Toute la Matanie en état d’alerte en raison de l’éclosion de COVID-19
«Le code rouge est ma hantise» -Pascal BérubéToute la MRC de la Matanie est pratiquement en état d’alerte de niveau rouge, en raison de l’éclosion fulgurante du nombre de cas de COVID-19, principalement à l’établissement privé pour personnes âgées la Résidence des Bâtisseurs.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent annonçait hier, en fin d’après-midi, qu’il y avait eu deux décès et que 46 personnes étaient confirmées comme ayant été contaminées par le coronavirus. La veille, on comptait cinq cas et un décès.
Ce matin, les principaux élus de la Matanie se sont mobilisés pour présenter un point de presse et lancer un appel à la discipline. Il apparaît que cette éclosion soudaine leur a causé tout un choc. On craint que le Bas-Saint-Laurent ne se voit attribuer un code d’alerte rouge, qui augmenterait les contraintes sanitaires auxquelles sont soumis tous ses citoyens. La région est en code orange, le précédent.
15 000 foyers à rejoindre
Des mesures spéciales sont mises en place, notamment par la MRC, la Ville et le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé. L’équipe du député a organisé une campagne de sensibilisation par téléphone automatisée qui rejoindra 15 000 foyers de la Matanie à compter de ce soir, vers 18 h.
« C’est un choc et ça va bouger encore aujourd’hui. Il risque d’y avoir de nouveaux cas. Mes premières réactions ont été composées de stupéfaction, d’inquiétude et de colère. Rapidement, le sens des responsabilités a pris le dessus et c’est devenu une priorité. J’ai été prévenu par le CISSS du Bas-Saint-Laurent tout juste avant sa conférence de presse, hier. Mon cœur de député n’a fait qu’un tour, parce que je sais ce que ça représente en plein cœur du centre-ville de Matane. Les résidents, je les connais pratiquement tous et plusieurs sont des parents de mes amis », déclare Pascal Bérubé.
« Je devais être à Québec jusqu’à jeudi prochain, mais là, j’ai pris tout de suite le volant pour retourner à la maison rapidement, car c’était ma responsabilité d’être là. Nous allons lancer notre opération d’appels téléphoniques automatisés vers 18 h, ce soir. Nous rappellerons aux gens de passer des tests s’ils ont fréquenté la résidence. Nous rappellerons aussi les principales consignes sanitaires. Les gens qui ont des questions vont pouvoir laisser des messages », poursuit monsieur Bérubé.
« Ma hantise »
« Je suis un peu comme un médecin en fin de semaine : je suis de garde en cas de besoin, au moins jusqu’à lundi. La dernière chose que je veux, c’est qu’on se retrouve en zone rouge. On est dans une grande corvée collective de vigilance redoublée. Il faut réduire toutes nos activités pour ne pas que ça se produise. C’est ma hantise qu’on tombe dans le rouge, parce que ça amènerait beaucoup de problèmes. Ça voudrait dire qu’on aurait beaucoup de cas, donc c’est préoccupant pour la santé de la population, mais aussi, ça nous amènerait des contraintes pour notre économie et notre liberté. Il y aurait un impact sur les écoles, aussi. On va tout faire pour l’éviter. Est-ce que c’est une possibilité réelle? Je n’ai pas d’indication que ce soit le cas », confie Pascal Bérubé.
« J’ai rencontré la ministre des Aînés, Marguerite Blais, hier, et je lui ai demandé de garder un œil attentif sur la situation à la résidence de Matane. Je pense que je vais aller aux nouvelles de manière préventive aujourd’hui », note également le député.
Fin de semaine cruciale
Pour le maire de Matane, Jérôme Landry, la situation est d’autant plus critique qu’elle se produit à l’aube de la fin de semaine, où les gens ont l’habitude de sortir et de se rencontrer.
« C’est tout un choc, ce qu’on vit aujourd’hui, avec 46 cas en 24 heures et deux décès. Nous avions été choyés depuis le début de la pandémie et il y a eu de la stabilité dans le nombre de cas par la suite. On voit bien aujourd’hui que le virus est bien présent parmi nous et ça frappe une résidence située en plein cœur de Matane. Il y a trois messages à l’intention de nos concitoyens : -on leur demande de se prendre en main, d’être disciplinés et de réduire leurs déplacements. Si on veut éviter d’être mis en alerte rouge, il faut hausser de beaucoup l’application des mesures sanitaires; -on demande aux commerçants d’en faire autant en devenant beaucoup plus vigilants sur l’application des mesures; -la Ville de Matane va restreindre ses activités, comme l’accès à l’hôtel de ville, à compter de ce soir (incluant la piscine et la bibliothèque). »
Virus très virulent
«Il faut qu’on se serre les coudes. Il faut être beaucoup plus vigilant. On demande un effort particulier jusqu’à dimanche de la semaine prochaine. Nous voulons que tous ceux qui ont pu fréquenter la résidence se fassent tester. Une clinique est en place. Il faut également s’assurer que les personnes soient alertes avec leurs proches et leurs voisins. Il y a des organismes qui ont besoin de bénévoles, un autre message que je souhaite envoyer. L’éclosion en 24 heures nous démontre que le virus est très volatil et qu’il est facile d’en être contaminé. Dès qu’il y a un certain relâchement, le coronavirus peut faire beaucoup de dommages à partir d’une seule personne infectée. J’ai des craintes. J’ai peur des résultats pour aujourd’hui et pour demain. Il y aura encore d’autres personnes qui risquent de recevoir un résultat positif », soutient le maire matanais.
Comme en zone rouge
« On veut éviter de se retrouver en zone rouge, mais on demande aux gens d’agir comme s’ils étaient en zone rouge, dans leurs déplacements et leurs contacts. On a confiance que les gens vont comprendre le message. Oui, la présente fin de semaine est cruciale et un moment charnière pour la suite des choses à Matane. Les soupers de famille à huit, 10 personnes, on recommande de les éviter », conclut monsieur Landry.