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Nouvelle de 17 h

« Si ça continue, Rimouski va perdre son âme »

-Cri du cœur d’un architecte féru d’histoire
Le Musée régional de Rimouski (photo: journallesoir.ca).

Il y a des constats qui ne nous interpellent pas immédiatement, mais qui, une fois l’ensemble du problème saisi, frappent comme un direct au plexus solaire.

Au lendemain de l’annonce de la mise en vente prochaine du couvent des de la congrégation des Sœurs du Saint-Rosaire, un édifice datant de 1904 et évalué à 32,7 M$, le professeur en architecture à la retraite et féru d’histoire Michel Saint-Pierre, sonne la cloche, c’est le cas de le dire, et deux fois plutôt qu’une!

Le problème est démographique et historique. Si l’histoire de Rimouski a été marquée par la présence de ses communautés religieuses, notamment pour le développement de l’éducation, et si ses communautés religieuses s’éteignent progressivement en raison du déclin démographique, ce sont tous les bâtiments religieux de Rimouski qui sont menacés de démolition.

Faire face

La cathédrale, le presbytère Saint-Germain, l’ancienne école des Frères du Sacré-Cœur, l’ancienne école d’agriculture ne sont ainsi que le début d’une liste qui va s’allonger sans cesse. Alors, selon Michel Saint-Pierre, c’est un peu comme les changements climatiques et l’érosion côtière. Après avoir nié et/ou ignoré les problèmes, il faudra bientôt y faire face.

Âge et société

 Selon Radio-Canada, la moyenne d’âge des membres de la communauté du Saint-Rosaire est maintenant de 85 ans. « C’était inévitable, compte tenu de la situation démographique. Ça met en évidence la situation qu’on va se retrouver bientôt avec une foule de bâtiments rendus à une période où il faut changer leur vocation. Il y a le vieillissement mais il y a aussi les changements sociaux. S’il y avait encore la ferveur religieuse d’autrefois, on n’aurait pas eu de problèmes avec l’entretien de la cathédrale et on ne serait pas forcé de vendre les églises et les presbytères. »

Perdre son âme

Monsieur Saint-Pierre lance un véritable cri du cœur. « C’est toute notre identité historique et notre identité culturelle qui sont en jeu. C’est toute notre histoire qu’on laisse dépérir. Rimouski va perdre son âme! Que ce soit un ou l’autre de tous les bâtiments religieux, on a dès maintenant un défi de société à relever. La façon logique d’opérer serait de convertir ces édifices afin qu’ils répondent justement aux besoins de la nouvelle société. Et cette fois-ci, il faudrait essayer de le faire dans un esprit de développement durable. Il nous faut une stratégie d’ensemble et il nous faut du leadership politique et citoyen à ce sujet. »

« Disons-nous que ce sont des problèmes mais que ce sont aussi des opportunités de faire les choses intelligemment et durablement. Il suffit de donner une seconde vie à ces bâtiments et en même temps, nous sauverons notre patrimoine. Sauvons l’âme de notre cité tout en étant écologiques. On ne peut pas construire encore comme dans les années 1960, où la population était en croissance », affirme-t-il.

200 ans d’utilité

La preuve que c’est possible, selon Michel Saint-Pierre, c’est que l’édifice qui abrite le Musée régional de Rimouski existe depuis presque 200 ans (1823) et qu’on lui a toujours trouvé une utilité.

« Depuis 1823, ce bâtiment n’a jamais cessé d’être utile à notre communauté. Quand la cathédrale a été construite et que la paroisse a été déménagée à la cathédrale, l’église est devenue le séminaire. On a gardé sa forme extérieure. Le décor intérieur a servi à l’église de Saint-Fabien. Puis la fenestration a été changée. Au tournant du 20e siècle, on a rasé les murs et refait des planchers à l’intérieur. Le bâtiment et l’enveloppe ont toujours été là. Dans les années 1970, on a réparé les pignons et refait la toiture. On l’a remis en valeur et c’est devenu le musée. »

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