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Nouvelle de 17 h

L’ex-économe diocésain Michel Lavoie défend sa réputation

Dossier de la cathédrale de Rimouski
Michel Lavoie et, à droite, la cathédrale de Rimouski. (Photo: courtoisie et journallesoir.ca, Pierre Michaud)

L’ex-économe diocésain du Diocèse de Rimouski, Michel Lavoie, sort de l’ombre pour défendre sa réputation dans le dossier de la cathédrale de Rimouski, un peu plus de deux mois après sa retraite.

Monsieur Lavoie, en entrevue exclusive au journal le soir, soutient que sa réputation a été ternie dans les dernières années sur deux sujets en particulier, son implication dans le comité du patrimoine religieux qui n’a pas cru bon donner une cote favorable à la cathédrale, ce qui aurait permis de recueillir des fonds pour la restaurer, et la résiliation du contrat d’assurance qui protégeait la cathédrale.

« Les commentaires hargneux dont je suis l’objet m’ont parfois rendu la vie impossible. On m’en a mis beaucoup sur le dos, à propos de la cathédrale. J’en ai un peu assez de me faire harceler avec ça. Je tiens à préciser des faits qui me permettront de défendre ma réputation », dit monsieur Lavoie d’entrée de jeu.

Patrimoine religieux

« On me reproche de ne pas être intervenu en faveur de la cathédrale, au sein du comité du patrimoine religieux. Je suis arrivé au Diocèse en 2003. Le processus d’évaluation des églises était déjà très avancé. J’étais sur ce comité par la force des choses, parce que le président de la Table régionale de concertation était l’économe du Diocèse de Rimouski. Je me suis retrouvé sur cette Table-là et quand je suis arrivé aux réunions, il y avait déjà beaucoup de travail de fait. J’étais perdu, comme n’importe qui aurait pu l’être. »

« Je ne me suis jamais penché sur le dossier d’aucune église. S’il y a quelqu’un qui était bien au courant pour classer la cathédrale A, B ou C, ce n’est pas moi, mais plutôt un architecte bien connu qui était sur le comité et qui est maintenant à la retraite. Il était beaucoup plus compétent que moi dans le domaine. Je tiens à le dire : c’est cette personne qui aurait pu faire pencher la balance en faveur de la cathédrale, et pas à peu près. Je veux que les gens le sachent : je n’y suis pour rien si la cathédrale a reçu un statut patrimonial D », déclare monsieur Lavoie.

« Il (l’architecte) est toujours dans le dossier et quant à moi, il me manquait beaucoup de données pour me prononcer dans un sens ou dans l’autre. C’était très complexe. Il y avait 2 700 églises à évaluer. Je n’y suis pour rien », note-t-il également.

Assurances

« Pour ce qui est du fait que la couverture d’assurance de la cathédrale a cessé, on me reproche de n’avoir rien fait, alors que j’étais administrateur de la Mutuelle d’assurance, pour l’empêcher. À la Mutuelle des fabriques du Québec, les administrateurs ne discutent jamais en conseil d’administration de cas en particulier. Les gens qui pensent qu’on regarde chaque dossier au conseil d’administration sont dans l’erreur. On a dit que c’était moi qui avait fait révoquer la police d’assurance et ce n’est pas le cas. »

« Ce n’est jamais venu jusqu’au conseil d’administration. On ne discute pas de dossiers particuliers ni de dossiers qui nous concernent directement. Ce sont de généralités, dont on discute à ce conseil. J’ai été mis au courant de ça de la façon suivante : c’est que la résiliation de la police de la cathédrale affectait aussi le Diocèse, dans le sens où s’il y avait un sinistre majeur à la cathédrale, la Fabrique pouvait être poursuivie, tout comme le Diocèse. Il y a une clause d’exclusion dans la police de l’Archevêché qui dit que s’il y avait une poursuite, l’assureur ne défendrait pas le Diocèse », affirme Michel Lavoie.

Fonds de la Fabrique

Michel Lavoie est par ailleurs mis en cause dans le procès qui implique l’Archevêché et la Fabrique Saint-Germain. On lui reproche d’avoir retiré dans une institution financière des sommes appartenant à la Fabrique. « Je ne peux pas dire grand’chose, parce que le dossier est judiciarisé. Tout ce que je peux dire, c’est que cet argent a bel et bien servi à la Fabrique Saint-Germain. »

Fiducie

De nombreux citoyens réclament que le Diocèse paye pour les travaux à réaliser sur la cathédrale et sur d’autres églises. Michel Lavoie rappelle que de l’argent de la fiducie constituée en 2018 par l’Archevêché pour réunir trois fonds dédiés ne peut pas servir à réparer les églises du Diocèse.

« L’évêque est membre de cette fiducie, au même titre que les autres parties prenantes. La fiducie est composée des membres du Conseil des affaires économiques du Diocèse. Il y a aussi un fiduciaire de l’externe qui doit assister à toutes les décisions. Donc, un seul membre ne peut pas prendre une décision unilatérale concernant la répartition et la distribution des fonds. Il faut un vote des administrateurs. Et pour modifier la fiducie, il faudrait aller devant les tribunaux », précise monsieur Lavoie.

Les bénéficiaires de cette fiducie d’environ 7 M$ sont la Corporation de l’Archevêque catholique Romain, la Corporation épiscopale et les fabriques. La fiducie est composée de trois fonds : le Fonds patrimonial de l’Archevêché (pour l’entretien majeur du bâtiment principal et de ses dépendances), le Fonds Monseigneur Gilles-Ouellet pour venir en aide financièrement aux paroisses en difficulté (dont une partie des sommes a été utilisée pendant la pandémie pour soutenir des paroisses) et le Fonds Monseigneur Fournier qui vient en aide aux paroisses sur le plan de l’enseignement religieux.

« L’intention derrière la création de cette fiducie était de bien protéger les actifs et d’assurer la pérennité des avoirs », indique-t-il.

Anomalies

L’ancien économe diocésain relève qu’il a constaté des anomalies dans l’administration du Diocèse, peu avant son départ. « Les états financiers et le budget 2019-2020 présentés au Conseil des affaires économiques n’ont pas été approuvés. De plus, un budget 2020-2021 n’a pas été présenté au 30 juin dernier, comme le prescrit le droit canon. On doit présenter les recettes et les dépenses du Diocèse. »

Monsieur Lavoie s’interroge également sur les conditions financières consenties au chargé de projet de l’Archevêché pour la cathédrale, Jean Crépault.

Ce dossier a été soulevé un peu plus tôt cet été par notre collègue Michel-Félix Tremblay de Radio-Canada, fin juin.

« L’embauche d’un chargé de projet dans le dossier de la transformation de la cathédrale a provoqué d’importantes dissensions entre le comité chargé de préparer le budget du diocèse et l’archevêque de Rimouski, monseigneur Denis Grondin », rapportait notamment Michel-Félix Tremblay.

Il ajoutait que « l’archevêque de Rimouski a apposé sa signature sur un contrat de trois ans, pour 80 000 $ par année, ce qui correspond à un engagement d’environ 300 000 $ avec les avantages sociaux », selon une de ses sources et que « Monseigneur Grondin aurait reçu en main propre un don en argent liquide de 100 000 $ de la part d’un mystérieux donateur en 2017. »

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