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Nouvelle de 17 h

Les candidats à la mairie de Rimouski se prononcent sur le dossier du projet FARI

Virginie Proulx et Guy Caron. (Photos: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Le journal le soir entend être à l’avant-garde en ce qui concerne la couverture de la campagne électorale municipale actuelle et propose notamment à ses lecteurs des dossiers précis qui seront soumis aux candidats à la mairie de Rimouski par le biais d’entrevues questions-réponses exclusives.

Premier dossier soumis aux candidats à la mairie : le projet FARI qui traîne de la patte en raison d’une requête en injonction déposée par des citoyens qui s’opposent à la construction d’une résidence pour aînés de six étages sur la rue des Flandres, dans Saint-Pie-X.

-Le projet de l’entreprise Groupe FARI dans Saint-Pie-X est maintenant devant les tribunaux et semble dans l’impasse, compte tenu d’une certaine opposition. Que feriez-vous pour le faire débloquer?

Virginie Proulx : « Premièrement, il est important de préciser que puisque ce dossier est maintenant devant les tribunaux, et que je suis toujours une élue municipale, il est préférable que je ne commente pas le dossier. Nous ne pouvons que souhaiter que ce dossier se règle le plus rapidement possible. »

Guy Caron : «La situation est dans un cul-de-sac : le Groupe FARI projette un édifice de six étages. Un groupe de citoyens affirme que six étages sont inadmissibles et que si le projet devait aller de l’avant, il devrait n’y avoir que deux étages au maximum. Avec deux étages, l’investissement n’est plus rentable et cette demande équivaut donc à la mort du projet. »

« La Ville a invoqué l’article 123.1 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, qui stipule qu’un référendum peut être évité si un projet est relatif « à de l’habitation destinée à des personnes ayant besoin d’aide, de protection, de soins ou d’hébergement », et que le projet du Groupe FARI se qualifie selon cette définition. Des citoyens s’opposent à cette interprétation et c’est ce que les tribunaux devront trancher. Cette décision fera jurisprudence et il faut laisser la cause aller jusqu’au bout. Si la décision de la Ville est invalidée, cette dernière n’aura d’autre choix que de procéder à un référendum, si le nombre nécessaire de signatures est atteint. »

-Des citoyens critiquent sévèrement le fait que l’acceptabilité sociale est difficile à obtenir à Rimouski. Tous les projets semblent retardés par des « empêcheurs à tourner en rond » et des « pas dans ma cour ». Quelle approche favoriseriez-vous?

V.P. : « Pour améliorer l’acceptabilité sociale des projets, il faut revoir l’approche envers les citoyen.ne.s et les consulter plus tôt dans les processus menant à l’élaboration de futurs projets, particulièrement lorsque ces projets nécessitent des changements de zonage. D’autre part, il faut planifier les besoins en logement et les inclure dans un plan d’urbanisme amélioré, qui anticipe les besoins à court, moyen et long terme. Lors de la création de nouveaux quartiers, on doit mieux planifier l’implantation des écoles, garderies, types de logements, parcs, commerces de proximité, transport actif et transport collectif, etc., de façon à créer des milieux de vie agréables et équilibrés. »

« Plusieurs experts-conseil de partout au Québec, incluant des firmes d’avocats engagées par les promoteurs pour faciliter la réalisation de leurs projets, le disent: consulter les citoyens en amont des projets qui vont avoir un impact sur leur milieu de vie permet à la fois de bonifier les projets en améliorant certains aspects parfois sous-estimés par la Ville ou le promoteur, d’atténuer les potentiels impacts négatifs du projet sur le voisinage et ainsi d’améliorer l’acceptabilité sociale. On doit modifier nos façons de faire pour éviter de créer de la division au sein de la population. »

G.C. : « Le « pas dans ma cour » est l’expression d’une réaction tout à fait normale et humaine : on préfère généralement le statu quo au changement, le connu à l’inconnu. Acceptons son existence et incluons cette réaction dans les processus qui mèneront à la réalisation éventuelle du projet, si celui-ci est désirable pour la communauté tout entière. »

« Il y a généralement des critiques légitimes et prévisibles à tout projet d’importance : la vitesse et volume du trafic ainsi que le bruit sont souvent en cause. Ce sont ces critiques légitimes que la Ville doit identifier et y répondre par des mesures de mitigation. Rare sont les projets qui obtiennent l’unanimité et il est important d’aller de l’avant lorsque la Ville aura répondu aux critiques légitimes. »

« Il sera aussi important de procéder à la révision du Plan d’urbanisme et à la réforme de la Réglementation de zonage, comme je m’y suis engagé la semaine dernière, pour réduire le nombre de demandes de dérogations et d’exceptions qui pavent la voie aux référendums. »

-Considérant la crise actuelle de logements, à vos yeux, est-ce que la Ville de Rimouski risque gros en perdant éventuellement un investissement de 20 M$ et quelque 170 chambres et logements?

V.P. : « Actuellement, tout projet visant à créer des logements est un plus pour la Ville. Il est certain que l’abandon d’un projet d’une telle envergure qui répondrait à des besoins importants en termes de nombre et de type de logement pour Rimouski serait une perte. Nous vivons actuellement une crise du logement sans précédent et tout projet permettant d’améliorer l’accès au logement devrait être étudié, encouragé et réalisé dans les plus brefs délais. Il faut toutefois le faire intelligemment, en collaboration avec le milieu. »

« Depuis quelques mois, on sent un engouement des promoteurs pour développer de nouveaux projets immobiliers et on se doit, comme ville, de leur offrir notre accompagnement et notre soutien pour que ces projets puissent aller de l’avant dès que possible et qu’ils s’inscrivent dans la vision de Rimouski, pour travailler à résorber cette crise du logement. Pour y arriver, je souhaite mettre sur pied une Commission sur le logement, composée d’un élu, d’organisations et de personnes spécialisées en logement sur le territoire, de citoyens et d’employés de la ville. Cette Commission aiderait à faire avancer plus rapidement les projets, s’assurer d’une acceptabilité sociale et coordonner le tout avec la vision de la Ville. »

« Je pense qu’en termes de logement, il est important d’innover dans nos façons de faire pour être plus efficace, travailler davantage en collaboration avec le milieu et mieux planifier nos besoins dans le temps. »

G. C. : « Bien évidemment. Dans tout projet d’importance, comme celui de Groupe FARI, Rimouski se doit d’être diligente devant les craintes légitimes des citoyens et mettre en œuvre des mesures de mitigation avant de montrer de la fermeté pour mener un tel projet à sa conclusion avec cohérence et en évitant les décisions arbitraires. Dans le cas contraire, il sera difficile d’attirer les investissements extérieurs nécessaires pour aider Rimouski à croître de manière harmonieuse. »

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