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Logement : un entrepreneur identifie plusieurs obstacles

Dont le coût de construction à 200 000 $ du logement
Il est plus difficile pour un entrepreneur d’investir pour du logement aujourd’hui, qu’en 2012, époque où cette photo a été prise dans le district Saint-Pie-X, alors que la construction était en effervescence, à Rimouski. (Photo: Pierre Michaud-archives)

Un entrepreneur intéressé à réaliser des édifices à logements identifie les problèmes qui ralentissent la construction, à Rimouski, et demande aux autorités municipales et provinciales d’en faire davantage.

Le Journal Le Soir poursuit sa série de reportages sur la crise du logement par une entrevue avec Jeannot Dubé, que le public est en mesure d’apercevoir régulièrement aux assemblées du conseil municipal, lorsqu’elles sont en présence. Monsieur Dubé se veut à son affaire en suivant assidument les assemblées du conseil municipal.

Rappelons que le Journal Le Soir donnait la parole au coordonnateur du Comité logement Rimouski-Neigette, Guy Labonté, lundi. Le maire, Guy Caron, y allait aussi de ses réflexions dans un autre reportage, mardi.

Jeannot Dubé prévoit construire une vingtaine de logements dans le cadre de deux projets, d’ici la fin de l’année, notamment dans Sacré-Cœur, derrière l’ancienne station de radio CFLP. Il serait prêt à en faire davantage s’il était possible de contourner certains problèmes. Il souhaite sensibiliser le nouveau conseil municipal à ceux-ci et remarque également que c’est le bon moment de faire pression sur Québec pour obtenir un encadrement mieux adapté, alors que des élections auront lieu le 3 octobre.

Terrains insuffisants

« Il n’y a pas une, mais bien plusieurs difficultés à affronter. Il n’y a pas assez de terrains disponibles à la construction. La mise de fonds à faire est toujours très importante et il faut se débattre à travers les formalités administratives, comme les projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) qu’il faut présenter à la Ville. Personnellement, je connais les dédales de l’administration municipale, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a trop de formalités administratives. Ça ne finit plus. La Ville contrôle tout. Il y a aussi des contraintes administratives au niveau provincial. C’est long de réaliser un  projet, au Québec », observe monsieur Dubé.

Jeannot Dubé s’adressant aux membres du conseil. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Prix exorbitant

Ce dernier reconnaît que le coût de construction par unité de logement, avancé dans une récente publication, est passé de 100 000 $ à près de 200 000 $.

« À bien y penser, à 30 000 $ minimum le terrain par porte, on en est tout près. Si on adopte l’hypothèse du coût de construction à 200 000 $ par logement, à combien croyez-vous que je dois fixer le prix du loyer? La mise de fonds? On peut engloutir des sommes astronomiques! Il faut qu’un homme d’affaires en ait les moyens. Ça n’ouvre pas la porte aux nouveaux entrepreneurs. Tant et aussi longtemps que ça coûtera cher comme ça à construire, on n’aura pas la possibilité pour une relève de s’établir. Ce n’est vraiment pas évident », déplore Jeannot Dubé.

Concurrence indirecte

À certains égards, monsieur Dubé trouve que la Ville livre une concurrence indirecte aux entrepreneurs.

« La Ville pourrait appuyer davantage l’entreprise privée, au lieu de toujours faire des projets de logements par l’entremise de l’Office municipal d’habitation. Elle devient en compétition avec l’entreprise privée. Après, on fait des logements avec notre argent et la Ville utilise nos taxes pour nous faire de la concurrence. Même chose pour les terrains qu’elle vend. »

Cher : 1 200 $ par mois

« Je le sais, je le prévois que ça n’aidera pas nécessairement la crise du logement, les 20 unités qu’on prévoit réaliser. Parce que ce seront des logements dont le loyer s’établira à 1 100 $ à 1 200 $ par mois. Ça ne réglera pas les problèmes de toutes les familles de la ville. C’est le reflet de la situation. On veut construire. C’est bien beau d’en faire, il y a de la demande, les logements sont pleins; on n’a pas de misère à louer, mais ça devient difficile à soutenir. Même chose pour l’accès à la propriété. Ce n’est pas évident non plus dans le secteur résidentiel. Les maisons coûtent trop cher à construire », estime monsieur Dubé.

Qualité

On pourrait toujours descendre le coût de construction sous les 175 000 $ la porte, mais en sacrifiant à la qualité.

« C’est toujours une question de qualité, mais disons qu’à moins de 145 000 $ la porte, ce n’est pas évident. On peut évaluer le coût moyen à 185 000 $, incluant le terrain et les taxes. Finalement, on n’est pas si loin des 200 000 $ en calculant d’autres coûts », note également Jeannot Dubé.

Projet suspendu

Par ailleurs, monsieur Dubé met en suspens ses projets pour le 472 boulevard Saint-Germain, dont il a déjà été question dans nos pages. Il avait élaboré un projet de garderie privée pour cet édifice appartenant à Groupe Sirois. L’autre option est d’en faire un édifice à logement, mais ce ne seront ni l’un ni l’autre pour l’instant. « On n’a pas de réponse pour la garderie, mais j’ai décidé de l’acheter. Il n’y a rien de réglé, mais je veux me donner la chance d’attendre un peu pour que le projet de garderie débloque. »

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