Tourner la page, 32 ans après un geste irréparable

L’auteur Gaston Bourdages, de Saint-Mathieu-de-Rioux, vient de vivre un autre moment fort émouvant de sa rédemption, 32 ans après avoir été reconnu coupable de l’homicide involontaire de sa conjointe.

Monsieur Bourdages a participé samedi dernier à une entrevue réalisée dans le cadre de la série « Face aux monstres » qui traite de la violence conjugale. Gaston Bourdages a lancé un livre portant sur la violence et le milieu carcéral l’été dernier. Dans « Dignité… piétinée », le tome un d’une série de trois, monsieur Bourdages aborde ces questions sensibles en compagnie d’une femme qui a été elle-même victime de violence conjugale, Sylvie Croteau.

Puisqu’il est toujours disponible pour discuter de ces questions afin de sensibiliser la population, monsieur Bourdages a été invité récemment à participer à une entrevue avec la comédienne et animatrice Ingrid Falaise, qui est le pivot de la série. Il a hésité avant de dire oui, car il appréhendait cette rencontre, étant dans le rôle du « méchant » dans une série qui dénonce les abuseurs.

Monsieur Bourdages a participé samedi dernier à une entrevue réalisée dans le cadre de la série « Face aux montres » qui traite de la violence conjugale.

L’odieux

« J’hésite. Je crains que ça bouleverse des émotions. Ce serait la première fois que j’apparaitrais dans une série télé qui se veut d’intérêt public. On serait ensemble devant les caméras et le fait que madame Falaise ait été elle-même victime de violence conjugale fait en sorte que je m’interroge sur l’attitude qu’elle aurait avec moi. Pour elle, je peux représenter l’odieux et je comprendrais ça », expliquait monsieur Bourdages, en septembre. 

« Oui, un rendez-vous que j’appréhendais. Samedi dernier, j’étais invité par la firme de production Pixcom à figurer dans le tournage du segment 3, dernier de la docu-série appelée «Face aux monstres 3» ou encore «Femme, je te tue», interviewé par Ingrid Falaise, elle même victime vivante de violence physique et psychologique », note aujourd’hui monsieur Bourdages.

« Ma victime »

L’appréhension ne se concrétisera finalement pas.

« Madame Falaise, je vous avoue que j’appréhendais notre rencontre…en vous rencontrant, je rencontrais aussi « ma » victime Lorraine, mais encore « vivante ». J’ai aussi, en vain, tenté de me mettre dans votre peau…en face d’un gars avec une histoire comme la mienne…», ai-je commencé par lui dire. Que d’éloquents silences j’ai « entendus » au cours de ce tournage…que de regards droits dans les yeux échangés, regards s’adressant à nos dignités conjointes », raconte-t-il.

Le pardon

« J’ai été respectueusement  questionné sur les (j’ose utiliser le mot) « ingrédients» composant mes réponses au « pourquoi j’avais tué? » Comme lâcheté, misogynie, rejet, narcissisme, mensonge, irresponsabilité et, je le soupçonne, d’autres éléments sauf qu’ici ma mémoire a aussi la couleur de mes cheveux gris. C’est-à-dire 78 ans. Sur de très belles et constructives « choses » nous avons aussi échangé : le pardon, la justice réparatrice, le mariage, la réhabilitation », relate encore cet auteur vraiment pas comme les autres.

« À un moment de notre fort émouvant rendez-vous, je lui ai confié : « Madame Falaise, je vous remercie de m’avoir invité. Vous me permettez de tourner définitivement la page de 32 ans de ma vie… »et c’est le cas! De 1989 et tout ce qui se rapporte à l’avant, le pendant et l’après mort de Lorraine Massicotte, les 32 pages composant le tout, sont tournées », avoue Gaston Bourdages.

Réparer

Ce dernier commente enfin : « Il me reste à écrire ma partie des tomes 2 et 3 de « Dignité ». Et si ce dernier rendez-vous faisait encore partie et/ou était une dernière suite à cette prière formulée dans le froid béton des planchers, murs et plafonds, dans le sourd bruit des portes d’acier et à la vue des barbelés lacérés entourant les enceintes carcérales de prison et de pénitenciers ? Prière, vous dites? Oui, Mon Dieu, aidez moi à réparer ce qui traîne dans ma vie. »

La série est diffusée sur tou.tv.

Ci-dessous, la vidéo promotionnelle de la série: