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Nouvelle de 19 h

Trois causes expliquent le décès d’un opérateur du Groupe Lebel

Le mouvement de la courroie du convoyeur a projeté M. Morin vers la chute à rebuts, située à la tête du convoyeur. Il a chuté de 4,27 mètres, jusqu’au rez-de-chaussée de l’usine. (Photo CNESST)

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) identifie trois causes pour expliquer l’accident du travail ayant coûté la vie à Réal Morin, opérateur pour l’entreprise Groupe Lebel inc., le 25 mars 2021, à Saint-Joseph-de-Kamouraska.

La CNESST a dévoilé son rapport ce jeudi matin par vidéoconférence. L’inspecteur Simon-Pierre D’Amours a d’abord rappelé qu’au moment de l’accident, M. Morin s’affairait au déblocage du convoyeur à petite courroie, situé en aval du démêleur de la ligne de classement de l’entreprise spécialisée en transformation du bois.

Métal du Golfe_VF

Pour permettre la manœuvre, un collègue a préalablement arrêté le démêleur et les convoyeurs. « M. Morin est monté sur le convoyeur et a marché en direction de la queue de celui-ci. Il a retiré avec ses mains une des pièces de bois enchevêtrées avant de redescendre du convoyeur. Les machines ont alors été redémarrées, mais l’accumulation de pièces de bois s’est poursuivie. De nouveau, le démêleur et les convoyeurs ont été arrêtés, et M. Morin est remonté sur le convoyeur. Debout sur la courroie du convoyeur, il a fait un pas en avant. Au même moment, le convoyeur a été remis en marche. Le mouvement de la courroie du convoyeur a projeté M. Morin vers la chute à rebuts, située à la tête du convoyeur. Il a chuté de 4,27 mètres, jusqu’au rez-de-chaussée de l’usine. Les secours ont été appelés sur les lieux, et M. Morin a été transporté à un centre hospitalier, où son décès est survenu quelques jours plus tard », raconte-t-il.

Causes de l’accident

L’enquête a permis à la CNESST de retenir trois causes pour expliquer l’accident : le travailleur a été projeté dans la chute à rebuts au moment du redémarrage du convoyeur à petite courroie et est tombé d’une hauteur de 4,27 m, la méthode de déblocage du convoyeur à petite courroie a exposé le travailleur à un danger d’entraînement et le travailleur a été exposé à une chute de 4,27 m lors des déblocages du convoyeur à petite courroie.

Un montage vidéo réalisé par la CNESST explique l’accident.

Solutions

Pour prévenir les accidents lors de l’entretien, de la réparation ou du déblocage dans la zone dangereuse d’une machine, des solutions existent. Il faut appliquer une méthode de contrôle des énergies avant d’entreprendre tout travail dans la zone dangereuse d’une machine, conformément à la section 188 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail.

« Il faut former et informer les travailleurs ayant accès à la zone dangereuse d’une machine sur les risques liés aux tâches à effectuer et sur les mesures de prévention à appliquer. À la suite de l’accident, nous avons notamment interdit toute utilisation des machines de la ligne de classement, en plus d’exiger la mise en place de mesures pour contrôler l’accès aux zones dangereuses des machines et pour sécuriser l’ouverture de la chute à rebuts. Nous avons également exigé de l’employeur qu’il élabore une méthode de contrôle des énergies, comme un programme de cadenassage. L’employeur s’est conformé à ces exigences », indique M. D’Amours.

Il est impossible de savoir si les employés impliqués dans cet accident étaient expérimentés ou novices pour des raisons de confidentialité. La CNESST signale qu’entre 2016 et 2020 au Québec, il y a eu sept décès et 1 452 accidents ayant causé des lésions liées à l’utilisation d’un convoyeur.

Comment éviter un tel accident

Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs et travailleuses. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent pour leur part faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

« Tous les accidents peuvent être évités. Notre objectif est d’identifier les causes et de sensibiliser les employeurs pour éviter que ça se reproduise », indique le directeur du Service de la prévention-inspection Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et Bas-Saint-Laurent, Sébastien Tanchoux.

Suivis de l’enquête

La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’association Prévibois, aux associations sectorielles paritaires ainsi qu’aux gestionnaires de mutuelles de prévention afin que leurs membres en soient informés.

Le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant le programme d’études Opérateur de machines à scier dans les scieries, pour sensibiliser les futurs travailleurs.

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