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Nouvelle de 17 h

Un chauffeur se préoccupe du sort des enfants maltraités

Grégory Thorez (Photo: Facebook)

Un conducteur d’autobus scolaire bien connu, Grégory Thorez, estime que le retour des enfants à l’école primaire, le 11 mai, est une bonne nouvelle, mais pas nécessairement pour les raisons auxquelles on pense.

Selon monsieur Thorez, c’est davantage sur le plan social que sur le plan sanitaire qu’il faut se préoccuper des jeunes du primaire et de ce fameux retour à l’école dans des circonstances exceptionnelles. L’isolement n’est pas bon pour eux, surtout pour ceux qui vivent dans des milieux familiaux où règne la violence, car le silence est ainsi favorisé.

« Oui, il faut rouvrir les écoles. Mais pas pour favoriser l’immunité collective -on ne sait rien de ça- mais parce qu’on ne peut pas priver les enfants d’enseignement et de socialisation jusqu’à ce qu’on trouve un hypothétique vaccin. Aussi, parce qu’il y a beaucoup moins de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), et que ce n’est pas une bonne nouvelle. Une bonne partie des signalements à la DPJ proviennent de nous, ceux qui travaillent dans et autour des écoles. Je ne pense pas que le confinement améliore les conditions des enfants abusés ou maltraités, bien au contraire », fait-il remarquer.

Une autre école; une école nouvelle

« Avant que tout arrête, je transportais des jeunes réfugiés issus de camps -certains y étaient nés-, qui apprenaient le français et la vie au Québec. Ils sont où, là ? Ils font quoi, coincés dans leurs HLM (habitation à loyer modique)? Qui s’occupe d’eux ? Alors oui, retournons à l’école, mais une autre école, celle avec de la distanciation physique et tout ça. Tout un défi, et c’est là que le bât blesse, parce que ça va prendre tout un leadership pour que ça marche. »

Déception

Monsieur Thorez, parlant de leadership, croit que le ministre Jean-François Roberge, n’est pas à la hauteur des attentes de la communauté scolaire.

« On a eu beaucoup d’espoir quand monsieur Roberge est devenu ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Un professeur, quoi de mieux ? On est déçu. Hier, c’était la première communication du ministre depuis le 30 mars. Le 30 mars! On est dans une situation inédite, les enfants sont privés d’école, on leur envoie un courriel une fois par semaine pour dire de… (certains profs font beaucoup plus, mais c’est de leur propre initiative). Mais le ministre reste muet. »

Et les chauffeurs?

Celui qui est aussi conseiller municipal à Rimouski déplore le manque d’information et d’encadrement pour les conducteurs d’autobus scolaire.

« Pour ce qui est de nous, les chauffeurs, rien! On arrête de vous payer et débrouillez-vous avec les prestations d’aide du fédéral… si vous parvenez à y avoir droit. C’est pareil pour le retour. La moitié des chauffeurs ont 60 ans et plus. Aux enseignants qui ont cet âge, on dit de rester à la maison, où ils sont quand même payés. Mais les chauffeurs, eux ? Tout ce qu’on sait, c’est qu’on va installer un plexiglass. »

Protection

La protection des chauffeurs et des élèves serait insuffisante, aux dires de monsieur Thorez.

« Sérieusement ? Parlez donc de ça à Transports Canada, ça va être drôle. Un « plexi » en cas d’accident, c’est la catastrophe assurée. Du lexan, peut-être, mais ça coûte cher, et commander, adapter ça pour les différents types d’autobus, on pourrait faire

ça en deux semaines ? », s’interroge-t-il.

Grégory Thorez (Photo Facebook)

Le travail

Le métier de chauffeur d’autobus scolaire mérite d’être valorisé. L’implication des chauffeurs dans l’éducation des enfants est méconnue, estime Grégory Thorez :

« Penser que le chauffeur d’autobus ne fait que conduire et rester assis derrière son volant, c’est bien mal connaître « la job ». On sépare les conflits, on console les enfants, on répare des « zippers », on mouche des nez, on ramasse du vomi… »

Grande ignorance

« La grande ignorance du ministre s’illustre dans cette réponse: « Il est possible que les autobus utilisés pour transporter les élèves du secondaire soient requis pour transporter les élèves du primaire. » Hello ? D’un, ce sont les mêmes autobus; de deux, ce ne sont pas pas les autobus qui vont manquer, ce sont les chauffeurs. Vous savez, le petit truc insignifiant quelque part entre la transmission et le volant ? », ironise monsieur Thorez.

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