Du Spartak pee-wee à l’Océanic pour Doris Labonté
Le long cheminement de ce bâtisseur de l’équipe de toute une régionC’est hier soir (vendredi) que Doris Labonté devait être admis dans le club des immortels de l’Océanic dans une cérémonie attendue avant le match de l’Océanic contre le Drakkar de Baie-Comeau.
En raison de la situation mondiale de la pandémie du coronavirus (COVID-19), tout a bien sûr été reporté à une date ultérieure. Par contre, nous publions tout de même le reportage qui avait été préparé.
Dans une longue entrevue accordée au journal le soir et pour le magazine de l’Océanic, le principal intéressé a fait un retour sur ses premiers pas dans le travail d’entraineur et sur le cheminement qui l’a mené à diriger l’équipe junior de sa ville.
Natif de Pohénégamook, il s’est amené dans la capitale du Bas-Saint-Laurent avec sa famille à son tout jeune âge. Comme tous les jeunes, le sport le fascine. Il le pratique, notamment le hockey, mais le désir de partager ses passions avec les autres l’amène à diriger des équipes locales de hockey et de baseball.
Il s’y est particulièrement consacré à son retour à Rimouski après ses études universitaires. D’abord inscrit à un baccalauréat en criminologie à Montréal, il a dévié un an plus tard vers la récréologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières – il était dans la même cohorte que l’ex-maire de Rimouski, maintenant Sénateur, Éric Forest – ce qui l’a amené à un premier travail professionnel dans son domaine à l’école Paul-Hubert. Pendant quelques années, il meuble les pages sportives du journal hebdomadaire Le Rimouskois en tant que journaliste.
Dans le hockey, le coaching a débuté à l’automne 1977 avec le Spartak pee-wee dans la nouvelle ligue de développement interrives avec la Côte-Nord. Son adjoint avec l’Océanic pendant quelques années, Donald Dufresne, jouait sous ses ordres dans le pee-wee. Six saisons plus tard, il est passé à la division midget, toujours dans la famille du Spartak.
À Shawinigan
À l’été 1986, il prend un congé sans solde d’un an de la Commission scolaire pour joindre les Cataractes de Shawinigan à titre d’entraineur adjoint. Un poste qu’il occupera à temps plein, mais sans le salaire qui va avec. « Jusque-là, les coachs adjoints étaient des gens qui avaient un autre travail et qui venaient aider aux pratiques qui se donnaient en fin d’après-midi dans ce temps-là. Ils n’allaient pas sur la route avec l’équipe. La direction des Cataractes a été surprise de voir que je prenais un sans solde de mon travail pour aller faire ça à temps plein pour 7 000 $ par année, soit 2 000 $ de plus que l’équipe donnait à un coach à temps partiel », raconte-t-il.
Un an plus tard, il demande un renouvellement de ce congé à son employeur, lequel lui est refusé. « Pendant que j’étais en attente de la réponse de mon employeur, Jacques Grégoire ne pouvait plus attendre et a finalement engagé Alain Vigneault, qui venait d’être remercié à Trois-Rivières. »
Avec les Pionniers
Plus que jamais disponible pour le hockey, Labonté reçoit un appel de Michel Ross, responsable des sports au Cégep de Rimouski. Il devient l’entraineur-chef de la nouvelle équipe de hockey masculin dans le circuit collégial de première division.
Une fois la fin de son association avec les Pionniers, après deux saisons et demie, le téléphone sonne à nouveau en décembre 1989. « C’est Gaston Drapeau qui m’appelle. Il cherchait un adjoint à Chicoutimi. J’y vais, mais à la fin de la saison, Gaston est congédié et les Saguenéens me disent qu’ils ne reconnaitront pas mon contrat. Gaston est engagé à Trois-Rivières à l’été 1990 et il me dit que l’équipe aimerait m’avoir comme adjoint, mais cette fois pour un salaire annuel de 5 000 $. J’avais un questionnement, il fallait que je paie de ma poche et que je sorte des RÉER. J’ai décidé de l’essayer pour un an. » Son salaire était alors arrondi à la hausse grâce à des coupons de toutes sortes dans les restaurants de Trois-Rivières !
Pendant une saison et demie, il travaille avec Drapeau. Ce dernier est congédié en décembre 1991 et Labonté demeure l’adjoint, cette fois de Guy Chouinard, nouvel entraineur-chef des Draveurs.
Entraineur-chef
À l’été 1992, l’équipe est vendue à Sherbrooke, incluant les contrats des entraineurs. Il déménage donc en Estrie, mais pas pour longtemps. « Au début décembre alors qu’on s’en allait jouer à Saint-Jean, mes patrons me disent que Shawinigan veut me parler. Ils venaient de congédier Alain Sanscartier et j’avais été apprécié là-bas. Je suis allé les rencontrer. Ça me tiraillait un peu parce que j’avais finalement de bonnes conditions à Sherbrooke, dans une belle ville avec une bonne équipe. Ça allait bien avec Guy Chouinard et j’avais de bonnes responsabilités. Mais, on m’offrait la chance que j’attendais et j’ai dit oui aux Cataractes. »
Il a été à la barre de Shawinigan pendant deux ans, de décembre 1992 à la fin novembre 1994. C’est alors à son tour de se voir indiquer la porte, pour être remplacé par Jean Pronovost.
Naissance de l’Océanic
On est alors au début 1995 où les discussions sur la rentrée de Rimouski dans la LHJMQ sont de plus en plus sérieuses. « J’ai rapidement montré un intérêt auprès de Marius Fortier. Je me suis présenté à lui au dernier match de l’histoire des Nordiques à Québec, lui disant que j’étais prêt à travailler pour eux à Rimouski. Après quelques semaines, je reçois un appel, monsieur Fortier me convoque au Colisée. En arrivant, je fais un saut quand j’aperçois Maurice Tanguay que je connaissais de réputation. J’étais impressionné. Je leur ai fait un tableau de tout ce qu’il y avait à faire pour monter l’équipe en quelques semaines. »
Rimouski venait de faire l’acquisition des Lynx de Saint-Jean. M. Tanguay m’a dit « commence, on va payer ton temps et si ça marche, on regardera pour plus. Trois jours plus tard, il m’a pris à part me disant qu’il allait me garder à temps plein. » Labonté devient l’adjoint au directeur général Marius Fortier avec Gaston Therrien comme entraineur-chef.
« Il y avait beaucoup d’ouvrage à faire, du réaménagement des bureaux à la préparation du camp en passant par l’établissement de la liste de protection pour le repêchage de la nouvelle équipe de Moncton. »
Deux ans plus tard, Maurice Tanguay emménage à Rimouski pour prendre en charge le département hockey et il le nomme comme adjoint aux opérations hockey. Les deux occupent le même bureau, face à face. Débute alors une formidable relation entre un homme d’affaires synonyme de réussite et un passionné de hockey.
Leur première décision est de nommer un gars de Rimouski, Roger Dejoie, comme entraineur-chef. Il est assisté par trois autres coachs de la région : Bobby Lebel, Guylain Raymond et Alain Raymond. « J’ai toujours dit qu’on devait prendre les gens d’ici et si on n’en trouve pas, on ira chercher ailleurs », rappelle Labonté.
Quelques mois plus tard, en janvier 1998, M. Tanguay lui demande de prendre la relève de Dejoie. Il mène l’équipe à une première présence en finale contre Val-d’Or au printemps.
Coupe Memorial
Labonté vivra ensuite l’épopée de la conquête de la Coupe Memorial en mai 2000, toujours comme entraineur-chef. En janvier 2001, il cède son poste à Guylain Raymond, amène Christian Caron comme adjoint et demeure le bras droit de M. Tanguay. Ce dernier l’avait d’ailleurs envoyé à un tournoi à Calgary durant les Fêtes 2002 pour épier Sidney Crosby qui évoluait dans un prep school américain.
Au début 2003, c’est au tour de Guylain Raymond de devoir laisser sa place. Donald Dufresne lui succède jusqu’à ce que Labonté se retrouve à nouveau derrière le banc en novembre 2004 au moment où l’équipe, pourtant à maturité, ne s’imposait pas comme anticipée. « Donald m’a appelé, il m’a demandé de le relever. Donald est resté avec moi comme adjoint. »
Avec Sidney Crosby comme joueur vedette, il a mené l’équipe à une deuxième moitié de saison exceptionnelle (séquence de 35 parties sans défaite) et la conquête de la Coupe du Président. Pour l’aider, il avait ajouté Mario Scalzo à la brigade défensive. Une décision géniale dans les circonstances.
L’Océanic a perdu la finale de la Coupe Memorial, 4-0 contre London, un club qui a ensuite vu une douzaine de ses joueurs accéder à la Ligue nationale.
À lire dans la nouvelle de 19 h : l’après-Crosby et son héritage