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Ça sent la fin pour les grands congrès

Le tourisme d’agrément en hausse, mais le tourisme d’affaires en baisse
La salle de bal du Centre des congrès de Rimouski remplie de convives pour un événement majeur, en 2008. (Photo: Pierre Michaud, archives)

La crise sanitaire de la COVID-19 est en train de provoquer des changements importants et probablement durables dans la société qui auront bien des impacts sur bien des secteurs économiques comme le tourisme.

L’Hôtel Gouverneurs de Rimouski est fermé temporairement selon le site Internet de l’entreprise, qui permet également d’apprendre que trois des six établissements de la chaîne sont dans la même situation que celui de Rimouski. Une fermeture qui dure depuis deux ans.

Le parc hôtelier rimouskois se trouve ainsi démuni de 163 chambres et selon différentes sources, la fermeture du « Gouverneurs » est davantage permanente que temporaire. Il y a un peu plus d’un an, en décembre 2020, une source syndicale nous informait que les employés avaient rencontré la direction à sa demande. Des syndiqués auraient remis leurs uniformes et signé des ententes de séparation. D’autres employés ont été relocalisés.

Cette situation entraîne un questionnement important pour l’économie locale : Rimouski sera-t-elle en mesure de bien tirer son épingle du jeu dans le secteur des congrès lorsque la vie aura plus ou moins repris son cours normal? Autre questionnement : les propriétaires des autres établissements hôteliers pourraient être tentés d’acquérir l’Hôtel Gouverneurs. De plus, le projet de Riôtel pour Rimouski est toujours vivant, mais sur la glace.

« Le site de l’Hôtel des Gouverneurs est un site exceptionnel. Compte tenu des besoins actuels grandissants en termes d’hébergement touristique à Rimouski, notre souhait est qu’une entreprise de la région s’en porte acquéreur et réinvestisse en vue de bonifier l’offre d’hébergement sur notre territoire », estime le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque.

Pour de bon

Le président et directeur général de la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER), Martin Beaulieu, remarque que les choses semblent avoir changé pour de bon. Les congrès à plus de 500 participants, comme celui de l’Association des chefs pompiers du Québec, ne seraient plus monnaie courante. Ce qui aurait des retombées sur toute la chaîne des fournisseurs de services. Cet organisme a tenu son congrès à Rimouski à plusieurs reprises, entre autres en 2012 et 2018. Il faut davantage penser à des événements réunissant 250 ou 300 personnes.

S’il y a moins de congrès, il y aura probablement plus de tourisme de divertissement. Ce qu’on perdra en congrès, on le récupèrera en touristes. On peut penser que tous les projets de rénovation ou de construction neuve, comme celui de Riôtel pour Rimouski, seront influencés par cette nouvelle réalité dont les caractéristiques ne sont pas encore toutes connues.

« Ce n’est pas dramatique si la taille des congrès diminue. Ce qui compte, c’est l’expérience client. Au lieu de faire un congrès à 750 personnes, on en fera trois à 250 personnes. Rimouski s’est toujours distinguée et démarquée sur la qualité de ses services. Il n’y aura qu’à continuer de le faire », commente monsieur Beaulieu.

Changements importants

« L’automne dernier, nous avons organisé un événement-test. Même si on avait le droit de se rendre à 250 personnes, on a toujours atteint le sommet à mi-capacité. Nos événements, comme ceux de la Chambre de commerce et de l’Association des concessionnaires automobiles, n’ont pas réussi à aller chercher les capacités historiques, même si on avait le droit. À un récent congrès d’exception, au lieu d’avoir environ 250 participants, il y en a eu 120. On dirait que ce n’est pas tout le monde qui a envie de participer à des congrès. Le marché n’est pas revenu comme il était », estime Martin Beaulieu.

Martin Beaulieu (Photo: courtoisie)

Modèles à changer

« Il y a des gens qui sont toujours en télétravail et, donc, ne fréquentent pas le centre-ville. Certaines entreprises et organisations gouvernementales n’ont pas encore autorisé les déplacements. On est aussi en pénurie de main-d’œuvre, alors l’employé qui est en congrès n’est pas en train de travailler. Le marché des congrès, on ne sait pas où il s’en va, mais il n’ira pas où il était avant. On ne peut pas penser à un congrès à 1 000 personnes qu’on a déjà eu. Les gens n’adhèrent pas à ça. Il y a des modèles qu’on doit réinventer et repositionner. Beaucoup d’organisations ont dû se séparer de personnel qu’elles en pouvaient plus payer. Il y a des organismes qui avaient des ressources à temps plein pour gérer de l’événementiel et qui n’en font plus depuis deux ans. Le marché n’est vraiment plus où il était », explique encore monsieur Beaulieu.

« On pense que les premiers événements qui auront lieu seront de plus petits événements, ça, on en est convaincu. C’est un segment du marché : il y a l’événementiel-congrès (salons, expositions, congrès), l’hôtellerie d’affaires (représentants, techniciens en déplacement, travailleurs de la construction, rencontres d’affaires) et il y a le tourisme d’agrément. Les décisions d’affaires ne se prennent pas à partir d’un seul de ces aspects. Les congrès et événements sont une bonification du revenu des hôtels, qui viennent souvent au printemps ou en automne, en basse saison », illustre monsieur Beaulieu.

Jamais aussi plein

« En tourisme d’agrément, on n’a jamais été aussi plein dans nos établissements. On cherche de nouveaux lieux d’hébergement. À la SOPER, nous sommes toujours en train d’accompagner des promoteurs qui veulent construire ou s’agrandir. Nous sommes confiants de la qualité de notre produit et de notre attractivité. Nous avons des attraits touristiques que les gens aiment voir et revoir. Le marché du tourisme d’agrément est fluide et dynamique. On ne sait pas quelles sont les intentions de la chaîne Gouverneurs, mais ce qu’on sait, c’est que les chambres de l’Hôtel Gouverneurs de Rimouski, on en a besoin. Ça, c’est clair. Ces chambres répondaient à un besoin, c’est certain », conclut Martin Beaulieu.

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