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Moisson craint les impacts de la pandémie pour encore plusieurs années

Les comptoirs alimentaires comme Moisson Rimouski-Neigette sont sollicitées comme jamais depuis plus de deux ans. (Photo: courtoisie)

Deux organismes très importants de Rimouski viennent témoigner de l’importance du programme Soutien à l’initiative bénévole, alors que le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, mentionnait la semaine dernière qu’il estime que les besoins d’aide humanitaire de la prochaine année seront tout aussi importants que ceux de la dernière année.

Il y aura un an le 11 mars que le Québec subit les effets de la crise sanitaire du coronavirus. Dans un texte publié la semaine dernière, monsieur LeBel précisait que les montants de ce programme avaient été triplés par rapport aux années précédentes, en raison des besoins causés par la pandémie. L’enveloppe est passée de quelque 80 000 $ à quelque 250 000 $ et le député croit qu’il en faudra autant pour la prochaine année.

Les deux organismes qui souhaitent appuyer la demande du député sont Action Rimouski-Neigette, qui défend les droits des personnes à faible revenu, et Moisson Rimouski-Neigette, le comptoir d’aide alimentaire bien connu.

Selon le coordonnateur d’Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé, il s’est passé bien des choses au cours de la dernière année qui ont eu un impact sur la vie de beaucoup de gens, des impacts souvent insoupçonnés.

Manque d’information

« Je viens justement de terminer une réunion sur la distribution des paniers de Noël. Il y a eu 30% moins de demandes cette année. Pas parce qu’il n’y avait pas de besoins, mais parce qu’il y a eu de gros problèmes de communication, de transmission de l’information envers la clientèle cible. Nous allons travailler là-dessus avec le Centre d’Action bénévole. Le Programme de soutien à l’action bénévole est très important. Ce budget discrétionnaire permet d’injecter de l’argent dans toutes sortes d’initiatives. Chaque année, on peut faire une demande au député et c’est une bonne tape dans le dos que nous recevons quand nos demandes sont acceptées. »

« Par exemple, cette année, le don à Action populaire a été doublé, passant de 500 $ à 1 000 $. Ce n’est pas ce qui vient fermer de notre budget, mais cet argent-là peut être utilisé pour faire des activités importantes, notamment de reconnaissance des bénévoles. Nous soulignons aussi la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté (17 octobre). À cette occasion, on réunit les gens et on offre un bon repas. On en profite pour gâter notre monde un peu. Le programme a aussi permis de mettre sur pied une distribution de denrées dans le secteur rural », précise monsieur Dubé.

Paradoxe

Il y a aussi un paradoxe.

« C’est sûr que les besoins ont augmenté, mais aussi, les initiatives ont augmenté. Il y a plus de gens qui se sont éveillés à l’action bénévole en raison des besoins et c’est bien tant mieux, mais on a besoin de plus d’argent pour développer des initiatives », constate Michel Dubé.

Besoins criants chez Moisson

« On a toujours beaucoup de besoins, beaucoup de demandes d’aide alimentaire. En décembre dernier, nous avons enregistré un record de 601 demandes de dépannage alimentaire alors qu’on en était à environ 350/400 en moyenne d’habitude, avant la crise. Dans les derniers mois, ça tourne autour de 500 quelque. Au tout début de la pandémie, il y a eu beaucoup, beaucoup de nouvelles demandes d’inscription au comptoir alimentaire. C’est en croissance tous les mois », dit Sophie Lajoie, directrice de Moisson Rimouski Neigette.

Plus d’un an

« Je pense que l’augmentation des besoins va se poursuivre au-dessus d’un an. Nous vivrons des impacts de la pandémie pendant plusieurs années encore. C’est super qu’on ait eu de l’argent supplémentaire pour pallier à nos besoins immédiats, mais les besoins les plus importants sont à long terme. Ça continue : chaque fois qu’une entreprise ferme; chaque fois qu’un commerce doit fermer temporairement en raison de la crise; chaque fois qu’une personne perd son emploi et tombe dans une situation de précarité qui l’amène chez nous », renchérit madame Lajoie.

Difficile à suivre

« On a de la difficulté à faire des prévisions, parce ça dépend de l’évolution de la situation de la pandémie. Ça dépend toujours de la prochaine vague, des fermetures, etc. C’est clair qu’il y a beaucoup d’impacts encore tous les mois et à venir. Autre exemple : on commence la période des déclarations de revenus. Il y aura des gens qui se feront réclamer des sommes qu’ils seront difficilement capables de rembourser. Souvent, ils couperont l’alimentation en premier, ils auront des difficultés financières et cogneront à la porte de Moisson. Dans les prochains mois, on s’attend à avoir encore beaucoup de nouveaux demandeurs. Les impacts vont continuer encore plusieurs années parce que même quand la situation reviendra à une certaine normale, il faudra encore du temps pour que l’équilibre budgétaire revienne dans les ménages », remarque Sophie Lajoie.

Sophie Lajoie (Photo: courtoisie)

Pas du jour au lendemain

« Ça n’arrivera pas du jour au lendemain. On le voit : le vaccin n’est pas miraculeux. Il y a les nouveaux variants. On a encore des hausses et des baisses du nombre de cas. Au mois d’avril dernier, on a reçu 90 nouvelles demandes comparativement à neuf par mois. On en voit beaucoup et c’est très difficile pour ces gens qui n’ont jamais fréquenté des organismes comme le nôtre, dont des travailleurs et des familles monoparentales. Personne n’est à l’abri. »

« La pauvreté et l’aide alimentaire ont différents visages. On le voit encore plus avec la pandémie. Ce n’est pas vrai que c’est seulement pour les gens qui bénéficient de l’aide sociale. On n’est pas sorti du bois. On essaie de penser à long terme dans tout ce qu’on développe, mais les besoins financiers de Moisson ont augmenté de 50% », mentionne finalement la directrice générale de Moisson Rimouski-Neigette.

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