Encore du travail à faire sur le plan de l’alphabétisation
La Fondation pour l’alphabétisation dévoile les résultats de l’étude « La littératie au Québec : un regard local sur les enjeux » réalisée par l’économiste Pierre Langlois, qui offre un portrait inédit de l’alphabétisation dans toutes les régions du Québec, dont le Bas-Saint-Laurent, et, surtout, une série de pistes d’actions adaptées pour améliorer la situation partout sur le territoire.
L’étude confirme qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, particulièrement dans les MRC du Témiscouata et de la Matapédia qui obtiennent le niveau rouge, c’est-à-dire que plus de 60% de la population n’atteint pas le niveau 3, soit le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes.
Plus difficile loin des universités
« L’étude démontre que plus au s’éloigne des universités, plus il y a des difficultés de littératie et cela risque de devenir de plus en plus problématique alors que la technologie oblige de savoir lire et comprendre ce qu’on lit dans de nombreux métiers qui auparavant ne demandait pas d’instruction. Beaucoup de gens ne sont pas en mesure de compléter des formulaires gouvernementaux ou simplement pour comprendre son compte de taxes municipales », indique le président de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau, en entrevue avec le Journal le soir.
Les conclusions de l’étude s’appliquent au Bas-Saint-Laurent où c’est la MRC Rimouski-Neigette qui présente les meilleurs résultats avec le niveau vert avec 54 % de la population n’atteignant le seuil 3. Entre les deux, il y a le Kamouraska et Rivière-du-Loup en jaune (entre 54 et 58%) et La Matanie, la Mitis et Les Basques (entre 58 et 60%).
« Cette étude nous offre un regard plus local que jamais sur la littératie au Québec, identifie plus précisément les enjeux en cause et aidera ainsi, je l’espère, nos décideurs locaux et nationaux à développer des solutions plus adaptées à la situation de chaque région. La littératie est un enjeu qui nous concerne tous et nous nous devons de nous pencher sur des pistes de réflexion afin d’améliorer le niveau de vie de l’ensemble des Québécois », commente M. Huberdeau.
Des pistes de solutions
Devant ces résultats, l’économiste Pierre Langlois avance sept pistes de réflexion pour améliorer les compétences en littératie à travers le Québec.
1. Identifier les grands employeurs dans les MRC présentant des résultats plus faibles et ouvrir une discussion sur la littératie.
2. Définir des mesures de soutien en littératie dans le milieu agricole, de la foresterie et de la transformation.
3. Établir un contrat social entre le milieu manufacturier et les écoles professionnelles afin d’assurer une diplomation complète.
4. Adopter une approche hyperlocale et communautaire en littératie pour les grandes villes.
5. Soutenir l’apprentissage de la littératie chez les aînés, particulièrement en région.
6. Comprendre les limites de la couverture régionale des cégeps et des autres actifs de diffusion culturelle.
7. Comprendre les enjeux de littératie et de décrochage scolaire dans les communautés autochtones.
Les entrepreneurs interpellés
La situation interpelle les entrepreneurs qui ont de plus en plus besoin que leurs employés sachent lire. « Les conclusions de l’étude confirment une fois de plus l’importance de s’attaquer au faible taux de littératie au Québec. Au-delà du travail fondamental exercé par le milieu de l’éducation, les employeurs peuvent et veulent jouer un rôle complémentaire en formation, notamment dans les régions les plus touchées. Il s’agit d’une responsabilité collective et nous devons nous mobiliser pour mettre en oeuvre les pistes de solution proposées », lance le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn.