« C’est une aberration » : – Danielle Doyer
Éventuelle disparition d’un comtéLa députée Kristina Michaud a fait paraître une lettre en réaction à la proposition de redécoupage électoral, dénonçant le fait que cette proposition suggère de supprimer sa circonscription d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia : plusieurs élu(e)s se sont joints à elle comme signataires.
C’est entre autres le cas de l’ancienne députée de Matapédia et ancienne mairesse de Mont-Joli, Danielle Doyer qui a déjà vécu ce phénomène au cours de sa carrière et qui estime qu’il s’agit d’une aberration.
« On parle de la direction des élections fédérales qui veulent faire de l’Est-du-Québec deux circonscriptions en en enlevant une alors qu’on en a déjà des immenses. Et moi, au Québec, pendant les 18 ans que j’ai siégé à l’Assemblée nationale du Québec, la direction générale des élections du Québec aurait découpé ma circonscription trois fois. »
« Alors je suis passé de 45 municipalités à 37 à 35, puis la dernière fois, quand j’ai décidé de me retirer, il prenait la Matanie et il la mettait avec la Matapédia et la Mitis. Je me retrouvais avec une circonscription de 45 municipalités et au lieu d’avoir deux MRC, j’en avais trois. En calculant ça, je me suis dit que j’aurais le temps d’aller un jour ou deux dans une municipalité dans l’année pour rencontrer les citoyens. »
La porte-parole d’Élections Canada, Natasha Gauthier, précise toutefois que le processus de redécoupage n’a rien à voir avec Élections Canada : « Ce sont des commissions indépendantes. Chaque province a sa commission indépendante, ça n’a rien à voir avec Élections Canada, ni le directeur général des élections. »
Un territoire plus grand et moins de représentants
Elle poursuit : « À un moment donné, il va falloir qu’ils aient d’autres critères que le simple numérique pour faire en sorte que des députés de milieux ruraux, agricoles, forestiers éloignés, ont des territoires de la grandeur de certains pays d’Europe. Alors, un moment donné, à moins qu’ils ne rendent disponible un hélicoptère à chaque député dans les régions éloignées comme les nôtres, à moins qu’ils ne fournissent des cours de pilotage et un hélicoptère. Vous allez trouver que j’exagère, mais je n’exagère pas tant que ça. »
La superficie des territoires est d’ailleurs un élément que madame Michaud souligne dans sa lettre : « Ce n’est pas la première fois que l’Est-du-Québec voit son poids politique s’effriter. Déjà, dans les années 1990, la région avait perdu une circonscription électorale et, du même coup, une voix importante au Parlement. Ce que la Commission suggère, c’est de restreindre notre coin de pays à seulement trois représentants. Trois voix pour représenter les citoyennes et les citoyens de territoires aussi grands que ceux de pays européens qui, eux, peuvent compter sur des parlements complets pour les administrer. »
La superficie de la circonscription d’Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia est de 14 461,67 kilomètres carrés et a une population de 71 897 habitants en date de 2016.
« On a besoin de se voir »
« Vous savez, les députés, une des phrases qu’on se fait souvent dire, c’est : vous vous faites élire, et après on ne vous voit plus. Sauf que la plupart des députés dans les milieux ruraux aiment beaucoup ça, aller sur le terrain, aller voir leurs commettants, puis les gens aiment ça aussi, puis on se connaît davantage. On se fréquente davantage qu’en milieu urbain et on a besoin aussi de se voir pour bien comprendre les diverses problématiques. »
« Et Kristina, ça lui prend déjà tout son petit change pour faire son travail comme du monde. À un moment donné, ça commencer à être déshumanisant comme travail pour un député. Cette façon de redécouper les territoires, ce n’est pas humain de demander ça à quelqu’un, d’avoir une représentation sur un aussi vaste territoire de citoyens, alors qu’ils laissent la vérité du nombre, puis qu’ils prennent la vérité de l’humain un peu là, autant pour les commettants que les députés, hommes et femmes qui veulent faire leur travail comme du monde et qui doivent faire leur travail. »
Le maire Caron répond
Le maire de Rimouski, Guy Caron, se positionne sur la question.
« Je suis entièrement d’accord avec la position de la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent qui souhaite, tout comme moi, maintenir le poids politique de l’est du Québec intact. Je prépare d’ailleurs un mémoire sur le sujet qui sera présenté lors de la consultation publique tenue le 8 septembre prochain à Rimouski par la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales. »