Rétrospective 2020-août: les retrouvailles entre les citoyens et les élus tournent au vinaigre
Le 17 août, les retrouvailles entre les citoyens et les élus municipaux de Rimouski ne se sont pas déroulées dans l’harmonie, à l’assemblée ordinaire du conseil municipal.
C’était en effet la première assemblée à ne pas se dérouler sur la plateforme de visio-conférence Zoom, en fonction virtuelle, depuis le déclenchement de l’état d’urgence sanitaire en raison de la crise du coronavirus, le 11 mars. Une vingtaine de personnes y assistaient, ce qui, à deux mètres de distance, représente une salle presque pleine, la salle du conseil pouvant accueillir autour de 100 personnes en temps normal.
Nombreux sujets
Questionnés et interpellés par des citoyens qui s’interrogent notamment sur le mauvais état de la route du 3e rang Ouest du Bic, l’absence de la Ville du dossier de la cathédrale, le redécoupage des districts électoraux, la démocratie municipale, le bannissement de la conseillère du Bic, Virginie Proulx, des comités pléniers ou même sur l’installation de feux de circulation, les membres du conseil se sont notamment faits dire que plus de transparence est souhaitée et que le lien de confiance entre les citoyens et les élus est fragile.
Perdu patience
Le maire, Marc Parent, a rabroué une citoyenne mécontente et a reçu un peu durement le citoyen du Bic qui réclame du pavage sur son rang. La conseillère Jennifer Murray, du district Saint-Germain, s’est emportée deux fois, mettant au défi des citoyens de se présenter eux-mêmes aux élections et de « faire du porte-à-porte en octobre. »
Dossier Proulx
Virginie Proulx, quant à elle, s’est prononcée deux fois contre une résolution, démontrant qu’elle représente maintenant la seule véritable opposition au reste du conseil. Il ne semble pas y avoir de rapprochement possible entre elle et les autres élus qui l’accusent d’avoir rompu le lien de confiance en dévoilant des informations qui auraient dû demeurer en comité plénier.
Ce qu’elle nie. Le conseiller du district Sacré-Cœur, Sébastien Bolduc, a quand même cru bon de rappeler à la fin qu’une demande pour entreprendre une démarche de conciliation avait été adressée au ministère des Affaires municipales. Nous y reviendrons.
« On ne peut pas tout mettre au Bic! »
« Monsieur Roy, ça coûte un million de dollars le km! Nous avons investi tout près de 7 M$ sur les routes du Bic. À chaque 1 000 pas que vous faites, ça coûte 1 M$! On ne peut pas investir tous les millions de dollars au Bic, cette année. On a investi 10 M$ cette année sur nos chemins ruraux. C’est du jamais vu. J’ai un intérêt à trouver une solution pour réparer le chemin du 3e rang Ouest, mais j’ai vraiment le sentiment d’avoir livré la marchandise là-dessus. Un moment donné, on ne peut pas tout mettre au Bic! Les membres du conseil ont des décisions à prendre. Ils les ont pris », a lancé monsieur Parent à un contribuable qui réside sur le 3e rang Ouest.
Une résidente de Saint-Germain, une dame Leblond, n’est pas satisfaite de la signalisation, du feu de circulation et des aménagements qui ont été faits pour détourner la circulation des vélos de la promenade de la mer, dans le secteur des rues Sainte-Marie et Saint-Jacques, dans Saint-Germain. Elle trouve que les contribuables concernés auraient dû être consultés et que le conseil a manqué de transparence.
« Comptez vous chanceuse! »
Monsieur Parent s’est montré ironique lors de sa réponse. « Quand j’ai regardé ces travaux, je me suis dit : « Ces gens-là sont chanceux! On leur construit un parc directement en avant de leur résidence. On plante des arbres, on met du gazon… » Si vous saviez le nombre de citoyens qui viennent nous voir pour demander de réduire le taux de circulation dans leur quartier, alors que vous, vous vous retrouvez dans une situation où, justement, vous avez ce que plein d’autres résidents de Rimouski demandent. Et là, vous nous dites « les feuilles traînent, je n’aime pas le gazon… » Je m’excuse, mais nous, à Rimouski, on trouve qu’il est important de vitaliser du territoire, de planter des arbres et d’en planter le plus possible. On a besoin de cette verdure. Comptez-vous chanceuse des aménagements qui ont été faits devant votre résidence. »
« On fait bien notre possible! Laissez-moi parler, madame Leblond, c’est un gros manque de respect de ne pas laisser parler les autres! Nous avons fait ces travaux à la demande de citoyens. Vous avez le droit de ne pas être d’accord, vous avez le droit de vous sentir brimée, mais ces travaux n’ont pas été faits seulement pour vous, mais pour une majorité de citoyens », a ajouté madame Murray.
« Nous » et « Vous »
Une autre citoyenne, Caroline Bérubé, a fait remarquer aux élus que monsieur Parent utilise toujours le « nous » pour parler du conseil et le « vous » pour parler des contribuables. Elle a remis en question le lien de confiance entre les deux, remarquant que cette attitude devrait plutôt se traduire par un « nous » englobant les citoyens et les élus.
« Vous n’êtes pas là parce que vous avez décidé d’être là. Vous êtes là parce que vous vous êtes présentés et avez été élus grâce à la confiance des électeurs. On dirait que vous essayez parfois de nous rendre coupable de nos interventions (NDLR : des citoyens, au micro) », a-t-elle fait remarquer.
« Si vous n’avez pas de question, je vous invite à vous rasseoir dans la salle », a rétorqué monsieur Parent. Madame Murray a été plus cinglante : « Pardon? Vous nous infantilisez! Sérieusement, je suis majeure et vaccinée et ça fait 11 ans que je viens ici. Je pense que j’ai appris à savoir comment on fonctionnait. Ce n’est pas vrai qu’on ne vous écoute pas. Je vous demande de vous mettre à nos places. »
Le ton a ensuite monté entre les deux femmes, au point où monsieur Parent est intervenu pour mettre fin à la discussion.
La confiance?
À l’issue de l’assemblée, le journal le soir a demandé au maire Parent s’il croyait qu’il y avait une crise de confiance entre les élus et les contribuables.
« Absolument pas! Certains ont parlé de la confiance en ce qui concerne la participation de madame Proulx au comité plénier. Mais que voulez-vous? Le lien de confiance entre elle et les autres membres du conseil est rompu. C’est une décision du conseil qui a été prise de l’exclure. Je fais le parallèle avec plein d’autres villes au Québec qui se trouvent dans ce genre de situation. Ce sont des villes qui comptent des partis politiques, où c’est la majorité qui débat en comité plénier alors que les autres interviennent en assemblée publique, au même titre que madame Proulx le fait ici. »
« Pour ce qui est de la confiance du public, j’ai reçu des messages de citoyens du Bic pendant l’assemblée qui se disaient extrêmement satisfaits des modifications qu’on a fait pour le redécoupage des districts électoraux. Il y a eu plein de bonnes nouvelles ce soir, dont la vente de terrains pour 1 M$ pour des projets qui vont se réaliser dans les prochains mois, pour des investissements de 15 M$ à 20 M$. Il y a, clairement, une confiance de la population (envers la Ville) », a exprimé finalement monsieur Parent.