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Éditorial

On est 8,5 millions, faut se parler

Il faut se parler (Photo: Rob Curran/Unsplash)

Comme le chantait François Dompierre dans une publicité de la bière Labatt 50 en 1975 « On est six millions, faut se parler ». Nous sommes rendus maintenant 8,5 millions, mais il faut plus que jamais se parler.

Dans les derniers temps, le clivage populaire semble s’exacerber. Plus que jamais les gens s’insultent, des gestes violents sont posés et même des familles se brisent.

D’un côté les leaders négatifs anti-ci et anti-ça qui profitent de la détresse des gens pour envenimer la situation et de l’autre côté, les gouvernements qui ont décidé de monter le ton pour faire rentrer dans les rangs le premier groupe. Au milieu de tout ça, il reste des citoyennes et des citoyens qui sont constamment confrontés à ces affrontements incessants. Déjà que les derniers mois ont été extrêmement éprouvants d’un point de vue émotionnel et psychologique, il faut en plus rajouter une couche de tension constante qui crée un climat sociétal extrêmement anxiogène.

« On est six millions, faut se parler » Paroles & Musique: François Dompierre

Que vous soyez libéral, conservateur, bloquiste, populiste, vert, orange ou mauve, ça ne se fait pas de lancer des roches sur quelqu’un. En effet, cette semaine nous avons atteint un niveau sans précédent. Le chef libéral Justin Trudeau s’est fait lancer des pierres et sans compter les séances de brasse-camarade dont il est victime régulièrement depuis le début de la campagne. Avons-nous atteint collectivement un bas fond? Avons-nous réussi à nous appauvrir intellectuellement au point d’avoir comme seul argument la violence? 

La politique, ce n’est pas fait pour se faire mal. Le but, c’est d’exposer sa vision pour une meilleure version de notre organisation sociale. Comment peut-on justifier ces gestes? Nous ne sommes pas en dictature ou dans un régime totalitaire; nous n’avons pas d’affaire à nous chahuter pour des idées différentes. Défaire ou construire des arguments par le débat est la seule manière saine de faire avancer notre société. Toute tentative de censure, d’intimidation ou autre méthode de répression doit être proscrite. C’est l’addition et la pluralité des opinions qui font de nous un peuple meilleur. 

Il faut impérativement restaurer le dialogue et le débat civilisé entre nous. Il ne faudrait pas oublier qu’au bout du compte, nous sommes tous des humains et que notre destin est intimement lié. Que nous le voulons ou pas. On est littéralement dans le même bateau. Le nombrilisme ne sert à rien, ces comportements nous mènent simplement plus près d’une dislocation sociale qui finalement pénalisera tout le monde sans exception.  

Pouvons-nous simplement essayer de trouver des consensus? Nous sommes actuellement dans l’une des plus importantes crises sociale, sanitaire et politique de notre histoire. Il n’est vraiment pas le temps de nous diviser. Nous sommes Québécoises et Québécois, un peuple fort qui malgré les époques a su rester debout à plusieurs reprises. Affronter l’adversité ensemble est inscrit dans notre ADN social. Allons-nous laisser cette crise briser nos autres réussites? Allons-nous laisser des leaders négatifs qui basent leur intervention « anti-toute » pour recevoir des dons de leurs adeptes nous diviser?  

Dès maintenant, il faut se relever les manches, regarder en avant et réparer les pots cassés. Avant la crise, plusieurs facteurs nous rassemblaient. Il faut se concentrer sur ça. Prenons le temps ce soir d’appeler un proche qui s’est éloigné pour se rappeler pourquoi on s’aime, au fond. C’est ça la vraie vie. Une personne à la fois, une famille à la fois, un peuple à la fois et nous réussirons à briser ce climat social toxique. 

Il faut cesser de se diviser (Photo: Helena Lopes/Unsplash)

Quand tout sera fini, parce que oui un jour on va se sortir de tout ça (il suffit de regarder le passé pour savoir l’avenir), nous devrons travailler ensemble pour relever les défis de demain. Ce serait probablement une bonne idée de se réconcilier immédiatement. Nous allons sauver du temps et surtout nous allons passer au travers plus facilement comme collectivité.

Finalement beaucoup plus de choses nous rassemblent que nous divisent. Il faut mettre d’avant ces évidences qui font de nous un grand peuple. Puisqu’on est 8,5 millions, bien, il faut se parler!

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