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Nouvelle de 17 h

Charlie Hebdo se dresse contre l’intimidation

Le procès des attentats de janvier 2015 s’ouvre
Une manifestation en appui à Charlie Hebdo. (Photo: capture d’écran: The Conversation)

Alors que le procès intégralement filmé des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Cacher, en janvier 2015, se déroulera du 2 septembre au 10 novembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris, l’équipe de la publication humoristique se dresse avec dignité.

Quatorze personnes seront jugées.

Les quotidiens Le Monde et Le Figaro, tout comme la plupart des grandes publications et médias français rapportent aujourd’hui que Charlie Hebdo republie les caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique une cible des djihadistes.

« « Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais », justifie le directeur de Charlie Hebdo, Riss, dans le numéro dont la couverture reprend ces caricatures, en kiosques mercredi et accessible en ligne mardi à midi. « La haine qui nous a frappés est toujours là et, depuis 2015, elle a pris le temps de muer, de changer d’aspect pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable », assure Riss », lit-on dans Le Monde.

 « Ces douze dessins, publiés initialement par le quotidien danois Jyllands-Posten en 2005, puis par Charlie Hebdo en 2006, montraient le prophète portant une bombe au lieu d’un turban, ou en personnage armé d’un couteau flanqué de deux femmes voilées de noir », rappelle aussi le quotidien.

Dix-sept victimes

Cette série d’attaques terroristes islamistes s’est déroulée entre les 7 et 9 janvier 2015 en France. Les attaques ont visé la rédaction du journal Charlie Hebdo, des policiers et des clients d’une épicerie casher, et au cours desquelles dix-sept personnes ont été tuées et leurs trois assassins abattus par les forces de l’ordre. Les complices de ces derniers seront jugés à partir de demain

Des échos jusqu’ici

La nouvelle du jour chez nos cousins français a suscité l’intérêt de bon nombre de Rimouskois ouverts sur le monde, passionnés d’information et intéressés par la politique internationale, comme l’enseignant en sciences politiques du Cégep de Rimouski et chroniqueur du journal le soir, Benoit Collette, etune de ses anciennes collègues et militante écologiste, Patricia Posadas, citoyenne du monde, d’abord, et Française ensuite, immigrée chez nous.

Catastrophe

Cette dernière réagit vivement au souvenir de l’attentat : « L’attentat de Charlie Hebdo? Quelle catastrophe épouvantable, immonde; un échec lamentable pour l’humanité! C’est le reflet de l’incompréhension, de l’absence de dialogue et de communication entre les humains. La violence semble vouloir jaillir on ne sait jamais d’où. »

« Est-ce qu’on a avancé depuis cet attentat? La question est difficile… je crois que d’un côté, la lutte contre le terrorisme a fait en sorte que des mouvements se sont levés dans le monde musulman pour s’y opposer. Au Liban, on voit des gens de toutes les confessions qui s’unissent pour demander la laïcisation de l’État. Et en général, les raisons pour lesquelles des terroristes tuent des gens n’ont rien à voir avec la religion que vivent la plupart des musulmans. Les premières victimes du terrorisme musulman sont des musulmans », croit madame Posadas.

Violence bête

« C’est une violence bête qui s’est exprimée contre Charlie Hebdo et contre la liberté de presse et de parole. Ce qui m’a rassurée, c’est de voir dès le lendemain, un nombre incroyable de personnes descendre dans la rue pour crier « Je suis Charlie »», ajoute Patricia Posadas.

Craintes de tensions

Benoit Collette se préoccupe de l’impact du procès et de la republication des caricatures « blasphématoires » sur le climat social en France. Le geste de Charlie Hebdo pourrait être perçu comme de la provocation chez certains extrémistes.

« Le procès va raviver un peu les tensions en France. J’en suis pas mal certain. Il faut toujours retenir que ce n’est pas tout le monde qui a la conception de ce qui est considéré blasphématoire. Dans bien des pays, on considère qu’il y a une séparation importante à faire entre la religion et l’État et la majorité y adhère, mais pour un musulman, ça peut être différent. Dans l’Islam, la religion fait partie de la politique. Ce sont deux conceptions qui s’opposent. Et dans l’Islam, tu n’es pas censé représenter Dieu ou Mahomet. Même dans leur art, ça ne se fait pas de représenter une figure humaine », fait remarquer monsieur Collette.

Liberté de presse

« Pour ce qui est de la liberté de presse, Charlie Hebdo nous rappelle aujourd’hui que c’est fondamental pour son équipe de pouvoir continuer à se moquer de l’un et de l’autre. Mais quand on veut vivre ensemble, il faut que la liberté d’expression soit encadrée, sinon, cela causera des problèmes. Même chez nous, la liberté d’expression a des limites : on ne peut pas émettre de propos diffamatoires ou qui incitent à la violence. La liberté d’expression ne pourra jamais être à 100 %. Malgré tout ce qu’on peut en dire, il faut qu’il y ait des limites qu’on estime toujours justes et raisonnables aux yeux des tribunaux », constate Benoit Collette.

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