Le propriétaire du CNM Évolution baisse les bras devant le manque de soutien de Québec
Pas de traversier à Rimouski cette annéeLe propriétaire du traversier CNM Évolution, qui assure le lien entre Rimouski et Forestville en période estivale depuis 25 ans, Hilaire Journeault, confirme au journal le soir que le service sera interrompu cette année.
Monsieur Journeault ne s’en cache pas, tel qu’il l’indiquait dans un article publié récemment dans le soir : le manque de soutien du gouvernement du Québec est la principale cause de cette suspension des activités. Les 25 à 30 emplois saisonniers fournis par la traverse Rimouski-Forestville sont donc à oublier pour cette année.
« L’année dernière, on a connu un déficit de plus de 100 000 $ et la subvention du gouvernement du Québec pour laquelle on était éligibles pour les travaux d’entretien et de réparation n’est plus accessible à partir de cette année, après cinq ans. Cela représente environ 250 000 $ sur des dépenses de 150 000 $ à 200 000 $ par année. En cinq ans, on a investi environ 500 000 $ sur les réparations et l’entretien. Nous avons beau faire des représentations, les compagnies de traverses publiques sont pleinement subventionnées alors que pour nous, c’était la seule aide que nous obtenions », constate monsieur Journeault.
« Le programme de subventions est terminé, on n’y peut rien. Quand le bateau navigue, on fait travailler entre 25 et 30 personnes, mais on dirait que ça ne représente rien pour le gouvernement. Et quand on navigue, on dépense entre 300 000 $ et 500 000 $ de « fuel » par année. Là-dessus, on remet de 15% à 20% de taxes. Pendant ce temps-là, le traversier de Trois-Pistoles a eu droit à une subvention de 5 M$. On ne peut pas concurrencer ça. Et je n’ai pas besoin de vous dire tout l’argent qui se dépense à Matane (où la Société des traversiers du Québec (STQ) gère la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout)», fait remarquer Hilaire Journeault.
L’année prochaine
Celui-ci souhaite que les tractations politiques aboutissent à une nouvelle approche de la part du gouvernement, qui subventionne les opérations de traversier gérées par des organismes publics (Matane et Trois-Pistoles), mais qui subventionne aussi la traverse privée de Rivière-du-Loup, qui a droit à certains octrois en raison de la durée de sa saison.
« À moins de gagner la loterie 6-49, je ne crois pas qu’on puisse poursuivre nos activités l’année prochaine sans une aide du gouvernement du Québec. J’envisage un retour. Je ne veux pas que les gens pensent qu’on abandonne complètement, mais quand je regarde autour de moi, je trouve qu’il y a une concurrence déloyale qui se fait. Tous les autres services sont subventionnés, mais ils n’arrivent pas quand même à joindre les deux bouts, alors que moi, je ne suis pas subventionné », commente-t-il enfin.
La Chambre de commerce réagit
La Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette (CCIRN) dénonce d’ailleurs cette absence d’aide financière pour la traverse Rimouski-Forestville cette année.
« La traverse Rimouski-Forestville est d’une importance capitale pour un grand nombre d’entreprises pour réaliser le transport de leurs employés en plus de favoriser le passage de milliers de touristes dans notre région avec des retombées cruciales pour notre économie locale », note un communiqué de la Chambre.
« Dans une fragile relance économique, il nous apparaît important que tous les acteurs du dossier se mobilisent pour supporter la présence d’une traverse qui passe par Rimouski. Nous attendons donc avec beaucoup d’intérêt l’implication des différents paliers de gouvernement dans ce dossier », déclare Jonathan Laterreur, directeur général de la CCIRN.
Une rencontre est prévue entre la Chambre de commerce et la nouvelle ministre responsable de la région, Caroline Proulx, afin d’explorer ce dossier qu’elle considère comme une partie seulement d’une crise encore plus large qui concerne les transports en général dans notre région.
L’importance du tourisme
« Nous attendons beaucoup de cette rencontre, puisque madame Proulx connaît bien l’importance du tourisme pour une région comme la nôtre et a démontré une belle ouverture pour s’accaparer des dossiers prioritaires de notre région. Nous avons bon espoir que ce gouvernement puisse apporter des solutions au niveau des nombreux problèmes de traversiers, de l’absence du prolongement de l’autoroute 20, des transports aériens trop dispendieux et des transports ferroviaires inadéquats puisque les ramifications négatives sont trop importantes pour ne pas s’y attaquer dès maintenant », estime le président, Guillaume Sirois.
La CCIRN demande donc au gouvernement de prendre la situation au sérieux et de démontrer du pragmatisme dans le dossier de la traverse Rimouski-Forestville pour éviter que la région se retrouve encore plus isolée qu’elle ne l’est actuellement.
Le député LeBel commente
« J’ai appris ce matin que le lien de traverse entre Rimouski et Forestville était en danger. Ce lien est essentiel pour notre région, je vais sensibiliser la ministre responsable de la région, Caroline Proulx, à cette réalité dans le cadre de notre rencontre de demain. Il faut trouver des solutions pour pérenniser ce lien fluvial pour les années à venir, sans avoir des inquiétudes chaque printemps que le bateau ne traversera plus! Il faut trouver quelque chose qui sera solide pour les 20 années à venir, au minimum », a déclaré le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel.