La traverse Rimouski-Forestville n’intéresse pas Québec
Le gouvernement du Québec n’a pas l’intention d’acquérir ou de soutenir financièrement la traverse Rimouski-Forestville ponctuellement.
C’est ce qui ressort d’une lettre du ministre des Transports François Bonnardel reçue par le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, ce midi, dont le journal le soir a obtenu copie.
Le propriétaire du traversier CNM Évolution, Hilaire Journeault, a interrompu les activités du service de traversier Rimouski-Forestville l’été dernier, après quelque 25 ans d’opération. Il allègue que la compétition entre les services de traverse de propriété privée et ceux de la Société des traversiers du Québec est injuste. Monsieur Journeault dit n’avoir reçu qu’une très faible aide de Québec pour la mise à niveau du navire, mais souhaite un financement récurrent.
Ni d’élargir ni d’absorber
« Il n’est pas dans les intentions du gouvernement du Québec d’élargir le réseau actuel de la STQ ni d’absorber ou de financer l’opération des traverses privées. Malgré tout, le gouvernement agit pour améliorer la qualité, la sécurité et la pérennité des services de traversiers du Québec non intégrées au réseau de la STQ. À cet effet, le Programme d’investissement en infrastructures maritimes, annoncé le 25 octobre dernier par ma collègue déléguée ministre aux Transports, contient d’importantes sommes et pourra répondre aux besoins. Le CNM Évolution, opéré à Rimouski, est ainsi admissible à des aides financières pour pérenniser ses infrastructures », écrit le ministre des Transports, François Bonnardel, dans une lettre en copie conforme au leader parlementaire de la CAQ, Simon Jolin-Barrette.
On peut prendre connaissance de celle-ci, ci-dessous.
Cette lettre faisait suite à une question de monsieur LeBel, qui demandait, le 20 octobre : « Le gouvernement s’engage-t-il à ce que la STQ soit plus transparente sur les conclusions (NDLR : d’une étude de la STQ) sur l’avenir de nos traversiers et réitérer clairement ses intentions de relancer le service de navigation fluviale entre Rimouski et Forestville? » Le préambule et la question peuvent être consultés dans le document ci-dessous.
Caviardées
Monsieur LeBel faisait référence au rapport de la STQ sur les besoins comparatifs entre les services privés, comme celui de Rimouski, et les services publics, comme celui de Matane.
La réponse du ministre Bonnardel contient aussi l’extrait suivant : « L’étude a notamment démontré que les traverses de Rivière-du-Loup/Saint-Siméon et de Matane/Baie-Comeau/Godbout, opérées par la STQ, sont les traverses majoritairement privilégiées par la population et offrent des solutions de déplacements optimales en termes de kilométrage. Elles répondent à l’enjeu principal des déplacements interrégionaux des populations, qui cadre dans la mission de la STQ. »
Il mentionne que l’étude contient énormément de données fournies par des tiers, incluant des entreprises privées, pour justifier le fait que plusieurs informations et recommandations du rapport ont été caviardées. Ce que monsieur LeBel déplorait dans le préambule de sa question.
Réaction mitigée
Interrogé en début d’après-midi aujourd’hui, monsieur LeBel a une réaction mitigée. Il déplore que Québec ne semble pas intéressé à investir dans la relance de la traverse-Rimouski-Forestville, mais il croit que le gouvernement est conscient de son importance.
« Pour le gouvernement, l’hypothèse que la traverse Rimouski-Forestville soit rattachée à la STQ est écartée complètement. Cependant, il reconnaît l’importance de la traverse de Rimouski comme privé, mais qu’il n’y aura jamais d’argent consacré aux opérations. Sauf qu’il y a un programme qui existe pour éventuellement réparer le bateau, s’assurer de sa sécurité. Pour moi, ce qui est clair, c’est que ça fait taire les rumeurs selon lesquelles le traversier de Rimouski pourrait être intégré à la STQ. Le ministre a été très clair. Autre chose : il reconnaît l’importance de ce service pour l’économie. »
Pour l’avenir
« Ce qui est un peu particulier, c’est qu’on nous dit qu’on nous reconnaît, mais que Rivière-du-Loup et Matane passent en priorité. Mais s‘il n’y avait pas eu le service de Rimouski dans les dernières années, quand il y a eu des problèmes à Matane, la situation aurait été encore plus critique. Je pense que Québec n’a pas intérêt à ce que le service Rimouski-Forestville arrête. On veut que le service continu; on nous dit qu’il y a des programmes accessibles. Il s’agit maintenant de savoir quelle sorte de service on veut. Ça reste maintenant dans les mains du privé. Est-ce que ce sera le CNM Évolution? Est-ce que ce sera quelqu’un d’autre? », s’interroge enfin monsieur LeBel.
Engagement
Le maire de Rimouski, Guy Caron, n’a pu être joint à temps pour commenter la situation. Lors de la campagne électorale municipale, il avait pris l’engagement suivant : « Le service de traverse Rimouski-Forestville a été interrompu cet été et il est essentiel de le rétablir. Je travaillerai à mériter la reconnaissance de la traverse Rimouski-Forestville par la Société des traversiers du Québec afin d’obtenir une aide financière directe de la part de Québec. »