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Économie

L’inflation n’épargne pas les clients des déneigeurs

(Photo Unsplash – crédits : Bernd Dittrich)

Des compagnies de déneigement de la région augmentent leurs prix pour la saison 2022-2023 pour contrer la hausse des coûts et demeurer rentables.

Tandis que la saison de déneigement s’amorcera le mois prochain, trois compagnies rimouskoises, soit Déneigement Sainte-Odile, BMP Inc et Pro-Neige répondent à l’inflation pour rester à flot.

Une augmentation de 22 %

Le propriétaire de Déneigement Sainte-Odile, également copropriétaire de BMP Inc, Sébastien Lévesque, rapporte que ses deux compagnies ont dû augmenter leurs prix de 22 %, passant de 393 $ avant les taxes à 479 $ avant les taxes pour un contrat de déneigement.

Il explique que trois variables sont entrées en ligne de compte

« L’année passée, avec la hausse du prix du diesel, on s’est ramené au point de ne pas faire de profit. On entend dire que le carburant va encore augmenter et c’est certain que cette année on ne peut pas refaire un déficit comme celui-là. Étant donné que le coût du diesel est plus haut, tout ce que l’on achète est plus cher : tout est transporté. Aussi, la maintenance des tracteurs, l’entretien de la machinerie, je crois que ça coûte 40 % plus cher qu’il y a deux ans. L’échelle salariale a monté aussi, parce qu’il faut essayer de contrer la pénurie de main-d’œuvre », détaille monsieur Lévesque.

Pareil ailleurs

Le même phénomène se fait sentir chez la compagnie Pro-Neige, qui enregistre pour sa part une hausse de 20 % de ses prix, passant de 400 $ à 480 $. La compagnie fait d’ailleurs parvenir une lettre à sa clientèle pour l’en informer et lui expliquer les raisons derrière ce changement. Elle cite sensiblement les mêmes raisons que Sébastien Lévesque.

« Nos coûts d’opérations ont grimpé d’environ 40 %, mais nous avons décidé de faire notre bout de chemin et d’appliquer une hausse de 20 % à nos contrats cette année. La pénurie de main-d’œuvre est le plus grand enjeu pour la survie de notre entreprise. Les opérateurs doivent être disponibles (sur appel) sept jours sur sept, 24 heures sur 24 (souvent la nuit) du mois de novembre au mois d’avril. Pour attirer et garder nos bons opérateurs, nous avons dû augmenter les salaires de 30 % à 40 % depuis trois ans.

Le prix du diesel a augmenté de 75 % et les analystes ne s’attendent pas à une baisse. On constate également des hausses de prix pour la machinerie, les assurances et les pièces d’environ 30 %. Les coûts pour la maintenance et les réparations de nos équipements de déneigement ont explosés », indique la lettre que le propriétaire de Pro-Neige, André Hins, a fait parvenir au journal.

Une question de rentabilité

En ce qui concerne les secteurs d’opérations des déneigeurs, monsieur Hins et monsieur Lévesque sont d’accord pour dire qu’il s’agit de rentabiliser son temps et qu’aucun secteur n’est réservé ou interdit.

« Il n’y a pas vraiment de répartition. On dessert les clients qu’on veut. De mon côté, à Déneigement Sainte-Odile, je me suis toujours concentré sur le vieux Sainte-Odile, Saint-Robert et Saint-Pie-X. Je n’ai pas d’ententes, ni de restrictions. C’est simplement le territoire que j’ai décidé de desservir en 2012 et je suis toujours resté là », relate Sébastien Lévesque.

Il ajoute que BMP dessert pour sa part partout en ville.

« Je vais parler pour mon entreprise, mais on se concentre sur certaines rues. Avant, j’allais à Sainte-Odile, à Saint-Robert, à Rimouski-Est. Avec les années, j’ai arrêté d’aller dans ces coins-là, parce que quand tu te promènes partout en ville, ce n’est pas possible d’être rentable », explique André Hins.

Une même réalité

Enfin, si les prix diffèrent un peu et que les déneigeurs ne se rendent pas tous dans le même secteur, la réalité de l’industrie semble être la même d’une compagnie à une autre.

« Depuis cinq ou six ans, on peut dire qu’on sort environ entre 35 et 42 fois par année. En moyenne, on va au moins aller deux fois chez le client par sortie. On doit visiter chaque entrée entre 80 et 100 fois dans l’hiver. Si on parle de 480 $, ça fait moins de 5 $ pour aller déneiger un client », ajoute monsieur Hins.

« Ça représente plus ou moins 300 heures de travail dans l’hiver pour un conducteur de tracteur. Il ne peut pas s’éloigner de la ville, il ne peut pas faire de party le vendredi, ni le samedi. On travaille dans le temps des fêtes, il n’y a pas d’heures, ni de journées. Il n’y a donc pas trop d’avantages de ce côté-là. Quand on est en opération, ça représente environ une quarantaine de sortie par année. Chaque sortie représente quatre passages en avant de chaque client, ou quatre fois que l’on doit rentrer dans la cour du client.

Autrement dit, on commence la nuit, on rentre dans la cour du client pour repasser en face de cette cour plus tard dans la nuit, histoire de vérifier qu’il n’y a pas de charrue qui a fait des cordons. Ensuite, on commence le ménage dans l’avant-midi, on va rentrer dans la cour du client et quand on refait un deuxième tour pour s’assurer que le ménage a bien été complété, il y a des clients qui vont avoir déplacé leurs véhicules, alors on va encore rentrer dans leurs cours, ce qui fait quatre passages par clients, dans une moyenne de quarante sorties », conclut monsieur Lévesque.

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