Le coronavirus s’ajoute à l’hémodynamie
Québec semble continuer de faire la sourde oreille à la région Bas-Saint-Laurent et un dossier s’ajoute à celui de l’hémodynamie : l’économie de Rimouski commence à être affectée par la crise du coronavirus.
L’insulte s’ajouterait à l’injure, selon le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, qui s’inquiète aujourd’hui des retombées régionales de la crise du virus, après avoir réclamé un service d’hémodynamie à l’hôpital de Rimouski depuis le début de la semaine, appuyé par toute la communauté. Car la région ne semble pas entendue ou très peu.
La Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette a émis un communiqué en fin de journée qui vient confirmer les dires du député Harold LeBel, en entrevue, en milieu de journée.
« À l’heure actuelle, nos membres provenant des secteurs économiques directement affectés ont fait état de pertes de revenus se chiffrant à plusieurs milliers de dollars, sans parler de la valeur de la plupart des portefeuilles d’action qui ont subi une perte significative de leur valeur. Les entreprises affectées n’auront d’autre choix que de mettre à pied plusieurs employés », précise la Chambre.
« Le gouvernement du Québec a promis qu’aucune entreprise et qu’aucun employé ne serait laissé de côté. De ce fait, nous sommes en attente de l’annonce de ces mesures par le ministre de l’Emploi Monsieur Jean Boulet et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Le gouvernement canadien, quant à lui, a annoncé un montant de 10 milliards de dollars pour venir en aide aux entreprises canadiennes », a dit le directeur général de la Chambre, Jonathan Laterreur.
Témoignage
« Le problème avec ce gouvernement, c’est que dans la crise du coronavirus autant que dans celles du développement régional et économique et du dossier de l’hémodynamie, tout est strictement centralisé à Québec », affirme monsieur LeBel au journal le soir.
Ce matin, en commission parlementaire, monsieur LeBel a fait part du témoignage d’un entrepreneur : « Y-aura-t-il des mesures compensatrices pour des entreprises telles que nous? À partir de Rimouski, nous exportons en Chine, en Corés du Sud, USA, Royaume-Uni, France, Belgique et plusieurs autres pays. Les conséquences de cette pandémie est souffrante pour notre entreprise. Nous sommes fiers d’aller chercher 99,5% de notre chiffre d’affaires à l’extérieur de Rimouski. »
« L’impact est majeur pour nos économies », a ajouté monsieur LeBel en commission parlementaire. La ministre responsable de la région, Marie-Ève Proulx, a répondu en partie à l’aide de documents préparés depuis un certain temps, pour l’essentiel de sa réponse, mais elle a aussi voulu rassurer brièvement la population et les gens d’affaires.
« Pas en crise »
« C’est une situation qui n’est pas facile mais elle est sous contrôle. On est en « mode » prévention, pas en gestion de crise. On pose des gestes pour prévenir des situations plus dramatiques. Il en va de même pour les entreprises. Nous sommes à pied d’œuvre pour trouver des solutions., Deux comités d’urgence, un en santé et un en économie, viennent d’être créés pour trouver des mesures concrètes et rapides pour accompagner les entreprises. Des programmes sont développés et des entreprises peuvent être aidées », a déclaré la ministre.
Plus de leadership
« Il y a toujours un réflexe de centralisation dans leurs affaires. J’aurais aimé que la ministre me réponde plus précisément pour répondre aux besoins des entreprises et des intervenants, Tout le monde est un peu dépassé dans le secteur économique. On a besoin d’enlignement, de savoir ce que le gouvernement veut faire. Pour l’instant, ce que je vois c’est qu’aucun réseau de communication n’est établi. Il me semble que la ministre aurait dû se faire plus rassembleuse, qu’elle aurait dû communiquer avec tout ce monde-là. Pas à Québec, mais sur le terrain, où se passent les affaires », tranche Harold LeBel.
« Je m’attendrais à plus de leadership de la part de la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent qui a aussi un rôle de développement économique régional », déplore le député.
Fébrilité à Québec
« J’ai vécu la crise du verglas de près en 1998 et je peux vous dire que c’est très fébrile à Québec aujourd’hui et que je n’ai jamais vu rien de tel qui touche autant tout le Québec. En plus, on ne peut pas fermer tout de suite car il y a des crédits et des budgets à adopter. La crise vient bouleverser tout ça. On est en train d’essayer de trouver des règles parlementaires qui permettraient de s’adapter à la situation », déclare monsieur LeBel.
« Pour l’hémodynamie, on ne lâchera pas le morceau. La ministre m’a ramené la cassette du gouvernement de la centralisation. Ce que je trouve le plus décevant, c’est qu’on a sciemment alarmé la Gaspésie pour qu’elle se monte contre Rimouski. Je trouve ça très décevant », promet Harold LeBel.