Stationnements : l’eau, pomme de discorde
« On a payé 10 M$ pour la conduite » -Guy CaronAprès l’affaire de la maison brune, ça sent aussi l’affrontement dans un autre dossier de la Ville de Rimouski, alors que le conseil municipal se réunit ce soir.
À l’occasion d’un point de presse portant justement sur le sort de la fameuse maison brune située au 304 avenue de la Cathédrale, cet après-midi, le maire de Rimouski, Guy Caron, a été interrogé au sujet de cet autre dossier épineux.
L’interdiction totale d’utilisation de l’eau potable municipale pour le nettoyage des entrées a fait l’objet d’un avis de motion à la dernière assemblée du conseil. On peut actuellement le faire une fois par année. L’avis de motion précède l’adoption d’une résolution du conseil municipal pour amender ou adopter un règlement. Ce règlement pourrait être adopté ce soir. Il a été amené à la table du conseil par le conseiller Jocelyn Pelletier.
Une vague de réactions
Depuis 10 jours, des articles du Journal Le Soir ont déclenché toute une vague de réactions qui ont trouvé écho jusque dans les grands médias, dont La Presse, TVA, Radio-Canada et le réseau radio Cogeco, aux quatre coins du Québec.
« On a payé 10 M$ »
Le maire Caron semble camper sur les positions du conseil qui s’apprête à adopter le règlement projeté. Il justifie la démarche en expliquant que la consommation d’eau potable des Rimouskois.e.s est exagérée.
« On fait des exercices présentement pour tenter de changer les comportements. Ce n’est as le seul règlement en lien avec l’eau. On a des règlements qui imposent des permis d’arrosage, on en a un règlement qui impose des tarifs aux permis d’arrosage. On a une taxe sur les piscines, également. On vient de construire une seconde conduite d’amenée, parce qu’on avait un manque de conduite d’eau potable pour assurer la sécurité et la fiabilité à Rimouski. Il s’est dépensé 10 M$. On en est maintenant à une situation où il faut changer les comportements », tranche le maire.
Comme 120 000 habitants
« Parfois, dans les périodes de pointe, pour la ville de Rimouski, où il y a 50 000 habitants, on consomme de l’eau potable comme une ville de 120 000 habitants. On dirait que dans le cas de l’arrosage de l’asphalte, si on parle du fait que ça consomme en général pour une période de 10-15 minutes, entre 100 et 300 litres d’eau. Si on considère qu’il y a 23 000 unités d’habitation à Rimouski et que les deux tiers ont des entrées d’asphalte, le calcul que l’on fait c’est que ça représente beaucoup trop de consommation d’eau. »
Récupérer
« On sait aussi que l’eau de pluie peut être récupérée et réutilisée; que le balai peut être utilisé, que la pluie peut être utilisée, on se dit qu’effectivement ça (le règlement projeté) fait partie des moyens qu’on peut utiliser pour encourager les citoyennes et citoyens à adopter de nouvelles pratiques. L’ensemble des mesures que l’on préconise vise à changer les comportements envers la consommation de l’eau potable. Certains disent que l’eau est une ressource inépuisable, mais il faut la traiter et il y a un coût », fait valoir Guy Caron.
« On doit s’assurer que l’eau potable de Rimouski soit utilisée à bon escient et non pas nécessairement pour ce nettoyage. On n’est pas les premiers à faire ça. Drummondville, Gatineau, Trois-Rivières, Val-d’Or le font présentement. Québec et Montréal semblent faire à peu près ce que nous faisions avant le changement projeté. Nous on veut aller plus loin », affirme le maire.
Citoyen contrarié
Un citoyen du district Sacré-Cœur, Jean-Claude Roy, est à l’origine de la contestation. Il a eu l’occasion s’exprimer sur de nombreuses tribunes, aujourd’hui, lui qui s’est d’abord tourné vers Le Soir pour exprimer son désaccord.
« D’abord, il faut éviter ce que le maire utilise comme expression et parler « d’arrosage de l’asphalte ». On parle de nettoyage. On parle d’un nettoyage printanier d’une heure. Je n’irai pas déchirer ma chemise devant le conseil, ce soir. Je vais demander le maintien du règlement actuel. »
Dans l’excès
« Avec le règlement concerné, on tombe dans l’excès, pour quelques « Bougon ». Il y a un aspect intrusion dans la vie privée. Comme si on venait me dire combien d’eau je dois mettre dans mon bain ou pendant combien de temps je devrais prendre de l’eau chaude pour ma douche », déplore monsieur Roy, aujourd’hui.
Expérience inutile?
Jean-Claude Roy s’interroge sur l’utilité d’un projet-pilote auquel il a lui-même participé, qui permettrait d’évaluer la consommation d’environ 300 résidences.
« On n’a jamais eu de nouvelles de personne, à ce sujet. J’aurais aimé voir mes statistiques. Il semble que cela puisse se faire à distance, par des véhicules de la Ville qui passent devant nos maisons, à l’aide d’un émetteur contenu dans le compteur d’eau. Les corvées domestiques, normalement, ça va au bon jugement de chacun. Il y en a des plus propres et il y en a des moins propres. C’est la vie en société. »
« Je m’interroge à savoir si on fait du nivellement par le bas. Moi, on n’a pas besoin de me convaincre pour ce qui est de l’importance de préserver l’eau potable. J’utilise d’ailleurs un appareil à pression économe en eau à 90%. On ramasse souvent les cochonneries des autres par le ruissellement. Je ne commencerai certainement pas à utiliser une brosse pour nettoyer, rendu à mon âge », conclut le résident du district Sacré-Cœur.