Beaucoup à faire pour une justice plus accessible
Par 12.10.2022 17:00
La tenue, ce mercredi à Rimouski, du premier forum du Centre de justice de proximité du Bas-Saint-Laurent a été l’occasion de constater qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour offrir un meilleur accès à la justice.
Le journaliste et ancien animateur de l’émission « La Facture », Pierre Craig, a ouvert la réflexion en racontant aux participants pourquoi il avait décidé de produire un documentaire intitulé « Le Procès », qui traite des difficultés rencontrées par plusieurs afin d’obtenir justice.
300 messages par semaine
« À ‘’ La Facture ‘’, on recevait entre 250 et 300 messages par semaine de gens qui avaient des choses à dénoncer. Ça me faisait de la peine de devoir me limiter à fouiller deux histoires par semaine. J’en ai parlé avec mon prédécesseur à l’animation de l’émission, Gilles Gougeon. Nous avons convenu que c’était à la justice de régler ses problèmes. Dans le film, toutes les histoires sont véridiques. Elles démontrent les limites et les ratées du système judiciaire », raconte le journaliste de 70 ans.
Doigts coupés
Parmi les cas qui ont marqué Pierre Craig, il y a celui d’un homme dont tous les doigts ont été coupés à la hauteur de la première phalange et dont l’assureur a refusé de payer, prétextant qu’il avait toujours l’usage de ses doigts.
Ébouillantée
Il y a aussi l’histoire d’une jeune fille de six ans brûlée aux 2e et 3e degrés par l’eau de la bouilloire de son professeur, qui avait quitté la classe en demandant aux jeunes de ne pas bouger.
« La Commission scolaire a d’abord plaidé que la faute appartenait aux jeunes qui n’avaient pas respecté les consignes. À l’étape du procès, les avocats de la Commission scolaire ont choisi de régler. Il a alors été uniquement question du quantum, c’est-à-dire du montant de l’indemnisation. Les parents se débattaient depuis plus de deux ans. »
« Ils auraient voulu pouvoir raconter leur histoire au juge. Ce ne fut pas le cas. D’ailleurs, 80% des gens qui entament des procédures judiciaires le font pour être entendus par un juge, tandis que seulement entre 10 et 15 % le font pour gagner », indique monsieur Craig.
Une première allocution pour la nouvelle députée
La nouvelle députée de Rimouski, Maïté Blanchette-Vézina, a fait sa première allocution officielle depuis son élection.
« Ça tombe bien puisque je suis avocate de formation. Le gouvernement a fait des choses lors du dernier mandat pour faciliter l’accès à la justice, mais nous sommes conscients qu’il reste des choses à faire. L’état a un grand rôle à jouer. Nous avons nommé plus de juges et augmenté le soutien au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Il reste plusieurs défis à relever, mais quand on se mobilise, on y arrive. Cette journée permettra d’établir les besoins et de trouver des solutions », a-t-elle indiqué.
Forces arrimées
« Nous saluons l’arrivée de la loi 26, qui pourrait modifier l’offre de service du Centre de justice de proximité du Bas-Saint-Laurent puisque nous serions autorisés à offrir des conseils juridiques à la population, ce qui n’était pas possible avant. Le Forum nous permettra d’échanger avec les personnes actives auprès de la communauté afin d’en apprendre davantage sur les besoins identifiés sur le terrain. »
« Ainsi, nous pourrons arrimer nos forces et compétences avec tous les acteurs du système judiciaire, et ce, au profit des citoyens », indique Marie-Josée Fournier, directrice générale du Centre de justice de proximité du Bas-Saint-Laurent.
Offert gratuitement, l’événement était destiné aux représentants du domaine de la justice ainsi qu’aux intervenants des organismes communautaires de la région. L’objectif étant de réunir les intervenants actifs auprès de la communauté et ceux du système de justice afin d’échanger sur les besoins de la population et réfléchir aux avenues de collaboration entre les différents acteurs du milieu.