou sept

« J’ai entendu qu’il n’y a plus aucun logement de cinq pièces et demi disponible, alors que nos réfugiés, qui viennent ces temps-ci d’Afrique centrale, arrivent ici en famille, à six ou à sept », confie enfin monsieur Pelletier.

Lundi, nous poursuivrons notre série de reportages avec des pistes de solutions.

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