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Les enseignants du Cégep trouvent le moment très mal choisi

Pour poursuivre les négociations malgré la crise
L’Institut maritime et le Cégep de Rimouski.(Photo: archives)

Un important syndicat du Cégep de Rimouski dénonce la décision du gouvernement Legault d’imposer une négociation accélérée afin de renouveler les conventions collectives du secteur public pour trois ans.

Selon Alain Dion, responsable de la coordination et des pratiques syndicales du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Rimouski, Québec profite de la crise actuelle pour mettre de la pression sur les organisations syndicales. Le premier ministre du Québec a du même souffle exigé de régler le tout avant le 31 mars prochain (demain).

« Nous ne pouvons que dénoncer cette façon de faire du gouvernement, qui profite de circonstances malheureuses pour détourner le processus démocratique et légitime des négociations du secteur public. Malheureusement, il faut le dire, les grandes centrales syndicales (CSN, FTQ et CSQ) et certaines organisations syndicales indépendantes (FIQ et APTS) se sont empressées d’emboîter le pas et de se présenter à ces tables de négociation », déclare monsieur Dion.

Selon le Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Rimouski (SEECR), le moment aurait plutôt dû être consacré à une trêve, à une pause, et le gouvernement aurait dû procéder à un report des négociations.

« Comment en effet mener des négociations quand tout le Québec est paralysé? Quand tout le quotidien doit être réorganisé? Quand les gens sont inquiets pour leur santé, pour leur emploi, pour leurs proches? » , s’interroge Alain Dion.

Alain Dion (Photo: Facebook)

Solidarité

Pour le SEECR, le temps est d’abord à la solidarité, à la dignité, à l’empathie face à ce que vivent ses concitoyens. « Le moment est venu de faire une pause, de reporter la négociation une fois la crise terminée. »

« Il serait plutôt indigne de négocier présentement des augmentations de salaire, quand un grand nombre de Québécoises et de Québécois perdent leur emploi, que plusieurs se retrouvent dans une situation très précaire. Qui plus est, le gouvernement Legault tente un véritable coup de force en voulant régler sans véritablement améliorer les conditions de travail de celles et ceux qui depuis des années appellent à des changements importants », renchérit Alain Dion.

Des mois de consultation ignorés

Ce dernier rappelle que les syndicats ont consacré plus d’une année et demi à se concerter et à consulter leurs membres, qui ont dit qu’elles et ils sont à bout de souffle, que la tâche est trop lourde et que la précarité est difficile à vivre.

« Comment accepter que les revendications légitimes des enseignantes et des enseignants de cégep, comme celles portées par les divers corps d’emploi du secteur public, soient ainsi balayées du revers de la main? Pourquoi ignorer tout ce travail de concertation en négociant à la hâte?  Et surtout, pourquoi se lancer en négociation à un moment où on ne peut pas consulter les membres de nos organisations syndicales? Les organisations syndicales nationales ont choisi d’aller négocier avec le gouvernement les mains liées, laissant en plan les principales demandes de leurs membres, sans même leur permettre de s’exprimer à ce sujet », déplore Alain Dion.

Questions monétaires

Selon lui, le cœur des échanges qui auront lieu au cours des prochaines heures entre le gouvernement et les organisations syndicales reposera essentiellement sur des questions monétaires. Il n’y aura que très peu d’espace pour la négociation de nos conditions de travail, outre la négociation de certains « enjeux prioritaires » que l’on devrait régler en quelques semaines, sans mobilisation et sans rapport de force.

« Véritable souricière tendue par le gouvernement, cette négociation se déroulera donc sans nous, sans les voix des quelque 550 000 employées et employés de l’État. Nous ne pouvons que décrier cette manœuvre indécente du gouvernement », lance Alain Dion

« Mais les organisations syndicales sont aussi à blâmer : en acceptant de négocier dans ces conditions, elles mettent également à mal les processus décisionnels de notre vie démocratique et elles fragilisent les droits fondamentaux de leurs membres. Nous aurons à tirer un bilan de tout ça au moment jugé opportun », conclut-il.

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