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Hémodynamie : deux élus se vident le cœur

Le préfet Saint-Pierre et le maire Soucy sont révoltés par un « complot »
Le maire de Mont-Joli, Martin Soucy (Photo journallesoir.ca- Pierre Michaud)

Tout n’a pas été dit dans le dossier de l’hémodynamie, alors que la délégation régionale qui s’était rendue à Québec le 9 mars dernier s’est butée à une fin de non-recevoir de la ministre de la Santé et des Services Sociaux, Danielle Mc Cann.

La crise du coronavirus a interrompu les activités politiques régulières et a occulté le dossier, mais le journal le soir a appris que des acteurs de cette mobilisation régionale n’ont pas dit leur dernier mot. Ils réclament maintenant une rencontre avec le premier ministre François Legault afin de le convaincre de trouver les 2 M$ nécessaires à l’implantation du service au centre hospitalier de Rimouski.

L’hémodynamie est une technique d’intervention simple qui permet notamment de débloquer les artères d’un patient rapidement. Il y a parfois des complications qui exigent un suivi serré sur place.

Un complot

L’affaire prend des allures de complot. La pièce maîtresse sur laquelle la ministre s’est basée pour refuser la demande de la délégation régionale serait une lettre du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie disant qu’elle n’était pas d’accord avec la démarche, que ses usagers sont mieux soignés avec un transport aérien, que les Gaspésiens auraient peur de perdre. Bref, les Gaspésiens ne voudraient pas d’un service d’hémodynamie à Rimouski.

Or, selon messieurs Saint-Pierre et Soucy, c’est une guerre de pouvoir corporatiste qui cause tous les problèmes. Des ou les cardiologues qui pratiquent à Québec refuseraient de venir travailler à Rimouski. Ils auraient fait pression sur des hauts fonctionnaires pour qu’ils fassent pression à leur tour sur le CISSS pour mettre des bâtons dans les roues de la délégation régionale.

Le préfet de la MRC Rimouski-Neigette, Francis Saint-Pierre, qui est habituellement très calme, est révolté.

Geste téléguidé

« Comme disait Éric Forest, l’ancien maire de Rimouski, ce que j’ai à la cheville, ce n’est pas un élastique, c’est une chaîne et elle est arrivée au bout! Je suis sorti de la rencontre de Québec très frustré. Il y a des enjeux qui n’ont pas été nommés par rapport à la position de la Gaspésie et je ne suis pas capable de laisser passer ça. Première des choses, j’avais écrit une lettre comme préfet avec tous les préfets et maires du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie et elle était bien co-signée. Une fois cette lettre rentrée à Québec, quelqu’un du ministère a appelé le CISSS de la Gaspésie et a demandé une lettre à son tour signée par les élus gaspésiens, pour contrecarrer le poids de la première lettre », confie-t-il.

« Des élus gaspésiens m’ont dit qu’ils étaient solidaires et qu’ils ne reviendraient pas sur leur appui. Quand le CISSS de la Gaspésie dit qu’il serait dangereux d’envoyer des patients en hémodynamie, je me demande comment on pourra avoir des services de santé en région quand on se fait tirer dans les jambes par un voisin. C’est très ordinaire! Qu’un élu se trompe, connaisse mal son dossier, ça se peut, mais là c’est la présidente du CISSS de la Gaspésie, une gestionnaire de la santé qui a dit ça. Si elle a été dans l’erreur, quand est-ce que le ministère va la ramener à l’ordre? », s’interroge monsieur Saint-Pierre.

Paradoxal

« J’ai trouvé la réaction du CISSS de la Gaspésie paradoxale. Il y avait un non-sens. Il est possible de faire des interventions efficaces en région, c’est démontré et il y a de nombreux exemples. Les éventuels cas-problèmes ne viennent pas justifier une décision pareille. Ils sont minimes. En Ontario, c’est un service décentralisé en région. J’ai trouvé que c’était comme une trahison. Ça fait des années qu’on parle de décentralisation des services de santé. On doit déjà faire de km et de km pour rencontrer des spécialistes. Dans le cas de la Gaspésie, je ne comprends pas. On leur offrait un service plus près de chez-eux », ajoute le maire de Mont-Joli, Martin Soucy.

« On ment à la population »

« Les raisons du CISSS sont erronées. On ment à la population. Je l’ai pris comme une claque dans la face. Je ne comprends pas. Les Gaspésiens et les gens de la Côte-Nord crient haut et fort qu’ils veulent des services de santé plus près de chez-eux. On leur en offre un et on dirait qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Ça ne vient ni des élus ni de la population. C’est téléguidé par quelqu’un, en haut, qui ne veut rien savoir, cette opposition de la Gaspésie » tranche monsieur Soucy.

Un second texte à ce sujet sera présenté ce soir, entre 17 h et 19 h.

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