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Économie

Le 2 x 4 ne rapporte qu’aux industriels

(photo : Olga Kononenko, Unsplash)

Le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec (SPFSQ), le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud (SPBCS) et le Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec (SPFRQ) déplorent les récentes décisions de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) et unissent leur voix pour revendiquer la modernisation du modèle de mise en marché du bois rond vendu aux scieries.

Ils sont soutenus dans leurs efforts par la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) ainsi que par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et ses fédérations régionales qui partagent l’indignation et le sentiment d’injustice d’une grande majorité des producteurs de ces régions devant une répartition inéquitable de la richesse générée par leurs boisés.

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Corde de bois. (Photo Unsplash)

À peine 1$ pour une bille de huit pieds

Rappelons qu’en mai dernier, alors que le cours du bois d’oeuvre battait des records, les producteurs du Sud du Québec recevaient à peine plus d’un dollar pour une bille de bois de 8 pieds vendue aux scieries, alors que ces dernières pouvaient vendre aux consommateurs un 2×4 issu de cette même bille à plus de 8 $. « Les prix obtenus par les producteurs accusent toujours un retard inacceptable par rapport aux prix ayant cours avant la crise forestière », a tenu à rappeler Pierre-Maurice Gagnon, président de la FPFQ.

Depuis quelques années, les producteurs forestiers de ces régions ont exprimé par voix démocratique le souhait que leurs organisations négocient collectivement les conditions de mise en marché du bois de sciage des producteurs forestiers, et ce, au même titre que les producteurs de six autres régions du Québec. L’objectif poursuivi est d’accroître la transparence sur le marché du bois de sciage, d’améliorer les conditions des producteurs forestiers, d’accélérer la transmission verticale de la prospérité au travers de la chaîne de valeur et de favoriser une mise en marché efficace, ordonnée, mais surtout équitable et viable pour tous les propriétaires forestiers de ces territoires.

La Régie a tranché

Au cours de la dernière année, la RMAAQ a refusé catégoriquement aux producteurs forestiers du Sud du Québec ainsi qu’aux producteurs de bois de la Côte-du-Sud le droit de négocier collectivement les conditions de mise en marché du bois de sciage.

Ce refus injuste prive les producteurs forestiers de ces régions d’un moyen efficace, démocratique et légitime pour équilibrer le rapport de force permettant de négocier équitablement face à une industrie forestière toujours plus puissante, concentrée et omnipotente.

« Les hausses de prix records du bois d’oeuvre en 2020 et 2021 illustrent de façon indiscutable l’iniquité flagrante générée par le modèle de mise en marché qui a cours actuellement dans plusieurs régions du Québec. Or, ces décisions récentes constituent une amère déception et causent un niveau de frustration sans précédent chez les producteurs forestiers. Elles briment la volonté des producteurs et ternissent l’importance accordée à leurs efforts pour fournir un approvisionnement crucial à l’industrie forestière », ont déclaré André Roy et Noël Dionne, respectivement présidents du SPFSQ et du SPBCS.

Opposition à la mise en marché collective

Quant aux propriétaires forestiers de la région de Québec, ceux-ci font actuellement face à un barrage sans relâche à la RMAAQ de la part de groupes d’intérêts résolument opposés à la mise en marché collective. Selon M. Gaétan Boudreault, président du SPFRQ, « les efforts concertés de scieurs, de grands propriétaires forestiers et d’intermédiaires pour contester ces projets collectifs occasionnent des délais et des frais considérables pour les producteurs, tout en les empêchant de profiter de l’effervescence qui a cours sur les marchés du bois d’oeuvre ».

Pourtant, 76 % des délégués des producteurs forestiers du Sud du Québec, 71 % des délégués des producteurs de bois de la Côte-du-Sud et 96 % des délégués des propriétaires forestiers de la région de Québec ont voté en faveur de ce changement de modèle de mise en marché afin que leurs syndicats respectifs négocient collectivement au nom de tous les producteurs, comme le permet depuis 65 ans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche.

« La RMAAQ se range derrière les arguments des opposants qui s’enrichissent avec le statu quo et qui font fi de la volonté collective des producteurs. Nous sommes toutefois déterminés à ce que cette iniquité soit corrigée. Il est impératif de permettre aux producteurs forestiers l’accès qu’ils réclament à une part juste et équitable de la prospérité de l’industrie du bois d’oeuvre. Ces derniers méritent une juste rétribution des efforts consentis pendant plusieurs décennies pour produire ce bois. C’est une question de justice sociale, rien de moins », a déclaré Martin Caron, président de l’UPA.

« Ce refus constitue un malheureux détour, mais nous entendons relancer une consultation auprès des producteurs afin de définir un projet de mise en marché collectif qui leur sied », a déclaré le président du SPFSQ, André Roy. « Et nous nous attendons cette fois-ci à un résultat différent, à la mesure des attentes exprimées légitimement et démocratiquement par les producteurs », a lancé Noël Dionne, du SPBCS.

134 000 producteurs forestiers au Québec

Rappelons qu’on retrouve 134 000 propriétaires forestiers au Québec, fournissant, à tour de rôle en fonction de l’état de leur boisé, environ 20 % des approvisionnements en bois rond des scieries, des papetières et des usines de panneaux du Québec. Les activités sylvicoles effectuées en forêt privée et la transformation du bois qui y est récolté génèrent des revenus annuels de 4,3 milliards de dollars et près de 25 000 emplois.

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